COMMENT ON DEVIENT RÉTROGRADE
Par le Général
Ce sont les commencements qui sont si profondément importants, et cependant si petits parfois.
C’est une des analogies qui existent entre les maladies de l’âme et celles du corps. Les docteurs nous disent qu’un atome de matière infectieuse, aussi petit que le plus petit grain de farine visible à l’œil nu, peut empoisonner tout le corps d’un homme, lui causer d’indéfinissables souffrances et finalement le tuer.
– Ainsi la plus insignifiante désobéissance,
– le plus petit des péchés cachés,
le plus faible doute,
– la moindre impureté que personne ne voit,
sont suffisants pour détruire la santé de l’âme et la vie.
Comment êtes-vous devenu rétrograde?
– Comment cela s’est-il produit?
– On a mal agi avec vous?
– Quelqu’un a mal parlé de vous?
– Vous avez perdu confiance en vos Officiers?
– Vous avez découvert quelque chose de mauvais chez quelqu’un d’autre et cela vous a ébranlé?
– Vous avez été fortement tenté?
Très bien, je puis parfaitement vous comprendre. Je crains que beaucoup de braves gens n’aient à répondre de ce que, par leur négligence ou leur insouciance, ils ont contribué à faire tomber les faibles et les infirmes sur le chemin.
DIEU DÉCIDERA DE TOUT CELA.
IL FERA CE QUI EST JUSTE.
Mais n’est-il pas survenu quelque chose avant que ces difficultés ne vous ébranlent?
Il y a quelque temps, une pauvre rétrograde en détresse m’écrivit et vint me voir. Elle avait été autrefois une Salutiste utile, très heureuse et aimée. Mais tout avait changé. C’étaient les ténèbres partout, dans son âme et dans ses circonstances. Une douleur amère, comme un affreux vampire, semblait lui boire le sang; dans l’angoisse et le chagrin elle se tourna vers moi. Je fis ce que je pus pour la ramener à la lumière et à la foi, et je lui demandai:
Comment cela a-t-il commencé?
Voici, répondit-elle. J’avais une amie que j’aimais, une Salutiste. Nous avions promis à Dieu que l’une et l’autre nous passerions une heure chaque
jour en prière et dans sa communion. Pendant des années j’ai tenu cette promesse et vécu dans la victoire.
Mais mon travail s’accrut et je dis un jour: Je ne prierai qu’une demi-heure, je pourrai ainsi me reposer un peu plus.
Dès ce jour je me refroidis dans mon âme. Je n’avais plus autant d’amour pour les pécheurs. J’avais perdu la joie. Il n’y avait pas de changement à l’extérieur, mais, oh! que j’étais faible! faible! faible! Puis quand survint telle et telle chose, je cédai et quittai mon poste; maintenant j’ai tout perdu.
TOUT A COMMENCÉ PAR LA NÉGLIGENCE DE LA PRIÈRE.
Vous voyez bien que ni le traitement sévère par lequel elle passa ni la terrible affliction qui fondit sur elle ne furent la cause de sa chute — ce fut parce qu’elle avait cessé de prier.
En a-t-il été ainsi pour vous?
Et avez-vous jeté le blâme sur ce qui survint après, au lieu de vous accuser vous-même?
Il y a quelques années, quelqu’un me demanda de parler à un jeune homme à une réunion de prières. Il avait l’air très malade et les marques du péché étaient visiblement empreintes sur son visage. Aussitôt que je lui tendis la main, il commença à me dire combien il était mauvais, tombé bas et loin de Dieu. Puis il continua en accusant les salutistes d’avoir été la cause de sa chute; il avait été calomnié, accusé, il ne l’oublierait jamais, et si son âme était perdue ce n’était pas sa faute.
Mon cœur se brisait en l’entendant, et je ne pus lui parler pendant quelques minutes. Après un instant de silence, je lui dis:
«Dieu vous parle-t-il, maintenant?»
«Non, dit-il, la dernière fois que j’ai entendu Dieu me parler ce lut lorsqu’il me demanda de devenir un Officier, et je n’ai pas voulu lui sacrifier ma famille.»
Ah! lui dis-je, ceci eut-il lieu avant le tort dont vous parlez?
«Oui» fut sa réponse. Et ne voyez-vous pas, repris-je, que c’est cette désobéissance qui a été le commencement de votre chute? La tentation vous a trouvé faible et le diable vous a renversé.
Le pauvre jeune homme éclata en sanglots et me raconta comment il était arrivé à:
TOUT PERDRE, PARCE QU’IL AVAIT REFUSÉ D’OBÉIR À DIEU.
Son argent, ses amis, son honorabilité et sa santé même étaient perdus. Ah! quels tristes moments j’ai passés avec lui.
Un autre rétrograde vint aussi me trouver un jour, m’énuméra toutes ses plaintes contre ses camarades et finit par accuser Dieu de l’avoir traité cruellement en faisant mourir ses enfants.
Il était rempli de propre justice et mon entretien avec lui fut des plus pénibles. Je priai et il promit de venir m’entendre le lendemain. Il le fit. À la réunion de prières, il me dit qu’il lui serait impossible d’être sauvé avant que les autres n’eussent confessé leurs torts. Nous nous séparâmes.
Quelque temps après, j’étais de nouveau dans le voisinage et à ma grande terreur, j’entendis parler de la mort de cet homme. Je m’informai anxieusement de son âme; l’on m'apprit que, peu d’instants avant sa mort, il confessa d’avoir contracté des habitudes de déshonnêteté dans ses affaires et qu’il avait retiré toutes ses amères accusations contre ses camarades et contre Dieu.
Y aurait-il quelque chose de pareil dans votre vie?
Accusez-vous l’Armée ou des camarades qui, selon vous, vous auraient fait du tort, quand en réalité il se trouve quelque chose d’horriblement mauvais:
– dans votre propre vie,
– dans vos habitudes,
– dans vos affaires,
– dans votre maison,
qui est la vraie raison pour laquelle Dieu s’est retiré de votre âme.
S’il en est ainsi, je vous en supplie, confessez-le!
Ne vous avancez pas au bord de la tombe en mentant à la face du Dieu Tout-Puissant. Ayez du courage.
Parlez! Dites la vérité!
Osez envisager les actes de votre propre vie et de votre cœur. Quelque vagues que soient les débuts de plusieurs de nos chutes, l’on ne peut se méprendre sur la fin. Chaque péché a son germe en lui-même, et ce germe apportera inévitablement une récolte de mort.
Le fruit du péché c’est la mort;
la fin du péché, c’est la mort.
Mais la mort a plusieurs manifestations. Nous la voyons autour de nous sous des formes diverses.
– Nous appelons! la feuille flétrie, qui tombe de l’arbre, une feuille morte.
– Nous disons que la faculté de voir chez l’aveugle, est morte.
– Le bras devenu insensible par la paralysie est mort.
– Les oreilles qui ne peuvent plus entendre sont mortes.
Or, l’un des dangers les plus communs des rétrogrades, et qui est le signe que les désordres terribles de l’âme travaillent à la destruction de toute espérance, se trouve dans le sentiment qu’ils ne peuvent rien, que c’est plus fort qu’eux.
C’est une illusion bien trompeuse.
Voici un homme endormi dans une maison en feu. Enfoncez la porte jetez de l’eau. Élancez-vous; la fumée aveugle et suffoque. Ah! le voici maintenant, secouezle: Réveillez-vous! Au feu! Vous êtes perdu si vous ne sautez pas en bas! Que dit il? Je ne veux pas me presser. Laissez-moi! Je ne vois pas de feu! Le fait qu’il ne voit pas de feu ou de danger, et qu'il désire qu’on le laisse est le plus grand de tous les dangers, Il en est ainsi de l’âme.
Le rétrograde qui, pendant des années, a vu et connu ce qu’une vie fidèle signifie, sait qu’une simple profession ne sert de rien;
– il sait que les tentatives vers le bien, qui ne font que conduire l’homme à l’arrière-plan de la religion, ne dureront pas.
Il sait que le monde demandera beaucoup de lui s’il professe d’être juste et, quand il mesure la hauteur immense de laquelle il est tombé, elle lui paraît désespérément impossible à être gravie de nouveau.
Plus il la considère plus il lui est difficile de remonter, et finalement il s’abandonne au désespoir.
C’EST LA MORT DE LA FOI
QUI RÉELLEMENT AMÈNE LA FIN FATALE DU RÉTROGRADE.
Vous ne pouvez pas continuer à vous éloigner de Dieu sans arriver graduellement à croire qu’il ne s’intéresse plus à vous.
Le Calvaire est bien loin et s’éloigne toujours plus de l’homme qui n’agit que par ses sens.
Toutes les grandes réalités de la miséricorde de Dieu et de l'amour de Christ s’effacent peu à peu, jusqu’à ce qu’à la fin la foi expire et l’espoir s’éteint.
Le nombre de ceux qui meurent et qui vont en enfer sous la sensation affreuse d’un espoir incertain ou du désespoir ne peut être évalué. Il est affreux d’y songer! Il est horrible de voir combien de rétrogrades — morts à toute vraie connaissance de Dieu ou de leur propre danger — il y a autour de nous.
Et pourtant, combien grande est la miséricorde de Dieu! Que de preuves tu en as dans ta propre vie qu’il a épargnée, rétrograde! Oh! reviens, reviens! Il t’appelle.
Ta place au milieu de nous reste vide.
Ton Père te cherche comme son fils perdu ou sa fille égarée. Il mérite ton amour, même davantage encore que lorsque tu l’as abandonné.
REVIENS! TA PLACE EST VIDE!
En avant 1914 03 14
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