Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE JUGEMENT DERNIER

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(note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase afin de rendre le texte plus facile à comprendre; le texte original fut publié en 1712 en français ancien d’après l’anglais de l’époque.)


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Parce qu’il a ordonné un jour, auquel il doit juger le monde selon la justice par l’homme qu’il a destiné; dont il a donné une preuve certaine à tous les hommes quand il l’a ressuscité des morts. (Actes XVII. 31.)

Parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts. (V. S)


Après avoir parlé amplement de la mort dans le Traité précédent; la première chose qui se présente à nous est de prendre sérieusement en considération, le Jugement: car l’Apôtre dit QU’APRÈS LA MORT SUIT LE JUGEMENT. (Héb. IX. 27.)

Voilà sans doute un sujet digne d’une sérieuse et grave méditation.

Car il ne saurait rien y avoir de plus important pour nous qu’un JUGEMENT FUTUR qui doit déterminer notre condition pour TOUJOURS, et qui sera le commencement d’une éternité pleine d’horreur ou de gloire.


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Preuves d’un Jugement futur.


EN parlant de la mort, il n’était pas nécessaire de prouver que tous les hommes doivent mourir; c’est une chose trop visible pour être niée: mais le jugement, quant à lui, n’est pas visible, ni ne peut être vu, parce qu’il n’existe pas encore.

Si l’on pouvait voir ce qui se passe dans l’autre monde, nous serions bientôt convaincus de la différence qu’il y a entre des gens de bien et le sort des méchants que Dieu a destiné un jour pour le jugement.

... aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et me rafraîchisse la langue; car je souffre cruellement dans cette flamme. Luc XVI. 24


Cet état est pour nous un état invisible!

La pensée du jugement est si désagréable aux incroyants, aux gens vicieux, mauvais, corrompus, qu’ils ne sont guère portés à y croire. Il est donc nécessaire, pour nous et pour eux, de poser d’abord pour fondement les preuves d’un jugement futur.


Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois,

APRÈS QUOI vient le jugement. (Hébr. IX. 27)


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L’homme, dans sa nature, est une créatureobligée de rendre compte de ses actes.


Premièrement, la véritable condition de la nature humaine montre que l’homme est une créature RESPONSABLE de ses actions et que, par conséquent, il est nécessaire qu’il rende des comptes et qu’il doive être jugé en raison de ses choix.

Quatre choses peuvent mettre un être dans l’obligation de rendre compte.

1. S’il a des principes par lesquels il puisse reconnaître ce qu’il fait afin de se juger lui-même.

2. S’il a des règles pour se conduire selon lesquelles il puisse pratiquer certaines choses et en éviter d’autres.

3. S’il a la liberté du choix et une libre direction de ses actions.

4. S’il est une personne qui ait quelqu’un au-dessus d’elle; celle-ci a alors le droit de l’appeler pour rendre compte.


I – Nous savons fort bien, qu’une bête qui n’est gouvernée que par son instinct et nullement par la Raison, ne peut être jugée; parce qu’une telle créature ne peut rendre compte de ce qu’elle fait.

Il en est de même pour les enfants, les gens qui sont en démence, ceux qui ont besoin d’être conduits pour ne pas tomber dans des malheurs: ces sortes de personnes ne peuvent pas être jugées.

Mais une créature raisonnable comme l’homme, une personne qui sait ce qu’elle fait et qui est CAPABLE DE JUGER DE SES ACTIONS, peut sans aucun doute être appelée en jugement.


II – Quand il n’y a nulle règle pour se conduire, il n’y a pas lieu à un jugement; car il n’y a rien eu de commandé, ni de défendu; toutes les actions sont alors indifférentes.

Dans ce cas il n’y a rien d’autre à faire qu’à pratiquer ce qu’on trouve le plus à propos: quiconque agit de la sorte, dans cette situation, rend par là même un légitime compte de sa conduite, et n’en saurait être blâmé.


S’il n’y avait aucune règle du bien ou du mal;

il n’y aurait aucune raison de parler de récompenses ou de punitions

et par conséquent d’un jugement.


Par contre, dès qu’il y a DES RÈGLES QUE L'ON EST TENU DE SUIVRE soit par les lois de la nature, ou par la volonté révélée de Dieu; on peut faire le bien ou le mal et se rendre digne de récompenses ou de châtiments: dans ce sens, on peut être appelé en jugement.


III – Tout être qui agit nécessairement, par destin, et NON PAR CHOIX, n’est pas plus capable d’être jugé que le sont les vents et les flots de la mer, car là où il n’y a pas de possibilité de faire un choix, il ne saurait y avoir de bien ou de mal moral.

L’homme est un agent libre, qui non seulement CONNAÎT LA DIFFÉRENCE QUI SE TROUVE ENTRE LE BIEN ET LE MAL...

mais, qui est aussi CAPABLE de choisir le bien et de rejeter le mal!

Par conséquent, en raison de ce choix, il peut être loué ou blâmé, récompensé ou puni, pour le bien ou le mal qu’il fait,

c’est-à-dire qu’il peut être appelé à en rendre compte, et être jugé pour ses actions.


IV – Il sera d’autant plus appelé à rendre des comptes s’il est une personne soumise à un Supérieur.


Juger est certainement l’acte d’une autorité supérieure.


Ainsi un employé, par la condition de sa nature et les circonstances de sa vie, est sujet au jugement de son supérieur: la vraie différence entre un supérieur et un inférieur, c’est de gouverner et d’être gouverné, de juger et d’être jugé.

Un enployé inférieur est donc sujet au jugement de son supérieur, qui peut le juger, s’il veut.

Or la condition de tous les hommes est d’être inférieurs (par rapport au Créateur),

si au moins nous croyons qu’il y ait un Dieu au-dessus de nous et qu'il soit notre Maître naturel.

(Si nous ne croyons pas, les faits parleront d’eux même lorsque le moment sera venu de quitter ce monde, car ce n’est pas à l’homme de décider des événements qui se dérouleront une fois la frontière de la mort franchie.)

Ainsi, la véritable nature et la véritable condition de l’homme montre qu’il a été fait pour être jugé; par conséquent il DOIT être jugé...


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Et maintenant réfléchissions un peu:

1 – S’il est convenable, qu’une créature raisonnable rende compte de ses actions; pourquoi douterions-nous que le sage Gouverneur du monde ne veuille pas lui-même nous faire rendre compte?

La Raison nous rend capables de nous rendre compte de ce que sont nos actions et plus encore: ELLE NOUS FAIT SENTIR QUE NOUS DEVRONS EN RENDRE COMPTE à tel point que lorsque notre conscience nous accuse, nous avons une secrète honte, quoique nous n'ayons été vus de personne.

Ce serait donc une chose étrange, si la Raison nous rendait responsables de notre conduite DEVANT TOUT LE MONDE, MAIS NON DEVANT DIEU, qui est le Maître souverain.

Étrange que Dieu ait pu nous faire responsables de nos actions devant nous-mêmes et devant les autres créatures raisonnables, mais non devant LUI.


2 – Si Dieu a donné à l’homme des règles pour se conduire et pour discerner le bien et le mal; peut-on s’imaginer qu’il ferme les yeux sur son comportement et qu’il n’exigerait de lui aucun compte à rendre, soit qu’il observe ou qu’il viole les lois divines?

Les lois qui ne sont pas fondées sur ce qui peut inspirer une crainte respectueuse, ne sont-elles pas sujettes au mépris?

Quelle raison y a-t-il à avoir une crainte respectueuse, s’il n’y a point de juge pour dispenser des récompenses et des châtiments?

Donner des lois, sans prendre connaissance de ceux qui les observent ou sans en punir l’infraction, est quelque chose de si absurde qu'aucun gouvernement humain ne s’est jamais rendu coupable d’une telle folie!

Alors, pourquoi attribuerions-nous à Dieu, à propos de son gouvernement, de telles absurdités, qui rendraient ridicules les hommes, s’ils gouvernaient de cette manière?

Si seulement nous attribuions à Dieu autant de sagesse et de discernement qu’en ont les Princes de la terre; nous devrions certainement conclure que:


PUISQU’IL A DONNÉ DES LOIS AUX HOMMES,

IL LES JUGERA SELON CES LOIS.


3 – Il n’y a nulle autre voie pour gouverner une personne libre de décision que celle de L’ESPÉRANCE et de LA CRAINTE, DES RÉCOMPENSES ET DES CHÂTIMENTS, car le gouvernement par la violence détruit la liberté.

Si Dieu est le gouverneur de tous les hommes, il faut qu’il les juge, c’est-à-dire, qu’il les récompense ou les punisse, conformément au bien, ou au mal qu’ils auront fait.

Et quoique cela ne prouve pas directement et immédiatement un Jugement futur; il le laisse néanmoins le supposer.

Pour prouver que l’homme sera jugé, c’est-à-dire, qu’il sera récompensé, ou puni pour tout le bien, ou tout le mal qu’il aura fait dans le monde, il suffit de supposer qu’il a été créé par UN ÊTRE SAGE.

UN ÊTRE SAGE a soin de gouverner les créatures qu’il a produites, et de les gouverner selon la nature qu’il leur a donnée.

Les récompenses et les châtiments sont nécessaires dans le gouvernement des hommes, c'est ce que l'on voit dans toutes les Sociétés humaines qui ne pourraient subsister sans cela.

Malgré les lois et les peines les plus sévères, chaque siècle et chaque pays ont produit de nombreux actes répréhensibles qui seraient sans doute encore plus grands et plus nombreux, s’il n’y avait eut des lois et des gouvernements pour les réprimer.

Puisqu’une expérience universelle convainc de la nécessité des lois et du gouvernement; pourquoi penser que le sage Créateur de l’homme ne voudrait pas le tenir dans la crainte et dans le respect en prenant en considération son pouvoir et sa justice, qui sont des sujets de crainte bien plus efficaces que toutes les verges et tous les glaives des Princes de la terre?


4 – Si donc l’homme par sa condition est une créature inférieure et dépendante; il est, par sa nature, obligé de rendre compte devant Dieu, qui est son souverain Maître. Tout prouve logiquement qu’il rendra compte devant lui.

Il n’y a aucune raison de croire que Dieu ne veuille pas appeler l’homme à lui rendre compte, après l’avoir fait d’une nature tenue de lui rendre compte!

Quiconque reconnaît que l’homme est, par sa nature, une créature inférieure, responsable de ses actions devant Dieu, est obligé d’accepter, sans autre preuve, que DIEU JUGERA L’HOMME ET L’APPELLERA À RENDRE COMPTE,

parce que Dieu, en le faisant une créature justiciable, a déclaré, à de multiples reprises, qu’il a bien l'intention de le juger.

Personne ne saurait prouver, par la Raison, que Dieu ne veut pas juger les hommes, car NULLE RAISON NE PEUT ÊTRE BONNE QUAND ELLE RENVERSE LA NATURE DES CHOSES:

or la nature de la chose dont il est question est un jugement futur:

ainsi nous devons tomber d’accord que Dieu jugera le monde, sauf si nous avons une claire révélation (de sa part) du contraire (ce qui serait bien difficile à démonter).


Ce que je viens de dire, mérite d’être souligné, parce que la preuve qui pourrait être proposée, est tirée par ceux-là mêmes qui nient un Jugement, alors qu’elle a déjà son fondement dans leur propre Raison.

S’il se trouve des gens qui veuillent croire ce qui est contraire à la nature de la chose; ils devraient montrer qu’ils sont exempts des lois et de la condition de leur propre nature.

Je souhaite ardemment qu’on fasse sérieusement attention à cette vérité, et que l’on pèse bien la force de cet argument qui ne peut que convaincre de folie et d’extravagance ceux qui espèrent éviter le Jugement de Dieu sans avoir reçu de révélation qui leur apprenne une chose dont le reste du Genre humain n’a nulle connaissance.


Pourquoi puis-je espérer que Dieu ne me jugera pas?

Ne suis-je pas sujet au Jugement de Dieu?

Ne suis-je pas sa créature?

Et lui, n’est-il pas mon Souverain Maître?

N’est-il donc pas mon Juge?

Alors..., pourquoi croirais-je que mon Maître et mon Juge naturel ne me jugerait-il pas?


Les Pères et les Mères ne jugent-ils pas leurs enfants?

les Maîtres leurs serviteurs,

les Princes leurs sujets,

tous les Supérieurs leurs inférieurs?


Et puis-je penser que DIEU, QUI EST LE SOUVERAIN MAÎTRE DE TOUS, et de qui toute l’autorité des Puissances de la terre est dérivée, sera le seul qui ne jugerait pas... ses propres créatures?


Dieu a-t-il donc renoncé à son autorité?

Ou bien l’exercice en est-il trop pénible pour lui?

Nous a-t-il faits des créatures sujettes à rendre compte de nos actes, MAIS... pour ne rendre aucun compte?

Nous a-t-il fait ses sujets pour n’exercer aucune autorité sur nous?

Si c'est le cas, nous aurons meilleur temps de dire que Dieu nous a faits tous Souverains, indépendants, c'est-à-dire des créatures qui ne sont tenues de rendre des comptes.

Cela serait moins absurde que dire que Dieu est notre souverain Maître, mais qu’il ne veut pas nous juger, c’est-à-dire, qu’il ne veut pas exercer son autorité souveraine.


Nous sommes ses créatures, nous sommes sujets à sa puissance et à sa justice; en sorte qu’il peut nous juger, s’il lui plaît: mais il n’y est pas forcé!

Cette objection n’a guère de force contre nous, qui sommes chrétiens, nous qui avons reçu sur ce sujet une claire révélation de la volonté de Dieu au travers des Saintes Écritures. Car il nous a déclaré qu’il a résolu de juger le monde.

Et pour une plus grande conviction, nous voyons que la Raison et la nature de la chose s’accorde admirablement avec la Révélation.

Néanmoins, je mettrai à part présentement la Révélation, et j’examinerai si tout ce que j’ai avancé jusqu’ici, ne prouve pas que Dieu non seulement peut, mais VEUT juger le monde.

Bien que Dieu ne puisse être forcé en rien; SA PROPRE NATURE POURTANT EST UNE RÈGLE ET UNE LOI POUR LUI.

Ce qui doit être fait, tout Être sage, bon et juste veut le faire!

Dieu veut certainement faire ce qui est infiniment sage; Il a fait toutes choses; et en donnant une certaine nature à ses créatures;


IL S’EST PRESCRIT EN MÊME TEMPS UNE LOI À LUI-MÊME,

ET A SUFFISAMMENT DÉCLARÉ CE QU’IL A L'INTENTION DE FAIRE.


Après cela, qu’on me dise si une créature raisonnable, qui est un agent libre, sous le pouvoir et l’autorité d’un Supérieur, qui lui prescrit des lois et des règles pour ses actions, ne doit pas être appelée à rendre des comptes?

Ne serait-ce pas une grande négligence et une grande faute qu'un Supérieur laisse tout faire sans jugement?

Je suis certain que tout le monde sera d’accord avec cela. Il faut donc convenir, que l’état et la condition de la nature humaine prouve que Dieu non seulement peut, mais VEUT juger le monde: à moins qu’on suppose qu’il veut être coupable d'une négligence, qui parmi les hommes, serait regardée comme un très grand défaut.

Quoique Dieu ne puisse être forcé ni contraint, il doit juger, parce qu’il le veut et agir conformément à sa propre nature et à la nature des choses. Si nous n’avions pas cette certitude, nous pourrions aussi dire que nous ne sommes pas certains que Dieu veut faire ce qui est bon, juste et sage, parce qu’il ne peut être contraint de le faire.

Or juger le monde, est une chose aussi essentielle à la Souveraineté de Dieu, que faire ce qui est sage et bon, l’est à sa Sagesse et à sa Bonté. Et il est aussi absurde de dire que Dieu est le souverain Maître du monde; mais qu’il n’a pas besoin d’exercer son Autorité souveraine en gouvernant et jugeant les hommes, que de dire, que Dieu est infiniment sage et bon, mais qu’il n’a pas besoin de faire ce qui est bon et sage.


S’il est bon, il VEUT faire ce qui est bon;

s’il est le Maître et le Juge souverain du monde,

il VEUT juger et gouverner le monde.


Voilà une des preuves naturelles d’un jugement futur, tirée de la construction et de l’état de la nature humaine. Je m’y suis arrêté plus que je n’avais dessein; parce que plus j’y pense, plus cette preuve me paraît claire et convaincante.

Peut-on avoir le moindre sujet de douter que Dieu veuille juger le monde, après qu’il a fait l’homme responsable de ses choix depuis le jardin d'Éden?

 ... Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. Genèse II: 17


Tout cela montre clairement et naturellement que Dieu a dessein d’appeler l’homme à rendre compte.


Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton coeur à la joie pendant les jours de ta jeunesse,

marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux;

MAIS SACHE QUE POUR TOUT CELA DIEU T’APPELLERA EN JUGEMENT. Eccl. XII: 1



 

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