Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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NOTRE ŒUVRE SOCIALE EN ALLEMAGNE


Nous prenons l’histoire suivante dans le rapport de l’une de nos institutions:

«Mon père était un fonctionnaire à Stuttgart; il n’avait épargné aucune dépense pour me faire donner une bonne instruction. À l’âge de vingt ans, j’allai en France, pour me chercher une place de gouvernante.

J’étais jolie, me disait-on, assez douée, enthousiaste pour tout ce qui est bien, et comme je savais me comporter dans le monde, je trouvai une bonne place chez un comte et vécus quinze heureuses années dans cette famille.

C’était au temps où tout le monde s’intéressait au plan hardi du percement de l’isthme de Panama; enthousiasmée par les rapports que je lisais dans les journaux, je plaçai toutes mes épargnes, c’est-à-dire 12 000 francs (en 1914), dans la grande entreprise française.

Comme on le sait, ce fut une faillite effroyable et tous les actionnaires perdirent tout. J’en étais presque folle — le travail de tant d’années pour rien — tout perdu!

Malgré les offres de la comtesse, je quittai la chère maison, et retournai dans ma patrie, où j’espérais oublier. — Je m’imaginais être reçue à bras ouverts, mais lorsque mes parents apprirent que j’avais perdu tout mon argent, ils ne voulurent plus rien savoir de moi.

Ainsi, je retournai en France, où je fus reçue comme cuisinière chez un pasteur. Celui-ci m’engagea fortement à épouser un certain marchand de bestiaux de sa connaissance, C’est ce que je fis, et après vingt années de mariage, je devins veuve et mon mari laissait tout son avoir aux enfants de sa première femme.

Ceux-ci, fatigués de mes plaintes, me mirent à la rue et personne ne s’occupa de moi. Sans le sou et à pied, dans la seule robe que je possédasse, je rentrai en Allemagne. En chemin, il me fallait mendier pour apaiser ma faim. Enfin, j’arrivai à M. dans l’espoir de trouver du travail ou d’être secourue par les autorités de mon pays d’origine. Pendant mon long séjour à l’étranger, j’avais perdu mon droit de bourgeoisie et qui est-ce qui prend une femme de 68 ans en service?


Pour oublier mon malheur, je me mis à boire. Les quelques centimes que je réussissais à me procurer en mendiant trouvaient le chemin du cabaret; les nuits je les passais à la belle étoile. Un jour j’entrai en conversation dans la rue avec une femme; elle me posa différentes questions et finalement me conseilla d’aller à l’Armée du Salut. «Car, me dit-elle, c’est la seule chose que vous puissiez faire dans votre position.»

Bien que j’eusse peu de confiance, que quelqu’un s’occuperait de moi, je suivis cependant ce conseil et je fus bien accueillie. Quelle joie pour moi d’avoir une jolie chambre avec un lit propre, de la nourriture à discrétion et d’être enfin traitée comme un être humain.»

Nous avons eu plus de deux mois cette malheureuse chez nous. Elle était si reconnaissante pour tous nos services. Elle a pris la ferme décision d’être bonne, et le Seigneur l'a aidé. Elle a trouvé une place, et lorsque plus tard, une fois, elle vint nous visiter, elle nous remercia en pleurant de ce que, par la grâce de Dieu, nous lui avions tendu une main secourable, lorsqu’elle était déjà au bord de l’abîme.

Nous pourrions raconter les cas de nombreuses femmes relevées comme elle, grâce au secours matériel offert dans les jours difficiles et chez lesquelles la grâce de Dieu est intervenue pour les transformer complètement.

En avant 1914 03 21



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