Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LA PRISONNIÈRE DES BOHÉMIENS


Sommaire du premier chapitre:

Une fillette qui vendait des fleurs attire l’attention de la Capitaine Cutmore, qui la visite ensuite au camp des bohémiens. Questionnée sur ses parents, l'enfant a peur et demande à la Capitaine d’entrer dans la chaumière.


Prisonniere1

CHAPITRE II


Rebecca ou Emma?

Quelle chambre bizarre! La Capitaine a visité une quantité de maisons pauvres, mais n’en a jamais vu une pareille! Il n’y a presque rien en fait d’ameublement, une table boiteuse et deux ou trois chaises cassées. Les murs sont garnis de rayons où sont alignés des objets d’ornement bon marché que les bohémiens transportent dans leurs paniers pour la vente: chiens de porcelaine aux grands yeux ouverts, vases ordinaires enduits de couleurs brillantes, paquets de lacets de souliers et tas de pinces pour lessive.

Les gens qui habitent ici sont des bohémiens, c’est clair! La fumée d’un feu de bois qui couve dans l'âtre en mauvais état remplit la chambre. Cette fumée prend la Capitaine aux yeux et à la gorge. Le contraste est si grand avec la fraîche brise de mer qui souffle au dehors, qu’elle peut à peine respirer.

Mais quand elle regarde la fillette elle oublie tout dans son étonnement.

Que lui est-il arrivé?

La petite bouche qui tremblait tant est maintenant ferme. Les yeux timides sont pleins de courage. Elle a pris une décision. Elle pose sa petite main sur le bras de la Capitaine.

Promettez-moi — promettez-moi de ne rien dire à personne et je vous dirai un secret.

Que veux-tu me dire, mon enfant?

Les gens avec qui j’habite sont bohémiens, ils me disent de les appeler «papa» et «maman», mais ils ne sont pas du tout mon père et ma mère.

Ce ne sont pas tes parents? Où sont ceux-ci, alors?

Je n’sais pas.

Tu ne sais pas! C’est étrange! Quel est ton nom?

Je n’sais pas! Oh! ma bonne dame! ne le dites pas — ne le dites pas, ils me tueraient s’ils savaient que j’ai dit un mot, mais je crois — je suis sûre que j’ai été volée!

Volée! La Capitaine sursauta.

Pourquoi as-tu cette idée? s’écria-t-elle avec vivacité.

Parce que j’ai souvent passé d’un campement de bohémiens dans un autre, oh! si souvent. Ils ne l’auraient pas fait si j’avais été leur petite fille, n’est-ce pas? demanda l’enfant en ouvrant tout grands ses yeux bruns.

Pauvre petite!

Je me suis enfuie de chez les premiers, j’étais très petite alors et ils étaient si cruels! Ils me battaient et me disaient de méchantes paroles presque chaque soir, surtout quand je n’avais pas vendu autant de pinces à linge qu’ils auraient voulu. Un jour ils m’envoyèrent à la ville et je ne pus pas en vendre une seule, il pleuvait beaucoup et personne n’avait l’idée d’étendre du linge; à la fin, je revins au campement.

Oh! qu’ils furent méchants! Ils me frappèrent à coups de poing, de sorte que mes deux yeux devinrent tout noirs, ils m’injurièrent terriblement et à la fin me traînèrent vers la porte et me jetèrent dehors. Il pleuvait toujours beaucoup et je me glissai sous la voiture, mais, oh! j’avais si froid! Mes yeux enflaient et les os me faisaient bien mal. Je n’avais rien eu à manger de tout le jour!

Pauvre enfant! Et qu’advint-il de toi ensuite?

Les yeux de la Capitaine étaient pleins de larmes mais la fillette continua d’une manière si tranquille et si sûre, qu’elle ne pouvait douter de la véracité de ses paroles.

Une des voitures devait partir pour une autre contrée de très bonne heure le matin suivant. L’homme m’entendant sangloter me tira de dessous la voiture.

Ces gens sont trop brutaux pour toi, me dit-il, veux-tu venir avec nous? Je lui dis que oui et nous partîmes avant que les autres fussent réveillés. Je restai quelque temps avec eux, alors une autre troupe offrit de me prendre, puis ceux-là me passèrent à d’autres et ainsi de suite.

À la fin les gens avec qui je suis maintenant me prirent avec eux, car ils ont besoin de quelqu’un pour garder leur maison pendant qu’ils vont vendre leurs objets.

Comme toute vraie salutiste la Capitaine Cutmore essaye toujours de redresser les torts qui viennent à sa connaissance. Si cette pauvre enfant, négligée et qui n’est aimée de personne a réellement été volée à une heureuse famille, comment faire pour remettre la chose sur pied? Un cas aussi désespéré peut intimider même un officier de l’Armée du Salut.

Ne te souviens-tu pas du tout de ton nom ou de ton prénom?

L’enfant secoua la tête.

Chaque bande de bohémiens m’a donné un nom différent, dit-elle tristement. J’ai eu toutes sortes de noms, maintenant on m’appelle Rebecca, mais quand je fais ma prière, le soir, je sens toujours que je dois dire à Dieu que mon nom est Emma!


Prisonniere3

(À suivre).


* * *


Je tire ma plus grande force de l’assurance que je suis à la place où Dieu veut que je sois.

* * *

Arrosez les plantes les plus précieuses et les plus délicates. La petite pousse que vous avez plantée avec vos larmes sera un jour un grand arbre.

En avant 1914 02 14



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