Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LE BONNET DU DIMANCHE


Vers l’an 1860, pendant un hiver rigoureux, le lac de Neuchâtel avait gelé, et la population de cette ville s’était aventurée en masse sur la glace. Une brave femme qui avait affaire dans un village de la rive opposée, voulut profiter de l’occasion pour traverser le lac, et partit, son panier au bras, sans craindre aucun danger.

Tout alla bien d’abord; elle croyait déjà toucher au terme de son voyage, quand elle entend un sourd craquement, puis un second!... une fente se produit... Elle s’arrête! nouvelle fissure!... elle repart..., mais avant qu’elle ait eu le temps de réfléchir, la glace, fort amincie près du rivage, s’effondre sous elle. Tandis qu’elle se cramponne à la glace, les habitants du village, qui ont vu l’accident, s’agitent pour la secourir.

Rapidement, l’un d’eux s’avance jusqu’à elle au moyen d’une longue échelle; il empoigne d’une main vigoureuse la pauvre victime et cherche à plusieurs reprises à l’amener sur l’échelle; mais, à chaque fois, il rencontre une résistance inexpliquée, et la femme replonge toujours. Sans la lâcher, il tâte, il regarde, et il trouve le panier que la femme tient à son bras.

Lâchez donc ce panier», s’écrie-t-il et le saisissant violemment, il l’envoie promener au loin sur la glace.

Mais, s’écria la femme, laissez-le-moi! Je le veux. J'y ai mis mon bonnet du dimanche.

— Je me moque de votre bonnet, Madame, il faut d'abord vous sauver la vie!


J’ignore si, une fois le sauvetage opéré, bonnet et panier ont été retrouvés. Ce qu’il y a de certain, c’est que pour un malheureux bonnet, cette femme a failli perdre la vie, et que, dans le monde:


IL EN EST AUSSI BEAUCOUP QUI S’EN VONT,

PERDANT LEUR ÂME POUR DES CHOSES SANS VALEUR.


Le bonnet du dimanche qu’on ne veut pas lâcher, c’est peut-être tout simplement une idée dont on s'est coiffé.

On a besoin d’être sauvé, mais à ceux qui vous tendent la main, on répond qu’on veut mourir dans la religion de ses pères..., qu’on n’est pas plus mauvais qu’un autre..., que toutes les religions sont bonnes..., qu’on n’a ni tué ni volé..., que Dieu n’a rien à nous reprocher...

Bref, on a son idée, son système, sa religion, et l’on aimera mieux périr que de les lâcher.

Mais il y a parfois autre chose dans ce panier.

Cet obstacle qui nous empêche d’être sauvé, qui est là, paralysant les efforts, faisant résistance, c’est souvent UN VICE, UNE HABITUDE COUPABLE, que nous ne voulons pas lâcher.

Nous savons bien qu’il faudrait rompre avec telle relation, réformer telle habitude, avouer tel mensonge, renoncer à telle fraude dans le commerce ou les affaires, que le salut de notre âme est à ce prix.

Mais voilà, nous ne voulons pas céder, et quand même nous savons que le Christ est venu nous sauver, quand même le salut est là, nous aimons mieux périr en conservant ce qui nous tient si fort à cœur.

Il nous arrive toujours un moment où il nous faut choisir entre Dieu et le diable, entre le ciel et l’enfer; mais ce choix ne se présente pas toujours sous une forme aussi claire.

C'est une imperceptible poussière qui arrête le mouvement du chronomètre; une simple paille dans une pièce d’acier en amène la rupture; le mouvement d’une aiguille qui peut produire la plus terrible catastrophe de chemin de fer.

Le salut d’une âme peut tenir à une chose sans importance en elle-même, mais à laquelle elle s’attache et qui est comme l’hameçon avec lequel le diable la conduit à la perdition.

Entre 30 pièces d’argent et Jésus, Judas a préféré l’argent, et le lendemain il se pendait! Que servirait-il à un homme de gagner le monde entier s’il perdait son âme, ou que donnerait l’homme en échange de son âme? (Matth. 16, 26).

(Feuille populaire).

En avant 1914 01 31


 

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