Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LA PRISONNIÈRE DES BOHÉMIENS

CHAPITRE IV


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«Est ce que ça y est?»


«Pardon, Capitaine, avez-vous trouvé mon père et ma mère?»

Presque chaque soir la petite fille en guenilles frappe à la porte de la Capitaine Cutmore pour poser la même question.

Pas encore, ma chère, pas encore, répond la Capitaine peinée, tandis qu’elle se penche sur elle pour l’embrasser. Il te faut patienter, ma petite, et persévérer à prier.

Oh! Capitaine, murmure l'enfant, ses bras enlaçant le cou de son amie, je prie tellement. On prie au sud du pays, on prie au nord, est-ce que les deux prières se rencontreront enfin? La réponse viendra-t-elle?



* * *



Une longue lettre de Mme Booth et une grande photographie! Le cœur de la Capitaine bat bien fort tandis qu’elle déplie le papier. Est-ce que ce sont vraiment des nouvelles des parents de la pauvre enfant?

Elle commence à lire.

La lettre parle d’un père et d’une mère du comté d’York qui, il y a dix ans, ont perdu une fillette. Il y a peu de temps ils sont devenus Salutistes, et ils ont raconté leur peine à la Lieutenante qui les a aidés à apporter leur tristesse au Seigneur:

«Ils ont prié chaque jour à ce sujet et hier la Lieutenante a couru chez eux avec un numéro du Cri de Guerre dans lequel notre avis a paru. Ils pensent que votre petite Emma est leur enfant. La photographie incluse est un groupe de M. et Mme H... et de leurs enfants — y a-t-il quelque ressemblance avec ta petite bohémienne.»


La Capitaine examine avec angoisse la photographie — un groupe de visages souriants et heureux.

Une petite fille ne pourrait pas rêver de plus heureux sort que d’appartenir à cette famille. Ah! est-ce seulement son imagination ou voit-elle vraiment une ressemblance entre ces heureux enfants et la pauvre et intelligente petite bohémienne?

Oui, elle le croit, mais comment cela peut-il être prouvé?

Elle reprend la lettre:

«Ils disent que lorsque leur Emma n’était qu'un bébé, elle se traîna un jour jusqu'au foyer et se brûla le visage — il est plus que probable que la cicatrice se voit encore, juste au-dessus de l'œil gauche.»

Une cicatrice! Je ne l’ai pas remarquée. Mais le visage de l’enfant est si bronzé parle soleil! Oh! si elle n’avait pas la cicatrice! Et cependant tout s’est déroulé d’une manière si merveilleuse: ces chères gens languissant après leur enfant et priant pour elle, l’annonce dans le Cri de Guerre paraissant comme une réponse directe à leurs prières. Ce doit être elle! Je ne veux pas me permettre d’en douter.


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Cependant, tout le long du jour des craintes et des doutes s’élèvent dans son esprit. La petite bohémienne viendra la voir ce soir — comment pourra-t-elle attendre jusque-là? Jamais une journée ne lui parut passer si lentement! Enfin les ombres s’allongent, le crépuscule printanier enveloppe terre et mer, et les bois de pins deviennent de plus en plus sombres. Ah! voici le bruit de la porte du jardin.

«Pardon, a-t-on trouvé mon père et ma mère?»

Entre, entre, mon enfant!

La Capitaine saisit l’enfant dans ses bras et la porte presque dans le petit bureau.

Écoute, ma chère, une lettre et une photographie sont arrivées! De braves gens du comté d’York ont perdu une fillette il y a dix ans, et ils pensent que tu dois être leur petite Emma, mais si tu l’es, ils disent que tu dois presque sûrement avoir la cicatrice d’une vieille brûlure au-dessus de l’œil gauche.

Un regard rapide, mélangé de crainte et d’espérance, passe dans les yeux de l’enfant.

Est-ce que ça y est?

La chambre est passablement sombre et l’enfant vole à la fenêtre.

Est-ce que ça y est? Oh! dites-le moi, vite, vite, crie-t-elle en se tournant vers la lumière.

Mais pendant un instant la Capitaine ne peut pas la suivre. Si la cicatrice ne s’y trouvait pas! Pleine de craintes, elle traverse la chambre et regarde l’anxieux petit visage tourné de façon à saisir les derniers rayons de la lumière qui disparaît: La cicatrice est là!

Oh! je suis si contente! dit-elle simplement en joignant les mains, mais la Capitaine verse des larmes de joie et de reconnaissance et serrant Emma dans ses bras, elle la couvre de baisers.

Après un moment, elle se calme et sèche ses larmes.

N’aimerais-tu pas voir la photographie de ton père et de ta mère? dit-elle en mettant dans les mains de l’enfant le groupe arrivé le matin .

Oh! Oui, oui, faites-la moi voir! s’écria Emma vivement.

Et..., et tous ceux-ci sont mes frères et mes sœurs? murmure-t-elle.

(À suivre).

En avant 1914 03 07



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