Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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L’HISTOIRE DE SA FEMME


Le soleil levant inondait la petite chambre, et un rayon de lumière tombait sur les cheveux d’argent de la femme malade, donnant à son visage un éclat surnaturel. Ses traits réguliers, empreints de douceur, mais creusés par la souffrance parlaient clairement, comme si cela était écrit, d’un passé de souffrances supportées en silence dans la force de Christ et de paix aussi profonde que la rivière de Dieu. Souvenirs du passé. Ses lèvres commencèrent à se mouvoir.

J’étais habituée à être réveillée la nuit et à prier

La boisson avait fait de mon mari une brute. Un soir, il me donna un coup de pied si violent que je fus malade pendant dix semaines. Pendant tout ce temps je ne pouvais me mouvoir sans être soulevée par mes voisines. Dans un de ses accès occasionnés par la boisson, il me tira par les cheveux hors du lit, tandis que j’allaitais mon enfant, et me jeta au bas de l'escalier par une froide nuit d’hiver, puis il me chassa dehors. Il pleuvait, le vent soufflait violemment; je stationnai là pendant des heures, à moitié habillée, et me demandais quand cela finirait. Une nuit à événements.

«Une nuit. — je m’en souviens très bien, la lune brillait dans le ciel, éclairant les montagnes — un homme vint en tremblant vers moi. Il était très agité.

Dites-moi, cria-t-il d’une voix sourde, est-ce un esprit ou une femme?

Ce n’est qu’une pauvre femme, répliquai-je. Il croyait avoir vu un esprit.

«Bien que n’ayant que peu d’argent en ma possession et une petite famille à nourrir, je ne me souviens pas d'avoir jamais manqué de placer un verre de bière à côté de l’assiette de mon mari, je devais le faire.

Un soir il rentra et me dit qu’il était allé faire une promenade. Il n’avait rien bu et paraissait misérable. Je plaçai comme d’habitude son verre de bière à côté de lui. Il s’assit à table, pendant un moment il ferma à demi les yeux et ses lèvres remuèrent en silence. Le verre vide.

Alors il saisit le verre de sa main tremblante, se leva et alla le vider dans l’évier. Puis il se promena de long en large par la chambre, paraissant agité et hésitant; apercevant une petite Bible recouverte de poussière, il la prit et se mit à lire quelques lignes.

Ce soir-là il alla à l’Armée du Salut. Il s’y était rendu sans que je l’apprisse. Je n’oublierai jamais son retour.

Il avait pris un des enfants avec lui. C’était la première fois que je le voyais prendre un de ses enfants par la main.

Le lendemain soir, j’étais déjà couchée lorsque j’entendis un bruit étrange au bas de l’escalier. Je descendis de mon lit et ouvris la porte. Tout était sombre. J’écoutai. Ce bruit étrange continuait et j'entendais des sanglots. C'était mon pauvre mari qui essayait de prier. Mes sentiments peuvent être mieux compris que décrits.

Avant de nous retirer pour la nuit, le soir suivant, il appela les enfants. D’une voix rauque et brisée et tandis que de grosses larmes inondaient son visage, il me prit dans ses bras et m’embrassa. Alors, faisant un réel effort, il parla.


LA PROMESSE QU’IL NE BRISA JAMAIS.

Enfants, dit-il, — mes chers enfants — je serai pour vous un père — avec l’aide de Dieu, je le suis. Maman va vous lire quelques versets dans la Bible — et — et — je vais essayer de dire quelques mots de prière.

«Il y a vingt-cinq ans de cela, Monsieur. Et il a tenu parole.»

Tandis qu’elle parlait ainsi, ses yeux pleins de larmes et d’affection contenue rencontrèrent le regard tendre et plein de solitude de son mari. Tous deux firent monter vers le Sauveur le parfum de leurs actions de grâces.

En avant 1914 02 21


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DITES-MOI LA VÉRITÉ, DOCTEUR!


Un terrible accident a eu lieu dans une fonderie; un des ouvriers fut mortellement brûlé. Mais il ne perdit pas connaissance, et demanda lui-même qu’on voulût bien le porter chez lui. On l’emporta aussitôt, et le docteur, appelé en toute hâte, y arriva en même temps. Il regarda le pauvre ouvrier avec compassion et, voyant ses yeux fixés interrogativement sur lui, il cherchait à le distraire afin de ne pas lui dire brusquement la vérité. Mais le mourant sentait bien ce qu’il en était, et il dit calmement au docteur:

Ne craignez pas de me dire la vérité. Je sais ce qu’il en est et je suis tout à fait prêt; je sais que la mort me fera seulement entrer dans le séjour de mon Père céleste.

Puis, se tournant vers sa femme, qui ne pouvait retenir ses pleurs à la pensée de le perdre, il lui parla tendrement, la chargea de messages affectueux pour ses camarades et bientôt il s’endormit paisiblement dans les bras de Jésus.

En avant 1914 02 21



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