Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

INTERCESSION D’ABRAHAM POUR SODOME.

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Et l’Éternel dit: Cacherai-je à Abraham ce que je m’en vais faire? Puisqu’Abraham doit certainement être une nation grande et puissante, et que toutes les nations de la terre seront bénies en lui? Car je le connais et je sais qu’il commandera à ses enfants, et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel pour faire ce qui est juste et droit, afin que l'Éternel fasse venir sur Abraham tout ce qu’il lui a dit.

Et l'Éternel dit: Parce que le cri de Sodome et de Gomorrhe est augmenté et que leur péché est très grave. Je descendrai maintenant et je verrai s’ils ont entièrement fait tout ce dont le cri est venu jusqu’à moi, et si cela n’est pas je le saurai.

Ces hommes donc, partant de là, allaient vers Sodome, mais Abraham se tint encore; devant l’Éternel et Abraham s’approcha et dit: Feras-tu périr même le juste avec le méchant? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville, les feras-tu périr aussi? Ne pardonneras-tu point à la ville à cause de cinquante justes s’ils y étaient. Il ne sera pas dit de Toi que tu fasses mourir le juste avec le méchant et que le juste soit traité comme le méchant. Cela ne sera pas dit de Toi. Celui qui juge toute la terre ne fera-t-il point justice?

Et l’ÉterneI dit: Si je trouve en Sodome cinquante justes dans la ville, je pardonnerai à tout le lieu pour l’amour d’eux.

Et Abraham répondit, disant: Voici maintenant j’ai pris la hardiesse de parler au Seigneur bien que je sois poudre et cendre; peut-être en manquera-t-il cinq des cinquante justes, détruiras-tu la ville à cause des cinq?

Et II répondit: Je ne la détruirai point si j’y trouve quarante-cinq justes.

Et Abraham continua de parler, en disant: Peut-être ne s’en trouvera t-il que quarante?

Et II dit: Je ne détruirai point la ville à cause de ces quarante.

Et Abraham dit: Je prie le Seigneur de ne pas s’irriter, si je parle: Peut-être s’en trouvera-t-il trente?

Et II dit: Je ne la détruirai point si j’y en trouve trente.

Et Abraham dit: Voici maintenant, j’ai pris la hardiesse de parler au Seigneur; peut-être s’en trouvera-t-il vingt?

Et II dit: Je ne la détruirai point à cause de ces vingt.

Et Abraham dit: Je prie le Seigneur de ne point se fâcher, je parlerai encore une seule fois; peut-être s’y en trouvera-t-il dix?

Et II dit: Je ne la détruirai point à cause des dix. — Puis l'Éternel s’en alla quand il eut cessé de parler à Abraham. Et Abraham retourna en son lieu.

(Genèse XIII. 17-33.)



* * *


Qui de nous en méditant sur la vie et les enseignements de Jésus n’a pas admiré et senti avec quelque force sa profonde compassion pour les âmes exposées aux châtiments éternels?

Prédications, avertissements, censures, menaces, promesses ne respirent de sa part que CET ARDENT DÉSIR D'ARRACHER À L’ENFER SES NOMBREUSES VICTIMES.

Ses miracles ont même le plus souvent pour but de prouver qu’il est le Sauveur qui a la puissance de pardonner les péchés et d’accorder la céleste guérison.

Puis, que d’exclamations qui sortent de son cœur et nous révèlent son angoisse au sujet des rebelles qui refusent d’être pardonnés et guéris!

Que de prières instantes en leur faveur!

Que de larmes versées sur leur endurcissement!

Écoutez d’après St-Luc ce récit déjà bien connu; et toujours encore si saisissant:

Et quand Jésus fut proche de la ville, en la voyant, il pleura sur elle et dit: Oh! si tu reconnaissais au moins, en ce jour qui t'est donné, les choses qui regardent ta paix! Mais maintenant elles sont cachées à tes yeux. Car les jours viendront sur toi que tes ennemis t'environneront de tranchées, t'enfermeront et te serreront de toutes parts; et ils te détruiront entièrement, toi et tes enfants qui sont au milieu de toi, et ils ne te laisseront pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps auquel tu as été visitée. (Luc XIX, 41-44.)

Hélas! rien n’est plus rare qu’un tel esprit de compassion. Quelque grande que soit la plaie du péché qui envahit et couvre de ses taches livides la pauvre humanité, quelque mortelle qu’elle soit dans ses effets, à force de la voir en soi et autour de soi l’on s’y accoutume, on la porte légèrement et les avertissements réitérés du médecin spirituel réveillent à peine un peu de sollicitude.


Les chrétiens sincères se laissent aller aussi trop souvent à cette sécurité apathique.

Ils sont depuis si longtemps entourés de la vue du mal qu’ils ne le considèrent plus de près, et n’en découvrent plus les effroyables conséquences.

De là, la langueur dans les efforts pour la conversion des âmes;

De là, le défaut de cet esprit d’intercession en faveur du monde.

La sentinelle doit donc élever la voix, Israël à vos tentes; Enfants du Dieu des promesses renforcez-vous, reprenez le bon combat de la foi, et, à genoux, renouvelez la sainte lutte des Abrahams et des Jacobs. Et dans la méditation de ce que l’un de ces Patriarches fit pour le salut de Sodome, puissions-nous, pressés par son exemple et animés par sa charité, nous pénétrer d’un désir pressant d’être par Jésus-Christ de vrais et constants intercesseurs pour nos compagnons de voyage.

Assiste-nous, grand Dieu, par ton St-Esprit, pour cette oeuvre excellente!

Rechercher quelle fut la nature et la source de l’intercession d’Abraham, et leur comparer ensuite nos sentiments et nos prières, tel sera l’ordre de nos réflexions.



* * *


1.


Le Père des croyants nous donne ici une preuve de la réalité et de la vivacité de sa foi.

Quoique le personnage qui vient de lui annoncer la destinée de Sodome lui soit apparu sous des traits humains, cependant il a reconnu en lui l’Ange de l’Alliance, l’Éternel, Dieu manifesté en chair; aussi, du moment que la parole concernant les villes de la plaine est sortie de la bouche du céleste Messager, IL L’ACCEPTE COMME LA VÉRITÉ MÊME.

Cette sentence est devant ses yeux comme si elle s’accomplissait, et la foi la lui représente dans toute sa portée.

Sodome et Gomorrhe ne lui apparaissent plus comme un jardin de l'Éternel dont les habitants jouissent en paix de la prospérité et de l’abondance; il en voit la terre brûlée, les murailles embrasées, les hommes, les femmes, la génération entière périssant dans l’ardeur du feu; il entend leurs cris et leurs sanglots parce qu’il sait que:


CE QUE L’ÉTERNEL A DIT, IL LE FERA

ET QU’IL N’EN MANQUERA PAS UN SEUL TRAIT DE LETTRE


Par la foi qui donne une subsistance aux choses qu’on ne voit point, ses compassions sont donc émues; il ne peut supporter la pensée que tant de malheureux aillent être consumés et plongés subitement dans une éternité de misères; il frémit encore pour tous les fidèles serviteurs de Dieu qui pourraient se trouver enveloppés dans la ville rebelle par la destruction dont il vient d’avoir le secret.

Quand même il ne les connaît pas et que peut-être jamais il ne les rencontrera sur la terre des vivants, néanmoins comme enfants du Seigneur ils sont ses frères et ses amis, ils ont toute sa sympathie.

De là, mes frères, cette prière l’expression d’une tendre charité à l’égard de tous les habitants que le jugement de Dieu va frapper,

de là cette persévérance dans ses suppliques,

de là cette intercession avec une hardiesse mêlée à la fois d’humilité et de confiance filiales,

de là cette manière si ingénieuse d’amener le Seigneur, je parle en homme, à consentir d’abord à ce que Sodome serait épargnée SI cinquante justes s’y trouvaient, et ensuite à ce que, n’y eu eut-il que trente, vingt ou même dix, grâce serait encore faite.

J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé, disait David (Psaume CXVI, 10).

Ici, mes frères, il est également facile d’observer que, si Abraham parle et tient un langage si admirable, c’est parce qu’il a cru son Dieu.

Sous l'influence de la parole divine, il voit les désolations des villes de la plaine, et ose s’élever avec une confiance respectueuse, mais intime, au Dieu qui est tardif à colère et abondant en gratuités.

Mis en communication avec les secrets du Tout-Puissant, son coeur est réchauffé et enflammé par la charité du Père des miséricordes qui daigne s’abaisser jusqu’à lui.

Mon Dieu, peut-il se dire, est patient, et d’une longue attente, il veut miséricorde et non pas sacrifice; je puis donc lui demander un répit pour ces pêcheurs, qui vont périr, en cela même Il reconnaîtra comme son enfant.

Ah! si chacun de nous allait puiser à la même source des sentiments de compassion envers les infortunés qui sont sans Dieu et sans espérance au monde, il y aurait communion habituelle entre Jésus et nous.

À son exemple et par son Esprit, comme Lui et par Lui, nous serions, malgré notre extrême indignité, des intercesseurs permanents pour assiéger le trône de l’Éternel.

Et, par la puissante médiation du grand Chef de l’Église, sans cesse:

des contrées arides changées en jardins arrosés par les eaux vives de la grâce,

des lieux ténébreux rendus de pieux tabernacles éclairés par le Soleil de justice,

des villes et des bourgades arrachées au sceptre de Satan,

des Sauls et des Zachées amenés captifs au pied de la croix...

... seraient le sujet des cantiques et des actions de grâces des fidèles.

Mais, mes frères, si nous avons trop peu de ces joies, cela ne viendrait-il point de ce que peu de personnes prennent véritablement à cœur d’intercéder pour le monde, et d’imiter l’exemple du patriarche?

Examinons-nous donc sérieusement à cet égard.



* * *


2.


Croyez-vous, d’abord, qu’il y ait encore une Sodome contre laquelle la destruction soit prononcée?

Et cette Sodome, la voyez-vous autour de nous?

Si vous recevez la Parole de Dieu comme la vérité, vous ne pouvez dire non; car, n’est-ce pas pour tous les temps que Jésus a parlé des vierges folles, des serviteurs inutiles, des pharisiens hypocrites, dont le partage sera dans les ténèbres du dehors, au feu éternel, là où il y a des pleurs et des grincements de dents.

En outre, il y a parmi nous, on ne peut douter, des hommes qui n’ont pas subi la nouvelle naissance sans laquelle nul, a dit le Christ, ne peut voir le Royaume de Dieu:


ILS RESTENT DONC DANS LE ROYAUME DE SATAN,

DESTINÉS À LA PERDITION.


Il y en a d’autres qui refusent positivement de croire au Fils de Dieu, et par conséquent, l'Évangile l’affirme, la colère de Dieu demeure sur eux.

N’est-il pas encore déclaré par St-Pierre, de la manière la plus expresse, que le Seigneur réserve les injustes pour être punis au jour du jugement et principalement ceux qui suivent les mouvements de la chair dans des convoitises impures, qui méprisent les puissances y qui sont audacieux attachés à leur propres sens (2 Pierre II, 9-10).

Or le siècle actuel et le pays où nous vivons ne sont-ils malheureusement pas célèbres par l’esprit d'insubordination, par l'orgueil et le mépris de tout frein?

L’avant-dernier chapitre de la Bible, cette portion ou l’Esprit saint semble avoir résumé tout; ce qui se rapporte à l’éternité qui nous attend, n’est pas moins expresse et effrayante.

Celui qui vaincra héritera toutes choses, fait écrire le Seigneur, je serai son Dieu et il sera mon fils; MAIS pour les timides, les incrédules, les gens de mauvaise vie, les abominables, les homicides les empoisonneurs et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort. (Apoc. XXI. 8).


Je vous le demande, les larmes aux yeux, le mensonge est-il une rareté parmi nous?

Le libertinage et les excès de tous genres ne souillent-ils pas l’intérieur des maisons et même publiquement nos rues?

L’idolâtrie de l'avarice, de la sensualité, des choses vaines, et celle plus littérale de la superstition ont-elles disparu?

En un mot, n’y a-t-il plus de pécheurs impénitents, d’incrédules déclarés, d’hommes hardis pour leurs intérêts d’ici bas, mais timides dès qu'il s’agit DU DROIT DE DIEU?

Oh! mes frères, chacune de ces questions doit être pour nous comme un trait décoché au fond du coeur qui fait pousser le gémissement le plus douloureux: car il n’est que trop vrai que depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête, il n’y a rien de sain dans ce peuple, il n’y a que blessures, meurtrissures et plaies qui n’ont point été nettoyées ni bandées. (Ésaïe l, 6).

Et à tous ces égarements la génération dont nous faisons partie a ajouté celui-ci:


ELLE NE VEUT PAS ÊTRE GUÉRIE,


Sans cesse elle s’écrie: Qui nous fera voir des biens? Mais à l’égard de celui qui est Amour, Charité, Paix, Lumière et Vie. Elle répète sans cesse: Qui est l'Éternel pour que nous le servions? quel profit nous en reviendra-t-il?

Malheureux... malheureux peuple, ne comprendras-tu pas enfin que la longue patience de Dieu est pour ton salut?

Ainsi, mes bien aimés auditeurs, si vous croyez la Bible et si vous jetez un seul coup d’oeil sur le train que suit la multitude qui fait le mal, vous serez obligés de dire avec nous qu’il y a non seulement parmi les nations païennes, mais parmi nos concitoyens, nos relations et MÊME NOS PLUS PROCHES PARENTS, des milliers d’hommes menacés d'une calamité subite, épouvantable, éternelle....!

Et qu’on ne dise pas que notre imagination s’effraye et charge le tableau.

Jésus n’a-t-il pas annoncé que Sodome et Gomorrhe s’élèveraient en condamnation contre les villes où son Évangile aura été prêché, mais rejeté;

et St-Pierre que si l'Éternel a condamné à une subversion totale Sodome et Gomorrhe, les réduisant en cendres pour les faire servir d’exemple à ceux qui vivraient dans l’impiété, il saura bien réserver les injustes pour le jour du jugement. (2 Pierre II, 6-9).


B. Eh bien! ces dénonciations vous touchent-elles?

En êtes-vous émus? Ou déjà vivement préoccupés?

Vous suivent-elles au milieu de vos affaires et de votre cercle domestique?

Quand vous jouissez des secours spirituels et des privilèges d’un culte évangélique, pensez-vous avec douleur à ceux qui en sont encore privés ou qui les méprisent?

Jésus, notre Maître, a quitté le séjour de la gloire et les joies célestes, parce que la condamnation et la mort allaient engloutir tous les enfants d’Adam de génération en génération; il a poussé sa charité compatissante jusqu’à mourir crucifié et maudit, afin de détruire celui qui a l'empire de la mort; ET VOUS RESTERIEZ FROIDS ET INSENSIBLES en présence de ces générations rebelles et incrédules qui ne veulent rien du salut de Jésus, et vont s’abîmer pour jamais dans le gouffre de la damnation?

Votre coeur ne palpiterait pas?

Votre sympathie resterait muette?

Oh! c’est impossible. Dites-nous au contraire que vous avez là... quelque chose sur le cœur... UN POIDS QUI VOUS ACCABLE, TANT QUE L’INFIDÉLITÉ TRIOMPHE, que Mammon a ses autels et que Baal est le dieu de ce siècle.

Dites-nous que vous affligez votre âme comme le juste Lot à cause des péchés de Sodome et que votre complainte est celle du prophète:

Plût à Dieu que ma tête fût un réservoir d’eau et mes yeux une vive fontaine de larmes, je pleurerais nuit et jour les blessés à mort de la fille de mon peuple. (Jérémie IX. I.)


C. Alors, que faites-vous pour vos malheureux compagnons de route?

Sans doute nouveau sacrificateur inhumain, vous ne passez pas, mon cher frère, près du Juif dépouillé par des voleurs, baigné dans son sang et demi-mort, sans lui tendre secours; mais plutôt, comme le Samaritain, vous volez à son aide, efforts personnels, sacrifices de temps et d’argent vous n’épargnez rien pour relever l’infortuné, pour panser sa blessure et le mettre en état de continuer son voyage!

Oui, c’est là ce que nous avons droit d’attendre de votre compassion envers cette pauvre humanité, trop bien représentée hélas! par l’infortuné qui se mourait sur le bord du chemin sans que personne y prît garde; mais peut-on dire que c’est ce qu’en réalité vous vous efforcez d’accomplir pour son relèvement spirituel?

Lui faites-vous entendre une parole douce pour le ranimer?

Lui dites-vous comme autrefois le Seigneur à son peuple: vis dans ton sang? (Ezéchiel XVI, 6.) Quelle triste réponse doit être faite!

Non; il ne faut pas avoir vécu longtemps parmi les hommes et même parmi un grand nombre de ceux qui professent le christianisme pour reconnaître que:

LORSQUE JÉSUS LES INVITE À ÊTRE OUVRIERS AVEC LUI pour le salut des âmes, qu’il les appelle à ce beau festin de la charité, ILS S'EXCUSENT COMME LES CONVIÉS DE LA PARABOLE, ils disent à l'envi: je n'y saurais aller.

La forme seule de leur refus est un peu changée.

L’un ajoute: je suis trop pauvre et n’ai rien à donner;

l’autre: je n’ai point de temps disponible;

celui-ci: je n’ai ni les talents ni les lumières nécessaires;

celui-là: je ne me sens pas assez de courage, je laisse cette oeuvre à de plus zélés et de plus entreprenants.

Mais, ô insensés, jusqu’à quand faudra-t-il répéter que ce qui vous est demandé par le Seigneur pour la conversion du monde et la vie de vos semblables, c’est ce que vous pouvez tous donner si vous les aimez par la foi?


QUE VOUS EN COÛTERA-T-IL D’INTERCÉDER

COMME ABRAHAM, DE PRIER POUR EUX?


Comme on s’abuse à cet égard, comme on se laisse aveugler par le Tentateur!

On oublie que l’œuvre à laquelle Jésus nous invite pour retirer les âmes de la mort est une œuvre qui se fait à deux genoux devant Dieu; on oublie que les armes pour renverser les forteresses du Grand Adversaire ne sont ni l’or, ni l’argent, ni la science, ni l’habileté, ni les talents, ni le pouvoir, mais la prière au nom du Christ.

Puis, une fois dominé par cette erreur, chacun a bientôt conclu qu’il se trouve dans des circonstances trop peu favorables pour travailler à l’avancement du règne de Dieu. Et, cependant, telle ne fut pas la manière d’agir d’Abraham.

Lui aussi aurait pu prétexter qu’il ne pouvait rien faire pour instruire et pour convertir les habitants de Sodome, se trouvant trop éloigné d’eux; non, il va directement à l’Éternel.

Pourquoi donc ne ferions-nous pas de même?

Celui qui tient en sa main les coeurs des hommes et la destinée des nations aurait-il son bras tellement raccourci qu’il ne put plus bénir? Oh! soyons honteux de notre aveuglement et de nos oublis.

Ce que nous vous demandons, mon cher frère, et ce que nous vous reprochons de n’avoir pas donné suffisamment pour l’abolition de l’impiété et de l’injustice, c’est vous même, oui vous même, votre cœur et par conséquent vos prières.

Oh! quand vous croirez avec quelque fermeté ce que Dieu a dit sur le sort futur des méchants et que vous aimerez votre prochain, quelqu'il soit, avec un peu de vie, ALORS VOUS PRIEREZ, VOUS INTERCÉDEREZ COMME ABRAHAM, et vous mettrez entre les mains de votre Père céleste pour le salut des siens toutes les ressources qui sont à votre disposition.

Après l'avoir invoqué, vous serez heureux de travailler, de donner même du fruit de nos sueurs, pour tout ce qui peut concourir aux desseins de sa miséricorde. Non, nous ne réclamons que vos prières, parce que si vous les donnez de coeur, vous serez prêts à tous les sacrifices auxquels votre bon Maître pourrait vous appeler.

N’est-ce pas en effet la mère qui, prosternée au pied du lit de son enfant mourant, prie avec le plus d’ardeur, qui le soigne aussi avec le plus de tendresse, et s'ôte même le pain de la bouche pour le donner à l’objet chéri de ses soins et de ses supplications?


D. Mais, nous prions: répondront quelques-uns.

Oui, je crois que tous ceux qui ont dans le cœur quelque chose de la foi du Patriarche supplient fréquemment l’Éternel d’avoir pitié de ce monde aveugle, d'opérer par sa Grâce et d’accomplir la délivrance des captifs de la loi du péché.

Prenez donc de plus en plus pour modèle, pourrons-nous leur dire, la confiance d’Abraham, sa sainte hardiesse et sa persévérance; comprenez l’excellence de votre vocation, vous êtes ici-bas les témoins du Seigneur appelés à répondre par vos ferventes requêtes aux vues de sa charité.

Avant de sauver une ville, d’épargner un pays, de ramener un pécheur égaré, il veut que vous l’en ayez prié, il vous initie à cet effet par sa Parole à ses desseins, afin que vous puissiez être en tout temps les canaux de sa gratuité.

Profitez donc de vos immenses privilèges, et ne demandez pas peu, selon l’exhortation d’Élisée. Mais à combien de personnes ne pouvons-nous pas dire avec trop de vraisemblance:

Vous ne savez pas ce que c’est que de parler à Dieu avec l’Esprit de prière du Père des croyants; non, vous n’intercédez pas comme de vrais suppliants en faveur de telle personne de telle contrée:

VOS PRIÈRES SONT FROIDES, conçues pour l’ordinaire dans des expressions vagues, trop générales et rarement dictées par une réelle et profonde sympathie pour le sort qui attend les réprouvés; VOUS NE PERSÉVÉREZ PAS non plus.

Quand le Patriarche vit l’embrasement de Sodome il put se dire que, par sa persévérante intercession, la clémence divine avait été fléchie au point d’épargner la ville si dix justes s’y étaient trouvés; et vous, mes chers auditeurs, en apprenant la désolation d’un pays, d’une cité, ou la fin misérable de quelqu’un de ceux qui vous entourent, avez-vous pu tenir un pareil langage?

Oh! Nous vous eu conjurons, si, vous-mêmes, vous voulez échapper à la désolation de Sodome et vous trouver du côté d’Abraham et de Lot, ouvrez les yeux sur la nature de votre culte envers Dieu et de vos prières pour votre prochain: car dès que vous aurez mis vos pieds sur la terre de refuge (ah! faites en l’heureuse expérience!) la compassion de Celui qui vous aura sauvés à main forte et à bras étendus, vous pressera d’y attirer par tous les moyens, d’y appeler de la voix la plus pressante tous ceux de vos semblables, d’entre vos concitoyens et vos proches, que vous verrez en danger d’être engloutis et consumés pour toujours.

Reconnaissant que le même bras, qui vous aura conduits et portés à Tsohar, peut seul les secourir, c'est à l’Éternel Dieu pour l'amour de son Fils, le vrai et parfait Intercesseur que vous offrirez comme Abraham une vive et continuelle supplication.

Qu'il serait beau ce jour pour l’Église de Christ, qu’il serait glorieux devant les anges du Tout-Puissant qui sont attentifs à la conversion des âmes, si, déjà dans cette assemblée, tant de cœurs glacés, jusqu’à maintenant, par l’égoïsme, s'ouvraient à la Parole sainte pour être réchauffés, vivifiés et rendus sensibles, soit à l’horreur de la calamité qui menace les impénitents, soit à l’excellence de l’héritage qui est destiné aux saints!


Esprit, viens des quatre vents; souffle sur ces morts et qu'ils vivent.

(Ezéchiel XXXVII, 9.)


Vous enfin, mes très chers frères, qui après avoir paru comprendre et goûter l’Évangile, vous laissez aller à la tiédeur et qui abandonnez peut-être votre première charité sous l’influence pernicieuse de la chair, du monde et de Satan, soyez attentifs à l'exemple qui vous est aujourd’hui proposé.

Voici une occasion de sortir de cette torpeur. Le Seigneur vous appelle par ma voix à rallumer le feu sacré qui, par sa grâce, jetait en vous quelques étincelles.

Réveillez-vous donc, secouez vos membres engourdis, renoncez à cette déplorable faiblesse de prières et d'action pour le règne du Très-Haut.

On ne doit plus désormais vous appliquer avec quelque justesse cette plainte du prophète:

II n'y a personne qui réclame ton nom ô Éternel, ni qui se réveille pour se tenir ferme à Toi; c’est pourquoi tu as caché Ta face de nous, et Tu nous as fait fondre par la force de nos iniquités. (Ésaïe LXIV, 7.)

Oh! pour l’amour de ces âmes infortunées que chaque instant voit mourir de la mort des méchants; pour l’amour des Chrétiens sincères qui sont enveloppés dans les jugements que s’attirent ici-bas les impies; pour l’amour de ce Grand Dieu notre bon Père, dont le Nom est sans cesse blasphémé par tous ces hommes si nombreux qui s’écrient avec audace: Rompons ses liens, jetons loin de nous ses cordes; pour l’amour encore du bien-aimé Sauveur, le refuge de l'âme pénitente qui veut se servir de vous comme d’instruments pour son œuvre de miséricorde et de vie, pour l’amour enfin de vous-mêmes, de vos âmes dont les intérêts doivent être à jamais unis avec la gloire de notre Grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, intercédez....., intercédez pour Sodome.

Elle est à vos côtés, de toutes parts,

ses chants impurs retentissent,

ses profanations vous entourent,

ses fêtes coupables continuent et se multiplient,

elle persévère dans son culte idolâtre et mensonger,

son orgueil et sa licence sont montés jusqu’au faîte...

mais le feu de la justice divine s’allume... le bras du Dieu Fort, juste Juge, est suspendu... il va frapper... oh! intercédez, intercédez pour Sodome!

Mon Dieu que nos yeux se fondent en ruisseaux de larmes parce qu’on n'observe point ta loi!

Mon Dieu! mon Dieu! élève nos coeurs et nos mains vers Toi pour Te supplier dans le temps qu’on Te trouve.

Mon Dieu! mon Dieu! baptise-nous tous au nom de Jésus, de Ton Esprit de Grâce et de supplications. Amen.


* * *


Nota. — En publiant ce discours, l’auteur a eu tout premièrement en vue d’appeler sur la ville où il exerce son ministère la communion des prières de tous les enfants de Dieu auxquels ces pages parviendront.

Chacun se représentera facilement tout ce que le sol qu’il est appelé à défricher et à cultiver offre d’obstacles à ce que la bonne semence germe et fructifie.

Là, plus que dans la plupart des autres localités, l’œil est attristé en ne contemplant presque de toutes parts, que ce que Jésus a nommé les chemins battus, le terrain pierreux et les lieux remplis de ronces et d’épines.

Souvenez-vous donc, bien-aimés frères, de la ville du Havre et du lumignon qu’il a plu au Seigneur d’y placer.




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