Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

RÉCONCILIATION DES PÉCHEURS AVEC DIEU

ou

SERMON

SUR L’ÉPÎTRE DE S. PAUL

aux Rom. Ch. V. v. 9-11.


Prononcé un jour de CÈNE.

Par BÉNÉDICT PICTET

1697

Reconciliation

RegardAnim

Juin 2020

Document original numérisé par Google

Mise en page, corrections, liens avec la Bible Segond et (ou) ajouts de notes par la Bibliothèque "Regard"

(note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase afin de rendre le texte plus facile à comprendre; le texte original fut publié en 1697 en français ancien)


* * *


SERMON


Sur ces Paroles de Saint Paul, aux
 Rom. Ch. V. v. 9-11.

Étant donc maintenant justifiés en son Sang, nous serons beaucoup plutôt sauvés de la colère par lui.

Car, si lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plus étant déjà réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie.

Et non seulement cela, mais nous nous glorifions même en Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ, par lequel nous avons maintenant obtenu la réconciliation.

* * *

À plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère.

Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie.
Et non seulement cela, mais encore nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation. (V. Segond)


De tous les noms que l’Écriture Sainte donne au Seigneur Jésus, il n’y en a point qui nous représente mieux ses natures et ses augustes charges, que le grand nom d’EMMANUEL: Dieu avec nous. (Ésaïe VII. 14. Matth. I. 23.)

En effet ce nom nous découvre d’abord ce que Jésus-Christ est en lui-même et ce qu’il a fait dans l’accomplissement des temps. C’est qu’il a uni dans sa personne, la gloire, l’éclat, la majesté, la puissance d’un Dieu, avec la bassesse, l’ignominie, l’infirmité, et le néant de l’homme.

L’ouvrage de notre Rédemption (notre Rachat) demandait que ces deux natures, quoique très différentes, fussent jointes dans notre Médiateur;


Qu’il fut Dieu, pour avoir un libre accès au Père Éternel;

Qu’il fut homme, afin que nous puissions sans crainte nous approcher de lui;

Qu’il fut Dieu, pour connaître les secrets du Royaume des Cieux;

Qu’il fût homme, pour nous les annoncer;

Qu’il fut Dieu, pour apaiser la colère du Souverain Juge du monde;

Qu’il fut homme, pour être victime;

Qu’il fût Dieu, pour nous donner l’esprit qui nous régénère,

Qu’il fut homme, pour nous laisser l’exemple des vertus qu’il faut pratiquer.


Mais ne croyez pas que Jésus-Christ soit seulement notre
EMMANUEL, parce qu’il est Dieu et Homme, ou comme parle l’Écriture (1 Tim. III.), parce qu’il est Dieu manifesté en chair; Il porte particulièrement ce beau nom, parce que C’EST LUI QUI NOUS A RÉCONCILIÉS, et qui a fait notre paix AVEC Dieu.


Nos crimes (péchés) nous avaient séparés de notre Créateur, et avaient creusé un affreux abîme entre lui et nous.

Nous étions ses ennemis, et il se déclarait le nôtre; sa justice nous préparait des supplices éternels, et sa main était déjà armée de foudres (colère) pour nous accabler.

Mais son Fils bien-aimé nous a rendus propices par ses souffrances et par sa mort, et il a comblé cet abîme, qui nous séparait.


- Il s’est laissé condamner pour NOUS justifier, et pour nous faire vivre,

- il a voulu mourir; son Sang a non seulement, expié nos péchés, vaincu la mort, et le Démon, mais il a encore satisfait notre Juge, et désarmé son bras.

- Il a rétabli le commerce du Ciel et de la Terre;

- Il a rendu aux hommes la bénédiction de leur Dieu, et l’espérance du salut, en fermant les enfers;

- à ceux qui croiraient il leur a ouvert le chemin, qui les conduit au Paradis.


Il est donc vrai, que Dieu est avec nous, que la paix est rétablie dans l’Univers, et que le Créateur est réconcilié avec les Créatures. NOUS N’EN POUVONS DOUTER.

Les Anges ont déjà entonné le Cantique; (Luc II) Gloire fait à Dieu aux lieux très hauts, en terre paix, envers les hommes de bonne volonté.

La Table de la Sainte-Cène qui a été dressée ce matin, nous a donné les assurances de cette réconciliation!

Et voici un Héraut Céleste, qui vient encore nous annoncer,


- que nous sommes justifiés par le sang de Jésus,

- et que nous serons sauvés par sa vie;

- que sa mort nous a réconciliés avec Dieu,

- et que sa vie nous procurera un bonheur éternel, de sorte que nous pouvons hautement nous réjouir, et nous glorifier en Dieu par Jésus-Christ, qui a fait notre paix.

Ce Héraut, Mes Frères, c’est S. Paul le Grand Docteur des Gentils. Écoutez-le Chrétiens!


Étant, dit-il, maintenant, etc.

Ces paroles sont la suite de celles que nous vous expliquâmes il y a quelques mois, et qui nous donnèrent lieu de vous entretenir de ces trois grands sujets:


1. De l’amour infini de Dieu, qui lorsque nous étions sans force, et méchants, a exposé son cher Fils à la mort pour NOUS;

2. Du sentiment de cet amour, qui est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit,

3. et de l’espérance des chrétiens qui ne les confond point; que ce sentiment fait naître, et qu’il augmente tous les jours.


L’espérance, avait dit S. Paul, ne confond point (trompe point), parce que la dilection (l’amour) de Dieu est répandue dans nos cœurs par le Saint-Esprit, etc.

L’Apôtre pousse maintenant plus avant son discours, et fait voir que SI DIEU N’A POINT ÉPARGNE SON FILS POUR NOUS, lorsque nous méritions toute sa colère, il ne saurait rien refuser après une si grande marque d’amour!

Si nous avons été justifiés, lorsque nous lui faisions la guerre, et que nous étions ses ennemis, nous serons infailliblement sauvés, à présent que nous avons été réconciliés.


Pour mettre le discours de S. Paul dans toute sa clarté, nous considérerons ces quatre points.

Dans le premier, nous vous ferons voir ce que nous étions par nature, les ennemis de Dieu, et par conséquent des gens qui méritaient la condamnation à la mort.

Dans le second, nous vous apprendrons ce que Jésus-Christ à fait pour nous; C’est que nous avons été réconciliés par sa mort, et justifiés par son Sang.

Dans le troisième, nous découvrirons ce que nous devons attendre après de si grandes faveurs. C’est qu’étant justifiés par son sang, nous serons sauvés de la colère par lui, parce que, si, lorsque nous étions ses ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son fils, étant déjà réconciliés, nous serons beaucoup plutôt sauvés par sa vie.

Enfin dans le quatrième, nous vous inviterons à vous glorifier en Dieu par Jésus-Christ, par lequel nous avons obtenu notre réconciliation.

C’est ainsi que nous vous donnerons un abrégé de tout ce que la Religion Chrétienne a de plus consolant lorsqu’elle est vécue selon les Écritures.

Accordez, Mes Frères, toute l’attention que mérité un si beau sujet, et Dieu veuille imprimer toutes ces vérités dans nos cœurs, pour augmenter notre foi, pour soutenir notre espérance, et pour remplir nos âmes de consolation et de joie, à sa gloire, et à notre salut.


* * *


I. Point.


Saint Paul nous représente ici les hommes comme des ennemis de Dieu, après nous les avoir dépeints comme des gens sans force, et comme des impies.

Ce sont là les traits, qu’il emploie pour nous faire la plus affreuse peinture du genre humain, qu’on puisse imaginer.

Vous n’aurez pas de peine à comprendre que les hommes, avant leur conversion, étaient les ennemis de Dieu.

Vous savez qu’avant que la grâce les ait régénérés, ils sont tous ensevelis, morts, dans leurs péchés, et que le péché est le grand ennemi de Dieu, et même le seul ennemi, ce qui faisait dire à S. Chrysostôme, lorsque l’impératrice Eudoxia le faisait menacer: Je ne crains, disait-il, que le péché, parce qu’il est ennemi de Dieu et qu’il a Dieu pour ennemi.

J’avoue que tous les hommes, ne sont pas pécheurs au même niveau, cependant il est vrai, que TOUS CEUX QUI N’ONT PAS ÉTÉ CONVERTIS, FONT LA GUERRE À DIEU, de différentes manières.


- Les uns, comme les Athées, veulent l’anéantir, du moins, ils disent dans leur cœur, il n’y a point de Dieu. (Ps. XVI)

- Les autres lui veulent arracher son sceptre en osant soutenir, que Dieu ne se mêle point de ce qui se passe sur la terre, et qu’il se reste enfermé dans le Ciel, comme les Épicuriens anciens et modernes.

- Les uns se placent sur son Trône, et se regardent eux-mêmes comme des Divinités;

- Les Autres font un Dieu de leur ventre;

- Les uns sont idolâtres de leur Mammon, de leur or, et de leur argent;

- Les autres préfèrent à Dieu leurs honteux plaisirs;

- Les uns détruisent son Image, comme, les homicides;

- Les autres changent sa gloire en la ressemblance et en l’image de l’homme corruptible des oiseaux et des bêtes à quatre pieds, et des reptiles;

- Les uns parlent de lui, comme d’un tyran plein de cruauté;

- Les autres, comme d’un Dieu si indulgent qu’il pardonne tous les crimes (péchés);

- Les uns l’accusent des péchés qu’ils commettent;

- Les autres ne veulent pas lui donner la gloire du bien qui est en eux.

- Les uns le traitent d’injuste, parce qu’il ne les a pas aussi bien pourvus, qu’ils l’auraient souhaité, ou parce qu’il a fait du bien aux autres hommes; ce sont les envieux;

- Les autres le dépouillent de la vérité, le plus majestueux de ses attributs; ce sont les incrédules.

- Les uns voudraient lui ôter le droit de souveraineté, ce sont les orgueilleux et les vindicatifs.

- Les autres se moquent de ses mystères, et se raillent de ses jugements; ce sont les profanes et les libertins.

- Les uns s’abandonnent à tous les excès, auxquels leurs passions les emmènent;

- Les autres sont des monstres qui commettent des péchés qu’on n’oserait pas nommer.


Tous aiment le monde, et sont attachés aux choses de la chair, ce qui, selon le sentiment de deux grands Apôtres, est inimitié contre Dieu.

Tous ne veulent point, et ne peuvent pas même, par un excès de malice (Rom VIII. 29. 1 Jean II.15), se soumettre à la loi de Dieu;

Tous agissent contre les lumières qui leur ont été données, et contre les mouvements de leur conscience, qui leur parle de la part de Dieu.


TOUS DONC SONT ENNEMIS DE DIEU en pensées, en paroles, en actions; voilà ce que sont tous les hommes AVANT QUE LA GRÂCE AIT AGI DANS LEURS CŒURS.

Voilà ce qu’ils font de leur nature!

Vantez-nous, après cela, les dispositions que les hommes ont, et leur mérite de convenance. Ce qu’ils méritent? Mais ce sont les foudres du Ciel et les peines de l’Enfer; jugez en vous-mêmes!


Quoi! faire la guerre à un Être qui possède TOUTES les perfections,

à un Dieu qui leur a donné TOUT ce qu’ils ont,

à celui qui les fait subsister;

à leur légitimé Roi;

à leur Souverain;

à celui qui les comble de biens, et qui répand sur eux à pleines mains les grâces; qui leur apprend ce qu’ils doivent faire pour être parfaitement heureux; mais qui peut dans un moment les anéantir!


Être ennemi de celui qu’on doit aimer plus que soi-même, et qu’on ne peut suffisamment aimer; quelle ingratitude, quelle folie, quelle impiété, quelle fureur!

Certainement c’est ici le plus horrible trait du Tableau que S. Paul nous fait de l’homme corrompu.

Dire, que les hommes sont sans force, qu’ils sont méchants, qu’ils sont vendus au péché, (Rom. V. Rom. VII. Eph. II.) qu’ils ne sont que ténèbres, qu’ils sont les esclaves du Diable, c’est déjà nous en donner une affreuse idée, mais AJOUTER QU’ILS SONT LES ENNEMIS DE DIEU, c’est par un seul mot représenter tous les hommes avec les plus noires couleurs, et les rendre aussi horribles, que les Démons.


Que doivent-ils attendre dans cet état?

N’était-il pas juste qu’ils éprouvent toutes les rigueurs de la Justice Divine, dont ils se sont déclarés les ennemis par leurs actes et leurs pensées, et que toutes les créatures s’arment contre eux pour punir leur rébellion?

OUI sans doute!

Mais ô charité infinie du Père Céleste, dont nous ne saurions assez admirer la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur (Eph. III.).

Ô ineffable et INCOMPRÉHENSIBLE AMOUR DU FILS!

Ces criminels ont été justifiés par le Sang de Jésus, et ces ennemis ont été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, c’est ce que remarque S. Paul, et c’est ce qu’il faut examiner.



* * *


II. Point.


L’Apôtre dit ici 4 choses!

1. Que nous avons été justifiés, et réconciliés.

2. Que nous avons été justifiés, et réconciliés PAR LE FILS DE DIEU.

3. Que nous avons été réconciliés PAR SA MORT, et justifiés PAR SON SANG.

4. Que nous avons été RÉCONCILIÉS AVEC DIEU, lorsque nous étions ses ennemis.


Expliquons distinctement ces 4 choses.

S. Paul dit premièrement que nous avons été justifiés.

Le péché peut être considéré sous deux égards, ou comme une difformité, ou comme une violation des lois divines, et par conséquent comme une chose qui nous rend coupables devant le Tribunal de Dieu et qui nous place sous sa malédiction.

Ainsi le péché cause deux très grands maux:

- il nous expose à toute la rigueur de la Justice Divine,

- il nous prive de la félicité; nous éloigne de Dieu, et souille notre âme


À ces deux grands maux, il faut opposer les deux remèdes, que la grâce y apporte:

- notre justification,

- notre sanctification.

Par le dernier remède (la sanctification) Dieu éclaire nos esprits, change nos cœurs, triomphe de nos passions et nous défait de nos mauvaises habitudes, nous transporte des Ténèbres au Royaume de sa merveilleuse lumière, et il orne nos âmes de foi, d’espérance et des autres vertus Chrétiennes.

Par le premier (la justification), il nous pardonne nos péchés, il efface et couvre nos crimes (péchés), il nous décharge des peines que nous méritions, il nous donne le droit à la vie, car la justification contient ces actes.


C’est du premier de ces remèdes que parle S. Paul maintenant, étant justifiés, dit-il, il est donc clair, que par ces mots il veut nous apprendre:


- que nos péchés nous sont pardonnés,

- que Dieu est apaisé,

- que nous ne sommes plus exposés à sa malédiction,

- qu’il nous a adoptés

- et qu’il nous a donné le droit d’être fait ses enfants et ses héritiers.


Cette explication doit déjà nous faire comprendre, combien grande est la grâce dont nous parle S. Paul.

Quelle grâce, ô Dieu!


Avoir commis des crimes (péchés) sans nombre, et en obtenir le pardon!

Mériter des peines éternelles et en être déchargé!

Être enfant de colère, et devenir les enfants de Dieu!

Pouvoir aspirer au bonheur des Anges, à la Couronne de la justice, qui réservée aux Saints, et au Trône du Seigneur Jésus.


Peut-on concevoir cette grâce, sans être ravi en admiration?

Nous sommes justifiés, dit S. Paul.

L’Apôtre ajoute, pour expliquer encore mieux sa pensée, que nous sommes réconciliés.

En effet:


ÊTRE JUSTIFIÉ DEVANT DIEU,

C’EST ÊTRE RÉCONCILIÉ AVEC LUI.


Avant que le péché nous soit pardonné, nous étions en guerre avec Dieu; mais dès que nos péchés ont été remis il n’y a plus de guerre, et la paix est faite.

Ce ne sont pas seulement quelques trêves; c’est une PAIX SOLIDE, une PAIX ÉTERNELLE, et une RÉCONCILIATION CONSTANTE, qui durera plus que les cieux et la terre.

Quel bonheur! pour des créatures pécheresses, d’être réconciliées avec leur Juge, avec celui qui est un feu consumant, et dont les ardeurs sont éternelles!

Quel bonheur! de ne pas avoir à craindre les anathèmes de la loi, et la pesanteur de ce bras, qui accable tous ceux sur lesquels il s’appesantit; de ne pas avoir besoin de lutter avec celui qui peut réduire en poussière tout cet Univers, celui qui d’un seul regard peut consumer tous ses ouvrages, celui qui dispose de toutes choses, à qui toute la nature obéit; et qui a des supplices éternels, pour punir tous ceux qui l’offensent.

Quel bonheur! d’avoir un libre accès vers celui qui est l’auteur de tout bien, à qui tout appartient et qui a des couronnes immortelles POUR CEUX QUI LE SERVENT; de pouvoir s’approcher de lui avec une sainte confiance, de l’appeler son Père, et l'avoir pour son Protecteur, son Bouclier, et d’espérer un jour sa gloire.

Qui est-ce qui nous a procuré de si grands avantages?

Venez Chrétiens l’apprendre de S. Paul.


C’est Jésus-Christ notre Seigneur, le Fils de Dieu.

Nous avons été réconciliés, par son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur.


Jésus-Christ est l’auteur de trois grandes réconciliations.


1. C’EST LUI qui a réconcilié les Anges avec les hommes, comme nous enseigne S. Paul (Col. I. 20)

2. C’EST LUI qui a réconcilié les Juifs avec les Gentils, et qui de tous les deux en a fait un seul Peuple, comme le dit le même Apôtre (Eph. III.).

3. Enfin C’EST LUI qui a réconcilié Dieu avec les hommes, et les hommes avec Dieu.


L’Apôtre nous parle maintenant de cette dernière réconciliation qui est la première de toutes, et qui est le fondement de toutes les autres.


Il n’y avait que Jésus-Christ seul, le Fils, de Dieu, qui pût nous la faire obtenir.


Vous en conviendrez, si vous considérez que le Médiateur des hommes devait être une personne Divine, Souveraine et indépendante; séparée des Pécheurs, incapable de tomber dans aucun péché, agréable aux hommes et à Dieu.

Où trouverions-nous toutes ces qualités, sinon dans le Fils bien-aimé de Dieu qui est son Image parfaite, et la splendeur de sa gloire en qui il a pris tout son plaisir, qui est le Saint de Dieu, l’Agneau sans tache (Héb. IV. 15.), et qui est semblable à nous en toutes choses, EXCEPTÉ LE PÉCHÉ.


- Les Anges auraient-ils pu nous réconcilier avec un Être infini, eux qui n’étaient et qui ne sont que ses Créatures?

- Les hommes auraient-ils pu le faire, mais ils étaient les ennemis de Dieu!

- La Loi de Moïse aurait-elle produit cette réconciliation, mais elle mettait elle-même des barrières entre Dieu et nous!


Il n’y avait que Jésus-Christ seul, qui le put;

il n’y avait que cet homme Dieu, qui put réunir les hommes avec Dieu;

il n’y avait que ce juste condamné, qui put nous justifier;

il n’y avait que ce Fils, qui put nous faire enfants,

et il n’y a que cet héritier de toutes choses, qui put nous donner droit à l’héritage incorruptible qui est réservé dans les Cieux.

Ce n’est que par lui que nous avons accès avec assurance au Trône de la grâce; nous avons, dit S. Paul, obtenu notre réconciliation avec Dieu par lui.


Il n’est pas dit, que Jésus-Christ ait réconcilié Dieu avec les hommes, mais seulement les hommes avec Dieu, quoiqu’il ait fait l’un et l’autre en même temps.

L’Apôtre fuit ici le langage ordinaire des hommes, selon lequel on dit, lorsqu’un Roi fait grâce à des Sujets rebelles; non que ce Roi est réconcilié avec ses Sujets, mais que ses Sujets sont réconciliés avec lui.

Je ne veux pas m’arrêter ici longtemps à répondre à une difficulté qu’on fait ordinairement sur cette matière.


Comment est-il possible que ce Fils, qui était lui-même offensé, ait pu nous réconcilier?

Je me contenterai de vous dire ici en un mot, qu’être offensé, et être Médiateur, ne sont pas toujours des choses incompatibles.

Elles le sont, lorsque la personne qui est offensée demande absolument la ruine de celui qui l’a offensé.

Elles ne le sont pas, lorsque la partie, qui se plaint, ne poursuit que la réparation de l’offense; car alors rien n’empêche qu’elle ne puisse procurer elle-même un moyen par lequel le crime étant puni, et l’injure réparée, la personne criminelle demeure impunie.

C’est aussi ce que Jésus-Christ a fait:


son unique dessein était, non de perdre tous les hommes,

mais de faire réparer l’outrage qui avait été fait à la Divinité.


Or ce dessein n’était pas incompatible avec celui d'être Médiateur des hommes.

Mais comment a-t-il été notre Médiateur?

Comment a-t-il fait cette réconciliation?

Comment avons-nous été justifiés?


Nous avons été réconciliés, par sa mort
Nous avons été justifiés par son 
Sang, dit l’Apôtre.

Pour faire notre réconciliation avec Dieu, il ne fallait PAS SEULEMENT ÊTRE DIEU ET HOMME, mais IL FALLAIT MOURIR, parce que le péché des hommes avait mérité la mort, et que la Justice Divine demandait que la peine, dont elle avait menacé le premier homme, fût exécutée.


Sans effusion de Sang, il n'y a pas de rémission des péchés à attendre (Héb. IX. 22)

sans effusion de sang il n’y a pas de pardon. (V. Segond)


Ainsi il était nécessaire que, pour nous réconcilier, Jésus-Christ répandît son Sang, et mourut pour nous; c’est aussi ce qu’il a fait: il a versé son Sang et il est mort, et sa mort a été cruelle, honteuse, accompagnée de mille horreurs, telle que les hommes l’avaient méritée.

C’est cette mort; c’est ce Sang de Jésus qui a mérité notre réconciliation, et qui est LE FONDEMENT DE NOTRE JUSTIFICATION.

C’est ce Sang qui a obtenu LE PARDON DE NOS CRIMES, parce qu’il a satisfait la Justice Divine; et c’est ce Sang qui a ouvert le Ciel.

Tous les fidèles, qui ont été réconcilié sous l’une et l’autre économie ne l'ont été que par le Sang. La mort de Jésus-Christ, dit S. Paul, est intervenue pour la rançon des transgressions qui étaient (aussi) sous le vieux Testament.

Ce Sang donc a réconcilié l’un et l’autre Peuple.

Il n’a pas été moins efficace avant que d’être répandu, qu’après l’avoir été.


S. Paul avait donc bien raison de dire que ce Sang prononçait de meilleures choses que celui d’Abel;

- le Sang d’Abel ne demandait que vengeance et mort,

- le Sang de Jésus-Christ, crie, grâce, grâce, paix, paix, salut et vie!

Non seulement il demande grâce, mais il l’obtient, car, dit S. Paul, nous avons été justifiés PAR son Sang, et réconciliés PAR sa mort.


NOUS NE POUVONS PAS EN DOUTER, PUISQUE JÉSUS-CHRIST EST RESSUSCITÉ, Par cette action le Père Céleste a fait voir qu’il avait agréé le Sacrifice de son Fils, et qu’il lui avait accordé, ce qu’il lui avait demandé pour ses Frères, et pour ses chers membres.

Nous n’avons seulement qu’à nous appliquer ce Sang PAR LA FOI, et qu’à nous en faire une aspersion sur nos consciences, afin d’être justifiés.

Mais il est ici nécessaire de faire cinq ou six remarques importantes, qui sont comme autant de conséquences, que nous tirons de la doctrine de S. Paul.


La première conséquence est que Jésus-Christ a VÉRITABLEMENT satisfait pour nous à la justice de son Père, puisqu’il est dit que nous avons été réconciliés PAR sa mort, et justifiés PAR son Sang. On ne saurait rendre raison de cette façon de parler, si on n'admet pas ce principe.


La deuxième conséquence est que l’obéissance et les souffrances de Jésus-Christ nous sont imputées par le Père Céleste; c’est encore ce qu’emporte l'expression de S. Paul.


Il s’est donc fait un échange entre Jésus-Christ et nous.


Le Père a imputé à son Fils nos péchés, il a fait venir sur lui, dit Ésaïe, l'iniquité de nous tous; (Ésaïe LIII)

et il nous impute la justice et la mort de ce Fils. Il l’a fait péché pour nous, et il nous a fait justice de Dieu en lui. (2 Corinth. V.)


La troisième conséquence est qu’il y a une très grande différence entre le premier Adam et le second;

le premier nous a fait condamner;

le second nous absous.

Le premier nous a éloignés de Dieu,

le second nous a réconciliés.

Le premier nous a donné la mort;

le second nous donne la vie;


C’est le raisonnement de S. Paul dans ce même Chapitre.

Comme par une seule offense la Coulpe est venue sur tous les hommes en condamnation, ainsi aussi par une seule justice justifiante, le don est venu sur tous les hommes en justification de vie. (Rom. V)

Ainsi donc, comme par une seule offense la condamnation a atteint tous les hommes,

de même par un seul acte de justice la justification qui donne la vie s’étend à tous les hommes. (V. Segond)


La quatrième conséquence est que ce n’est point sur le mérite de nos œuvres, qu’est fondée notre justification.

Si nous étions sans péché, comme Adam, lorsqu’il sortit des mains de Dieu, nous pourrions être justifiés par notre propre justice, mais étant Pécheurs, nous ne saurions être justifiés autrement que par une justice étrangère, CETTE JUSTICE C’EST CELLE DU SAUVEUR DU MONDE;

Aussi S. Paul souhaite d’être trouvé, non ayant sa justice, qui est de la loi, mais ayant la justice, qui est par la foi dans l'oeuvre de Jésus-Christ.

Toute l’Antiquité a été dans cette pensée; on était encore dans ces sentiments, bien avant dans le onzième Siècle, comme cela paraît par la manière dont on consolait alors les malades, que nous trouvons dans un livre, qu’on attribue à un célèbre Archevêque de Cantorberi (Anselme, l'an 1093).

On demandait alors aux mourants:

Ne croyez-vous pas, leur disait-on, que vous ne pouvez être sauvés que par la mort de Jésus-Christ? et comme le malade disait, que c'était sa croyance.

Louez donc Dieu, lui répliquait-on, pendant tout le reste de votre vie, mettez, en lui seul toute votre espérance et ne la mettez en aucune autre chose;

Et si le Souverain Juge veut vous juger, dites-lui, Seigneur, interpose entre ton jugement et moi la mort de Jésus-Christ ton Fils, car je ne m’attribue aucune bonne œuvre.


Si dans ces derniers temps, on a changé de pensée, on a vu pourtant dans le Siècle passé, trois célèbres Cardinaux, (Contarenus, Bellarminus, Hofius.) et un grand Empereur, (Charles V.) donner gloire à Dieu sur cette matière.


La cinquième conséquence est que, puisque nous avons été justifiés par le Sang de Jésus, NOUS AVONS ÉTÉ JUSTIFIÉS PAR GRÂCE.

C’est ce que S. Paul prouve dans toute cette Épître; Ne ravissez donc pas, ô hommes, à Dieu la gloire qui lui est due (je ne donnerai pas ma gloire à un autre, Ni mon honneur aux idoles. Ésaïe XLII. 8). Il ne saurait le souffrir sans le punir sévèrement; et c’est là aussi un grand crime, que de voler ses Temples, et de piller ses Autels!

Il est de notre justification, comme de toutes les autres parties de notre salut,


- nous sommes élus PAR GRÂCE,

- nous sommes justifiés PAR GRÂCE,

- nous sommes sanctifiés PAR GRÂCE,

- et nous ne serons sauvés QUE PAR GRÂCE.


Enfin la dernière conséquence est que nous ne devons point nous imaginer que le sang de quelque homme mortel, de quelque Martyr, ou de quelque Saint, puisse contribuer à nous réconcilier avec Dieu:


IL N’Y QUE LE SANG DE CE FILS DE DIEU,

QUI PUISSE FAIRE CE GRAND OUVRAGE.


Bien que la mort des Saints... ait été précieuse devant Dieu, il n'y en a pourtant eu aucun dont la souffrance ait été la propitiation du monde. Les justes ont reçu les couronnes; mais ils ne les ont pas données.

De leur confiance en la foi sont nés les exemples de la patience, et non les dons de la justice. (Sermon XII de la justice, Léon 1er)


- Le sang de tous les hommes n’aurait pas pu obtenir le pardon d’un seul péché,

- mais le Sang du Fils de Dieu, a fait ce que le sang des hommes n’aurait jamais pu faire.


Admirons son efficace infinie, mais en même temps admirons la bonté de ce Fils, qui pour nous réconcilier avec son Père a enduré la mort.

Cette bonté vous paraîtra encore plus grande, si vous considérez que NOUS AVONS ÉTÉ RÉCONCILIÉS Alorsque NOUS ÉTIONS SES ENNEMIS, comme le dit l’Apôtre.

Certainement voici quelque chose de bien merveilleux!

Je ne suis point surpris qu’un Roi pardonne à des Sujets, qui ont posé les armes, qui implorent sa clémence, qui se reconnaissent coupables, et qui par leur soumission, et par leurs larmes font tout ce qu’ils peuvent, pour émouvoir la compassion de leur Souverain.

Mais où a-t-on vu un Prince pardonner à des Sujets quand ils ont les armes à la main contre lui, qu’ils veulent le détrôner et lui ôter la vie..., ce ne pouvait sans doute être qu'un Roi faible, qui ne pouvait pas résister;

Mais où a-t-on vu un Roi puissant, à la tête d’une armée victorieuse, faire grâce à des Sujets rebelles alors qu’il reçoit d’eux de cruelles injures, et qu’ils conspirent contre lui?

Il y aurait cependant une raison qui pourrait porter un grand Prince à cette action de générosité; savoir la peine qu’il se ferait à détruire son Peuple, et l’espérance de le ramener à son devoir.

Mais qui aurait crû, que Dieu qui peut tout, à qui tout est soumis, qui n’a que faire de ses Créatures, et qui en peut produire tous les jours de nouvelles; aie eu tant de bonté pour pardonner aux hommes et d’exposer son Fils pour eux, à leur place, alors qu’ils étaient ses ennemis.

Il n’a pas agi ainsi avec les Démons! Il n’y a pas eu de grâce pour eux, il n’y en aura jamais, tandis que nous, nous avons été réconciliés, bien que nous ne fussions pas moins ses ennemis comme les Démons.

Ô! Miséricorde incompréhensible, mais c’est assez parlé de ce que Jésus-Christ a fait et voyons ce que nous devons encore attendre de lui.

Étant, dit S. Paul, justifiés, par son Sang, nous serons beaucoup plutôt sauvés de la colère par lui, etc.


* * *


III. Point.


Pour comprendre le raisonnement de S. Paul dans son jour, il est nécessaire d’expliquer avant toutes choses ce qu’il entend par la COLÈRE, et par le SALUT, et pourquoi il nous parle de LA VIE DE JÉSUS-CHRIST.

Il est clair que par la colère, l’Apôtre entend la colère de Dieu, et sa malédiction; non cette colère, dont il fait quelque fois sentir les effets à ses enfants, lorsqu’ils l’offensent, et qu’ils ne répondent pas à leur vocation, car c’est là une colère d’un moment, comme parle David, (Psaume XXX), mais il entend cette colère terrible, dont Nahum disait (Nah. I.):

qui subsistera devant la colère du Seigneur, qui demeurera ferme dans l'ardeur de son indignation, sa fureur s’étend comme un feu, les rochers se démolissent devant lui, les montagnes tremblent.

Cette colère, dont Dieu déploya les effets sur les Habitants du premier monde, sur les Villes de la plaine, sur les Égyptiens, et sur Jérusalem.

CETTE COLÈRE (Rom II.) DONT LES MÉCHANTS S’AMASSENT DES TRÉSORS, comme me parle l'Apôtre (Rom. II).

Enfin cette colère devant laquelle les Pécheurs, et les Idolâtres souhaiteront être cachés, disant:

montagnes tombez sur nous, cachez-nous de devant la face de l’Agneau; car la journée de sa grande colère est venue (Apoc. VI. 16.).

Ainsi il est clair que dans cet endroit l'Apôtre entend ici:


- la malédiction et la condamnation de Dieu,

- le sentiment de sa rigoureuse justice,

- et toutes les peines que souffriront les impies dans l’affreux séjour des Démons, l'enfer!


S. Paul nous dit; que nous serons sauvés de cette colère, c’est-à-dire, que NOUS NE SERONS POINT SOUMIS À CETTE MALÉDICTION, qui doit reposer à jamais sur les impénitents, sur ceux qui ne veulent pas se repentir, et sur les incrédules, tandis que nous serons sanctifiés et mis en possession de la gloire qui est réservée aux Élus de Dieu.

Le mot de SAUVER ne se prend donc pas ici comme ailleurs où le salut comprend tout l’ouvrage de notre rédemption. Mais remarquez que j’ai dit, que sauver, signifie non seulement nous préserver des peines que nous avons méritées, mais encore nous sanctifier, nous faire posséder LES BIENS QUE JÉSUS-CHRIST NOUS A ACQUIS PAR SA MORT. C’est là l’idée que l’Écriture Sainte nous donne du salut.

À la vérité, quand Dieu se contenterait de nous décharger des peines, dont nous nous sommes rendus dignes, nous aurions sujet d’admirer éternellement sa bonté; mais sa miséricorde infinie veut encore nous couronner d’une gloire immortelle, après nous avoir mis en état de la posséder.


En nous fermant l'enfer,

elle nous ouvre le Ciel, et tous ses trésors infinis.


Voilà ce qu’apporte le salut que S. Paul nous fait espérer, et ce qu’il veut que nous attendions de la vie de Jésus-Christ.


NOUS SERONS SAUVÉS PAR SA VIE.


L’Apôtre avait dit, que nous avions été

justifiés PAR son Sang,

et réconciliés PAR sa mort,

il dit maintenant que nous serons SAUVES PAR sa vie.


Jésus-Christ fait TOUT dans notre salut, comme vous voyez!


- C’EST LUI qui nous a rachetés,

- C’EST LUI qui nous justifie;

- C’EST LUI qui nous réconcilie avec Dieu,

- C’EST DE SA PLÉNITUDE que nous puisons grâce pour grâce.

- C’EST LUI qui nous délivre de toute mauvaise œuvre, comme le dit S. Paul, (2 Tim. IV.)

- C’EST LUI qui nous sauvera dans son Royaume Céleste.

- IL EST notre justice, notre sanctification, (1 Cor. I. 1.) notre sagesse et notre rédemption.

- C’EST LUI qui est descendu du Ciel pour nous offrir le salut;

- C’EST LUI qui y est monté pour avancer ce salut;

- C’EST LUI qui redescendra pour l’achever glorieusement:


nous avons été justifiés par son Sang,

et nous serons sauvés par sa vie.


À cette première remarque, ajoutez cette seconde: c’est que Jésus-Christ n’aurait pas été un parfait Sauveur, s’il fût toujours demeuré dans la mort; J'AI ÉTÉ MORT, ET JE SUIS VIVANT, ( Apoc. I.) disait-il.

En vérité, il fallait qu’il mourût pour nous sauver,

il fallait qu’il ressuscitât,

et qu’il montât au Ciel pour nous appliquer son salut et pour nous le mettre en possession.


Il fallait qu’il mourût pour apaiser son Père, mais il fallait qu’il reprît sa vie pour nous conduire à lui.

Il fallait qu’il mourût pour expier nos péchés; mais il fallait qu’il ressuscitât pour nous faire vivre à la justice.

S’il fallait qu’il mourût pour faire tomber les armes des mains de Dieu, il fallait qu’il ressuscitât pour éteindre la haine que les hommes avaient conçue contre Dieu même.

S’il fallait qu’il mourût pour nous ouvrir le Ciel, il fallait qu’il ressuscitât pour nous y faire entrer.


Sa mort a commencé et avancé notre salut, sa vie y mettra la dernière main; aussi l’Écriture les joint presque toujours ensemble.

Christ, dit S. Paul, (Rom. IV.) a été livré pour nos offenses, et il est ressuscité pour notre justification (Rom. VIII).

Qui est-ce qui condamnera, Christ est mort, et qui plus est, il est ressuscité, et il est assis à la dextre de Dieu, où il prie pour nous, et maintenant il dit que nous avons été réconciliés, par sa mort et que nous serons sauvés par sa vie.

Étant, dit-il, justifiés en son Sang, nous serons beaucoup plutôt sauvés de la colère par lui. Car si lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plus étant déjà réconciliés, nous serons sauvés par sa vie.


Ce raisonnement est fondé sur ces principes.

1) Celui qui nous a donné son Fils ne saurait rien nous refuser; S. Paul le dit ailleurs. Celui qui n'a point épargné son Fils, COMMENT ne nous accorderait-il pas toutes choses avec lui? (Rom. VIII.)

APRÈS NOUS AVOIR DONNÉ TOUT CE QU’IL A DE PLUS CHER, et de plus précieux, celui qui possède avec lui la même gloire, les mêmes perfections, son Fils, son propre Fils, son Unique, sa Sagesse, et sa parole éternelle; QUE NE DEVONS-NOUS PAS ATTENDRE DE LUI?


2) On fait plus pour ses amis que pour ses ennemis, pour ceux avec qui l’on est réconcilié, que pour ceux avec qui l’on est en querelle.

Si donc nous avons été réconciliés avec Dieu, lorsque nous étions ses ennemis, nous devons beaucoup plus espérer, à présent que notre paix est faite: AVANT que l'on devienne les enfants de Dieu, il nous a donné son Fils, que refusera-t-il, après nous avoir adoptés?

Lorsque nous lui faisons la guerre, il nous a offert la paix; maintenant qu’il n’y a plus de guerre, ne nous donnera-t-il pas son salut?

Il nous a aimés, lorsque nous méritions toute sa haine; comment ne nous aimerait-il pas, maintenant que Jésus-Christ nous a couverts de sa justice, et lavés dans son Sang?

Lorsque le Ciel était fermé, il l’a ouvert, si j’ose m’exprimer ainsi, pour en faire descendre son Fils; n’avons-nous pas droit de tout espérer, aujourd’hui que le Ciel est ouvert, que Jésus-Christ notre Chef y est entré, et qu’il nous est allé préparer une place?

Si Dieu pouvait changer son amour en haine, on pourrait craindre, qu’après nous avoir justifiés, il ne nous condamnât; mais SES DONS ET SA VOCATION SONT SANS REPENTANCE (Rom. XI.); son amour est éternel; il est plus fort que la mort, et que le sépulcre; ce sont des flammes que toutes les eaux ne sauraient éteindre.


3) Nous devons attendre beaucoup plus de Jésus-Christ vivant, que de Jésus-Christ mort; Si donc Christ mourant a fait notre paix, que ne sera pas Christ vivant?

Jésus-Christ qui est DANS le Ciel, et qui y est assis à la dextre du Père Céleste, qui dispose de toutes les Couronnes et de tous les trésors de son paradis, n’élèverait-il pas ses chers Disciples dans l’heureux séjour où il est, afin qu’ils contemplent sa gloire?

Souffrirait-il que ceux pour lesquels il est mort, fussent éternellement malheureux?

Ce divin Chef abandonnerait-il ses membres?

Cet Époux ne recevrait-il pas son Épouse dans sa chambre de noces?

N’en doutons pas; si la mort de Jésus-Christ nous a justifiés, sa vie nous sanctifiera et nous glorifiera.


Jésus-Christ crucifié nous a réconciliés avec Dieu,

Jésus-Christ vivant nous donnera une vie nouvelle,

et il nous rendra immortels, et éternellement bienheureux.


4) Les premières grâces que Dieu nous a faites sont étroitement liées avec les suivantes.

La chaîne du salut ne peut se rompre (Rom. VIII.):

Ceux que Dieu a préconnus,

il les a prédestinés,

Ceux qu’il a prédestinés, il les a appelés.


La justification, comme nous l’avons dit, emporte le pardon des péchés, et Dieu nous les aurait-il pardonnés, afin de nous punir?


LA COLÈRE DE DIEU N’EST REDOUTABLE, QU’AVANT QUE LE PÉCHÉ SOIT PARDONNÉ;

mais dès qu’il est remis, elle n’est plus à craindre.

Étant donc justifiés, nous serons sauvés de la colère.


D’ailleurs, comme nous l’avons aussi remarqué, la justification emporte le droit à la vie éternelle; ce droit serait-il inutile, et nos prétentions fondées sur le mérite du Fils de Dieu, seraient-elles vaines? Non sans doute, nous serons donc sauvés!


5) Si notre salut a été commencé, lorsqu’il y avait tant de choses qui s’y opposaient, nous ne saurions manquer de l’obtenir, à présent que tous ces obstacles sont ôtés.

Ces obstacles étaient la Justice Divine, mais maintenant cette justice est satisfaite: la Loi a été accomplie; nos péchés sont expiés.

Il n’y a donc plus rien qui s’oppose à notre salut!

Vous n’attendez sans doute pas que je vous fasse ici la description de ce salut, vous en concevez, assez la grandeur; je vous prie seulement de considérer,


- d’un côté quels sont les funestes effets de cette colère de Dieu, dont nous serons sauvés;

- de l’autre, quelle est la félicité que Dieu prépare à ceux qu’il sauvera,


Considérez donc ce que c’est qu’être jeté éternellement dans l’affreux séjour des Démons,


- dans un lieu de ténèbres, ou l’on ne voit rien que ce qui afflige, qui désespère;

- souffrir tout ce qu’une créature peut souffrir,

- être tourmenté continuellement sans être détruit,

- sentir le poids de la justice divine,

- être privé pour jamais de la vue de Dieu,

- chercher la mort sans la trouver,

- être persuadé qu’il n’y a plus de retour à attendre, et plus de grâces à espérer;


Voilà quelle est la colère que les Pécheurs impénitents ont à craindre.

Ô Dieu! que c’est une chose terrible de tomber entre tes mains!

Mais ne craignez rien, FIDÈLES, vous serez sauvés de cette colère, PAR la vie de Jésus-Christ.

Considérez de plus, ce que c’est:


- qu’être élevé dans l’heureux séjour des Anges et de Dieu;

- être délivré de toutes les misères de la vie présente, de toutes les nécessités qui naissent de notre mortalité,

- être délivré de tous nos ennemis,

- de toutes nos pensées criminelles...;

- Jouir d’une joie, qui ne fera jamais interrompue;

- contempler Dieu face à face;

- le connaître aussi parfaitement qu’il peut être connu;

- le posséder, être rempli de lui.


Voilà quel est le salut que l’Apôtre nous fait espérer!

Ô Dieu! que les biens que tu prépares à tes enfants sont grands!

Réjouissez-vous donc, Chrétiens, et glorifiez-vous en Dieu par Jésus-Christ notre Sauveur, qui nous a acquis ce salut, et qui nous le destine.



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