LE MESSAGE DE LA CROIX
DIEU A ENVOYÉ SON FILS
(Gal. 4. 4.)
Jésus-Christ,... existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie l'égalité avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes: et, ayant paru comme un simple homme. Il s’est abaissé lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. (Philip 1, 2. 6-8.)
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.
(Jean 3, 16.)
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Nous avons ici en quelques mots l’histoire tragique de l’Amour Eternel. Nous le voyons, cet amour, sous deux aspects différents, l’amour du Père et l’amour du Fils.
Que personne ne suppose que le Père ait froidement et cruellement livré le Fils à la Croix, qu’il ait pu facilement laisser froisser cette «faible plante» par des mains impies.
NON, Lui qui a donné aux hommes la liberté du choix n’a pas fait moins pour Son Fils Bien-aimé, et C’EST DE SON PLEIN GRÉ que Jésus, qui dès la création du monde trouvait son «bonheur parmi les fils de l’homme». (Prov. 8, 31) S’EST OFFERT pour les racheter.
Qui dépeindra tout ce que le Père a ressenti, lorsque le Fils Lui dit:
«Me voici, envoie-moi?»
Qui pourra jamais sonder le cœur divin, affligé par le péché de l’homme, brûlant du désir de le sauver, ému de l’offrande sublime du Fils, déchiré à la pensée des souffrances inévitables qu’elle entraînait, et qu’il aurait aimé Lui épargner?
Mais «DIEU EST AMOUR» et l’amour véritable ne recule devant aucun sacrifice pour atteindre son but. Aussi Dieu a-t-il envoyé Son Fils.
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Et Jésus-Christ vint sur cette terre!
Encore ici, qui pourra mesurer l’étendue de l’immolation?
– Lui, qui est Dieu, devient Serviteur;
– Lui, qui a la Puissance Divine, la toute-puissance, la met de côté pour devenir «semblable aux hommes.»
La richesse, il l’abandonne pour la pauvreté; les demeures glorieuses de la lumière, Il les échange pour la crèche obscure, la vie errante
À sa mort II ne possède rien, même Ses vêtements avaient été enlevés et partagés parmi Ses bourreaux, et II fut enseveli dans le tombeau d’un autre.
«Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ qui, pour vous, s’est fait pauvre, de riche qu’U était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis.» (2 Cor. 8, 9).
La sagesse divine est laissée et II devient un petit enfant, limité en connaissance.
Il apprend comme les autres, et II dépend de Dieu pour tout. Les paroles merveilleuses de profondeur et de clarté qu’Il a prononcées ne viennent pas de Lui, dit-il, mais du Père qui L’a envoyé.
Il se dépouille de la force pour se revêtir de la faiblesse humaine.
Comme tout autre homme, Il sent la faim, la soif, la fatigue, la tristesse, etc.
L'honneur qui était sien dans le Royaume Céleste est remplacé par le mépris; au lieu de la gloire, Il est couvert d’ignominie et d’opprobre; et pour louange, Il reçoit les reproches et les insultes.
Aussi, à la vue de Son abaissement le Ciel entier éclate en chants, disant d’une voix forte:
«l’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange.» (Apoc. 5,12).
Ayant paru comme un simple homme. — Il n’y avait rien d’anormal dans son apparence.
«Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire (Esa. 53, 2).
Il s'est abaissé lui-même, aucune recherche de son plaisir personnel, de Sa propre volonté, Il s’abaisse! Lui qui avait connu «puissance et gloire», et II le fait de Lui-même.
Il n’y avait pas de fierté en Lui. Il n’a jamais cherché à Se mettre en avant, à obtenir de l’influence, ou à montrer Ses connaissances remarquables. Il n’était pas du nombre des «superbes» de ce monde.
Se rendant obéissant jusqu’à la mort. — Notons cela, nous qui nous appelons disciples du Crucifié! Il s’est rendu obéissant, Il y a mis de Sa volonté pour l’être, et II préférait mourir plutôt que de désobéir parce qu’il aimait le Père (Jean 14, 31) «Le secret de l’amour!» Même la mort de la croix.
Nous ne comprendrons jamais tout ce que signifie «mourir» pour le Prince de la Vie; encore moins toute l’horreur de la mort de la croix, c’est-à- dire, la mort la plus honteuse de ce temps-là; on n’en parlait même pas. C’était «scandale pour les Juifs» (1 Cor. 1, 23).
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Deux choses ressortent très nettement de ce qui précède:
(1) L’Amour infini de notre Dieu.
Aucune considération personnelle ne peut pour un instant en arrêter l’élan. Il n’est limité que par égard pour ce qui est juste et bien.
(2) La beauté et la grandeur de l'abaissement.
Étant en forme de Dieu... Il s’est dépouillé! Quelle merveille est là! Il s’est abaissé devant ceux qui étaient ses inférieurs! Une fois, il lava les pieds de ses disciples: de Judas qui Le trahit, de Pierre qui Le renia, de tous qui L’abandonnèrent.
La valeur, la beauté et la puissance de l’abaissement de Jésus est dans ce fait, qu’il était libre, volontaire.
Se soumettre joyeusement à l’inévitable est déjà une grâce (combien n’arrivent pas même à cela!) mais choisir de propos délibéré un chemin de souffrance parce qu'il est la volonté de Dieu, voilà ce qui est infiniment plus grand.
Devenir semblable à Jésus signifie, en principe,
passer par où il a passé,
vivre comme II a vécu,
ou bien c’est un vain mot.
Le monde, ceux qui sont du monde, LES CHRÉTIENS (?) QUI VIVENT SELON LE MONDE, regardent cette conduite — la soumission, l’obéissance, l’abaissement, le sacrifice — comme de la folie toute pure.
– Ils veulent faire valoir leurs droits,
– Ils exigent que l’on fasse selon leur volonté,
– Ils sont bien déterminés à ne pas céder à qui que ce soit,
– Ils évitent habilement les souffrances, etc.,
en un mot ils conservent soigneusement leur propre vie. Ils n’ont jamais rien compris de cette parole de leur Maître:
«Celui qui conservera sa vie la perdra,
et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera»
(Matth. 10-39).
En avant 1914 02 14
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