LA FIDÉLITÉ RÉCOMPENSÉE
En tremblant, après la première réunion, la Capitaine avait invité les inconvertis à s’avancer au banc des pénitents; et comme personne ne paraissait vouloir le faire, elle regardait les visages indifférents qui l’entouraient.
Est-ce que personne n’avait été atteint par les flèches de la Vérité?
«Ô Seigneur! je viens, je viens!» entendit-on soudain résonner dans la salle.
C’était Charles X..., un apprenti de commerce âgé de 18 ans. Il n’y tenait plus. La conviction le poussait au banc des pénitents. Les soldats frappèrent des mains et pleurèrent de joie.
Les employés du bureau dans lequel Charles travaillait surent bientôt qu’il était allé au banc des pénitents à l’Armée du Salut, et lui donnèrent le nom de «Charles-Alléluia». Mais comme il supportait tout avec douceur, ils cessèrent bientôt de se moquer de lui.
La conduite de ce jeune héros rappelait à quelques-uns d’entre eux leur jeunesse, le temps auquel ils auraient pu décider de leur vie et n’avaient pas choisi la même part que Charles.
Un jour le patron appela Charles dans son bureau.
En tremblant il s’y rendit, se demandant où il pouvait avoir manqué.
— Va me chercher une bouteille de bière. Voilà la bouteille et l’argent. Tu entreras par la porte de derrière et en cachant la bouteille sous ton habit, personne ne remarquera rien.
Notre ami se tenait là indécis. Un combat se livrait dans son âme, car il savait bien qu’une désobéissance de sa part provoquerait son congé immédiat.
— Eh bien! c’est pour aujourd’hui! dit enfin le maître, comme Charles ne bougeait pas.
— Non, monsieur, il m’est impossible de faire cela! répondit Charles courageusement.
— Très bien! mais nous ne pouvons employer que des apprentis prêts à tout faire! Tu as toi-même décidé de ton sort! cria le patron furieux en le chassant du bureau. Lorsque les autres employés le virent si abattu, ils essayèrent de le consoler.
— Est-ce que M. Dupont t’a grondé? lui demanda-t-on. Prends courage; il se fâche très fort, mais il oublie aussi très vite.
Tous les jours qui suivirent, Charles attendait son congé. Il n’osait rien dire à la maison. Le jour de paie arriva, puis un autre, et Charles recevait son salaire sans aucune remarque. Enfin, après quelques semaines, il fut appelé de nouveau au bureau.
Son cœur battait lorsqu’il se trouva en face de son chef.
— Veux-tu me pardonner de t’avoir traité avec si peu de charité? lui dit son patron d’une voix douce.
Lorsque j’entendis parler de ta conversion, j’ai voulu te mettre à l’épreuve. La manière dont tu as été fidèle à tes convictions m’a beaucoup remué. Dès lors je t’ai observé en secret. Comme ta conduite était en rapport avec tes paroles, j’ai cherché moi-même le salut, et hier je me suis converti.
Cette fois, lorsque Charles sortit du bureau, son cœur débordait de joie de ce qu’il avait obéi à sa conscience en remettant les suites entre les mains de Dieu.
En avant 1914 02 07
* * *
LE PARALYTIQUE ET LE MENDIANT
Un monsieur tout paralysé se faisait promener dans une voiture à bras. Il aperçut un pauvre homme de l’autre côté du chemin, paralysé comme lui, qui criait en demandant:
— «Pour l’amour de Dieu, donnez-moi quelque chose.»
L’homme riche dit à son domestique de l’amener près de ce mendiant, et quand il fut à côté de lui il lui tendit une pièce d’or. Mais le malheureux était aveugle et continuait à crier:
«Pour l’amour de Dieu, donnez-moi!»
— «Voici une pièce d’or, mon ami!»
Mais le pauvre homme était sourd et criait de plus belle. Le monsieur se rapprocha encore et se fit comprendre: alors le mendiant le remercia avec effusion.
J’ai pensé que nous faisions de même à l’égard de Dieu. Il nous offre le salut, un salut tout gratuit acquis à tous ceux qui l’acceptent par le sacrifice du Christ.
Au lieu de l’accepter, et de remercier avec joie le suprême Donateur, nous continuons à crier et à réclamer sans cesse le pardon de Dieu et la vie éternelle.
Sourds et aveugles que nous sommes!
Ce que l’on doit faire d’un don: C’EST DE LE PRENDRE, non de prier pour l’obtenir.
M. L.
En avant 1914 02 07
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