Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

INSTRUCTIONS

SUR

L’HUMILITÉ

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L'Écriture sainte nous apprend que Dieu résiste aux orgueilleux, qu’il abaisse ceux qui s’élèvent, qu’il faut être semblable à des petits enfants pour entrer dans sa gloire; enfin, qu’il ne répand ses grâces que sur les humbles.

Qu’il est donc important pour nous de bannir de notre esprit toute présomption, toute vanité, tout orgueil. Il n’est point d’efforts que nous ne devions faire pour réussir dans cette entreprise; et pour cela:

  1. Considérons que de nous-mêmes nous ne possédons rien qui puisse nous élever.

    De notre fonds nous n’avons autre chose que le péché et la misère; et quant aux dons de la nature et de la grâce qui sont en nous, COMME C’EST DE DIEU QUE NOUS LES AVONS REÇUS, C’EST À LUI SEUL QU’EN APPARTIENT TOUTE LA GLOIRE.

  2. Que le souvenir de nos fautes passées ne sorte jamais de notre mémoire.

    Jugeons quelle estime nous devons faire de nous-mêmes, après toutes les transgressions dont nous nous sommes rendus coupables!

  3. Pensons souvent à notre faiblesse actuelle, à notre lâcheté et à notre inconstance dans le service de Dieu: qu’elles servent à nous abaisser à nos propres yeux.

  4. N’espérons pas acquérir l’humilité sinon par des pratiques qui lui soient analogues.

    Ce sont des actes de patience, de douceur, de renoncement à notre propre sens, qui détruiront en nous le règne de l’amour-propre.

  5. Évitons avec le plus grand soin toute parole hautaine; parlons peu de nous-mêmes, et évitons de dire ce qui serait à notre avantage.

  6. Lorsque nous entendons faire notre éloge, ressentons une sainte inquiétude, craignons que ce ne soit là toute LA RÉCOMPENSE DU PEU DE BIEN QUE NOUS AVONS FAIT.

    Reconnaissons intérieurement notre misère.

    Tâchons de détourner le discours, non d’une manière qui nous attirerait de plus grandes louanges, comme le feraient de faux humbles; mais avec une pieuse industrie, de sorte qu’on cesse de s’occuper de nous.

    Que si nous ne pouvons pas l'empêcher, renvoyons à Dieu, dans le secret de notre cœur, cet honneur qui n’appartient qu’à lui.

  7. À quelque degré de piété et de vertu que par la grâce divine nous puissions parvenir, marchons cependant dans la crainte, et ne nous fions pas à nous-mêmes.

    N’oublions jamais que nous portons en nous une source de péchés qui ne saurait tarir. Ainsi, soyons sans cesse sur nos gardes, fuyons les occasions tant soit peu dangereuses; et comme NOUS NE POUVONS RIEN QUE PAR LE SECOURS DE DIEU, conjurons-le de ne pas nous abandonner un instant.

  8. Si, parmi les personnes avec lesquelles nous vivons, il s’en trouve quelqu'une que nous soyons tentés de mépriser, étudions ses bonnes qualités, les avantages de la nature ou de la grâce dont Dieu l’a pourvue; et lorsque nous aurons reconnu ce qu’il y a d’estimable en cette personne, servons-nous-en pour étouffer en nous tout sentiment de dédain. Nous trouverons au moins que c’est une créature de Dieu, formée à son image, rachetée par le sang précieux de son fils, une âme capable de le voir et de le posséder éternellement.

  9. Accoutumons-nous à ne contredire personne dans la conversation, lorsqu’il s’agit de choses douteuses qu’on peut soutenir de part et d’autre.

    Agissons de même dans les choses de nulle conséquence, quand nous saurions que ce que l’on avance n’est pas réel. Dans les autres occasions, lorsqu’il importe de défendre la vérité, que ce soit toujours sans aigreur: nous la persuaderons bien mieux avec douceur qu’avec impétuosité.

  10. Abstenons-nous, comme d’un très grand mal de juger les autres d’une manière fâcheuses.

    Tâchons, au contraire, d’interpréter favorablement ce qu’ils disent et ce qu’ils font: que SI LA CHOSE N’EST PAS POSSIBLE, DÉTOURNONS NOTRE ESPRIT D’Y PENSER, si notre place ne nous oblige pas d’y remédier.

  11. Lorsque nous entendons décrier quelqu’un, éprouvons-en de la douleur.

    Excusons en nous-mêmes la faiblesse de celui qui médit; mais, d’un autre côté, tâchons de défendre l’honneur de celui qui est attaqué.

    Faisons-le d’une manière si judicieuse, qu’en le défendant nous ne donnions pas occasion de le noircir davantage; faisons-le, tantôt en insinuant les choses qui le rendent recommandable; ou bien en rapportant l’estime que d’autres en font, ou en changeant adroitement de discours, ou en témoignant le déplaisir que nous éprouvons.

    Nous ferons par là un très grand bien 1) à nous-même, 2) à celui qui médit, 3) à ceux qui l’entendent, et à la personne dont on parle mal.

    Mais si nous sentons quelque plaisir lorsqu’on rabaisse notre prochain, ou quelque déplaisir lorsqu’on l’élève, sans combattre ce mouvement de tout notre pouvoir, ah! que nous sommes loin de posséder le trésor de l’humilité!

  12. Si nous venons à être offensés, ne nous arrêtons pas à la personne de qui nous avons reçu cette injure; mais REGARDONS À DIEU QUI L’A PERMISE, soit pour punir nos fautes, soit pour anéantir en nous l’esprit d’orgueil en nous appelant à une telle humiliation.

  13. Ayons le plus grand soin de ne jamais attrister notre prochain, quelque inférieur qu’il nous soit, par nos paroles, nos actions, ou notre manière de le traiter.

    Songeons qu’en attristant notre frère, NOUS ATTRISTERIONS EN QUELQUE SORTE JÉSUS-CHRIST, qui tient comme fait à soi ce que l’on fait au plus petit de ses membres.

  14. Ayons pour nos semblables une source inépuisable de douceur et de cordialité; saisissons avec ardeur les occasions de leur être utiles; mais QUE CE SOIT DANS LA VUE DE PLAIRE À DIEU.

    Épurons avec soin les motifs qui nous font agir pour en exclure tout principe de vanité; songeons qu’UNE BONNE ŒUVRE QUE NOUS TENONS SECRÈTE DEVIENT POUR NOUS D’UN AVANTAGE INAPPRÉCIABLE, au lieu que celle qui, par notre faute, vient à la connaissance des hommes, tandis qu’il était en notre pouvoir de l’y dérober, est à moitié perdue, et en danger de l’être entièrement.

  15. Après la considération de notre néant, de notre faiblesse, de nos chutes, un moyen bien efficace de nous porter à l’humilité est de faire souvent cette réflexion: si je ne prends pas soin de m’humilier moi-même, Dieu certainement m’humiliera!

    Peut-être retirera-t-il sa grâce de moi, et permettra-t-il que je tombe en quelque faute grave qui me déshonorera dès ici-bas aux yeux des hommes.

    Ah! ne vaut-il pas mieux me faire justice à moi-même par un abaissement VOLONTAIRE, que de m’exposer aux terribles humiliations qu’éprouvent souvent dès cette vie les superbes, et à celles plus terribles qui leur sont réservées dans l’éternité?

  16. Une considération toute puissante encore pour nous faire aimer cette vertu, C’EST L’EXEMPLE DE NOTRE DIVIN SAUVEUR que nous devons avoir continuellement devant les yeux. Il nous dit lui-même: apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur.

    Et quel est l’orgueil que l’humilité de ce Maître divin ne serait pas capable de guérir?

    À dire vrai, c’est lui seul qui s’est véritablement abaissé.

    Lorsqu’il semble que nous le faisons, nous nous mettons seulement au rang qui nous est dû, et nous prenons notre place.

    POUR JÉSUS-CHRIST, IL EST DIEU TOUT PUISSANT; ET IL A CONSENTI À ÊTRE HOMME, FAIBLE, PASSIBLE, ET OBÉISSANT JUSQU’À LA MORT.

    Celui qui fait dans le ciel la béatitude des anges et des saints, a permis à la douleur d’exercer sur lui tout son empire.

    Celui qui est la sagesse incréée et la sainteté par essence, n’a pas refusé d’être traité comme un malfaiteur. Après un tel exemple, quel orgueil oserions-nous conserver?


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Ayons soin de ne pas nous décourager par les difficultés que nous éprouverons d’abord dans les pratiques qui viennent de nous être recommandées, et par les oppositions que nous rencontrerons en nous-mêmes pour les suivre; GARDONS-NOUS BIEN DE DIRE: «CETTE DOCTRINE EST DURE; COMMENT LA METTRE EN PRATIQUE?»

Heureux et mille fois heureux, si, entrant dans ces sentiments, nous faisons une étude continuelle de l’humilité pour obtenir un jour, PAR LES MÉRITES DE NOTRE ADORABLE SAUVEUR, les grandeurs de la gloire éternelle.

Francois-Auguste-Alphonse Gonthier 1824



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