RÉFLEXIONS
EN
COURS DE ROUTE
À MÉDITER PAR LES JEUNES
Le fait suivant, me fut raconté ces jours-ci, par une amie, abonnée de l’En Avant.
«Il y a plusieurs années, un Officier du Poste de M..., prêta à cette dame la biographie du Missionnaire des Cannibales. Pendant qu’elle lisait ce livre avec beaucoup d’intérêt, le Poste fut fermé, et ce fut un Officier de V... qui vint la visiter. Elle lui demanda ce qu’elle devait faire de ce livre, et on lui répondit, vu qu’à V... nous avons aussi ce livre, comme dans tous les Corps, et qu’il a été donné au Poste de M.. pour le faire circuler aux alentours, ayez la bonté de le garder et de le faire lire dans le voisinage.
Je fis ainsi, me dit notre amie, et je crois que sa lecture fut bénie.
Un jour, ce livre vint dans les mains d’une famille pauvre de la campagne. Le petit garçon, entre les heures de son travail comme berger, était très heureux de pouvoir lire la vie de Patton et comme résultat, il se convertit et désira ardemment devenir un missionnaire.
Une seule objection se posait pourtant, ses parents étaient pauvres; lui-même devait apprendre à travailler la terre pour gagner son pain, comment donc allait-il pouvoir réaliser son désir?
Par sa conversion, il attira sur lui à l’École du Dimanche, l’attention du pasteur. Celui-ci après avoir parlé avec notre amie, écrivit à plusieurs de ses collègues pour les intéresser à ce petit aspirant-missionnaire. Entre eux, ils convinrent de le prendre chacun durant six mois, et de l'aider ainsi dans son éducation.
Maintenant, il est dans un Collège où il se prépare pour partir aux missions. Le désir de ce petit garçon fut suscité par la lecture des besoins des païens de l’Afrique et de l’Océanie, et je crois que la lecture des faits suivants devrait susciter, non seulement des désirs de devenir missionnaire en Asie, où en Amérique, mais en Europe, ici dans la France, où tant d’âmes meurent de faim et de soif spirituelles.
«Lorsque le missionnaire Chamberlain alla au Brésil pour la première fois, il découvrit qu'il y avait environ dix millions d individus qui savaient à peine ce que c’était qu’une Bible. Un vieux patriarche de 80 ans, auquel il donna un Nouveau Testament en Portugais et expliqua le salut par la foi, lui dit:
— «Jeune homme, voilà ce que j’attends depuis longtemps. Mais, dites-moi, où était votre père lorsque mon père vivait pour qu'il ne soit jamais venu lui dire comment on peut être sauvé?»
Cette même question m’a été adressée plusieurs fois par des vieillards dans les campagnes françaises! «Au missionnaire X..., fut posé, un jour, la question suivante, par un jeune Brahmine:
— «Est-ce que les chrétiens de ton pays croient vraiment que ce serait une bonne chose pour l’Inde de devenir chrétienne?
— «Mais, sans aucun doute! lui fut-il répondu avec véhémence.
— «Voici ce que je veux dire, continua le Brahmine. Croient-ils, réellement, du fond du cœur, que les Hindous seraient meilleurs et plus heureux s’ils étaient convertis au Christ? «Certainement, ils le croient, répondit encore le missionnaire.
— Alors, pourquoi agissez-vous d’une manière si incompréhensible?
Pourquoi envoient-ils si peu d’hommes pour prêcher leur religion? Lorsqu’il y a un poste vacant parmi les fonctionnaires du Gouvernement, de suite il y a une foule de candidats. Quand on prépare une expédition militaire, des centaines d’officiers s'offrent comme volontaires. Dans les entreprises commerciales aussi, vous déployez une grande activité, et vous avez toujours un nombreux personnel.
Mais avec votre religion, c’est une autre affaire. Je vois un missionnaire ici avec sa femme; un autre 200 kilomètres plus loin; un autre à 100 kilomètres dans une direction opposée. Comment les chrétiens de ton pays peuvent-ils s’attendre à ce que l’Inde se convertisse à leur foi, avec si peu d’efforts de leur part? Les païens français ne pourraient-ils pas en dire autant des chrétiens français?
— Un étranger me dit, ces jours-ci: Les chrétiens français font peu, à côté de ce que font les autres Français...
Voici encore quelque chose à méditer, tiré de la brochure américaine: «Aller ou Rester? Là où Ici? Où!»
«C’était au Canada, dit le missionnaire Young. Dans une grande assemblée, après que j’eus longuement parlé aux Peaux-Rouges de l’amour de Dieu, le Chef de la tribu me répondit par un petit discours, dont voici les dernières paroles:
«Missionnaire, ce que tu as dit aujourd’hui remplit mon cœur et satisfait son plus ardent désir: c’est précisément ce que je m’attendais à apprendre sur le Grand Esprit. Je suis content que tu sois venu nous dire cette magnifique histoire; reste avec nous aussi longtemps que possible, puis, quand tu seras parti, ne nous oublie pas, et reviens aussitôt que tu pourras!»
D’autres Indiens parlèrent dans le même sens; le dernier qui s’avança était un grand vieillard, à la figure imposante; la fin de l’entretien qu’il eut avec moi vaut la peine d’être rapporté. Il a entendu pendant quelque temps le message évangélique, et m’en a remercié, puis il ajouta:
... Puis-je te dire encore quelque chose?
— Parle seulement, répliquai-je, je suis ici pour écouter!
— Tu as dit tout à l’heure: a Nota Wenan» (Notre Père!)
— Oui, j’ai bien dit: Notre Père!
— Voilà ce qui est tout nouveau et très doux pour nous. NOUS N’AVIONS JAMAIS CONSIDÉRÉ LE GRAND ESPRIT COMME UN PÈRE. C’est bien bon et bien nouveau. Nous n’avons jamais pensé qu’il le fût. Nous L’entendons dans le tonnerre; nous Le voyons dans l’éclair, dans la tempête et l’orage, et nous avons peur de Lui; mais aussi, quand tu nous dis que le Grand Esprit est un Père, nous trouvons cela très beau; c’est magnifique pour nous... Il s’arrêta un instant hésitant, le grand vieux Indien à l’air sauvage et pittoresque, puis, levant ses yeux vers les miens, il reprit:
— Puis-je encore te parler et te dire davantage?
— Mais oui, parle! répondis-je.
— Tu as dit «Nota Wenan». Il est ton Père?
— Oui, Il est mon Père!
— Alors, dit-il, d’un air et d’une voix vibrante d’anxiété, cela veut dire qu’il est aussi mon Père, le Père du pauvre petit Indien?
— Oui, oh oui! m’écriai-je, Il est ton Père.
— Ton Père, le Père du missionnaire, et aussi le Père de l’Indien?
— Oui, certainement.
— Alors, nous sommes frères? cria-t-il.
— Oui, c'est bien cela, répétai-je, nous sommes frères.
«L’assemblée était électrisée, poursuit Young. L’excitation des auditeurs était intense quand la conversation avec le vieillard en vint là, à ce point de notre entretien, qui mettait en lumière d’une manière à la fois inattendue et si vivante, non seulement la paternité de Dieu, mais l’unité de la famille humaine, et ils purent à peine contenir leur joie et retenir leurs cris.
Cependant le vieil Indien n’avait pas fini; aussi, imposant du geste silence aux plus démonstratifs, et se tournant encore de nouveau vers moi, il demanda une troisième fois:
— Puis-je parler et te demander encore quelque chose?
— Oui, sans doute, dis tout ce que tu as sur ton cœur.
Alors vint sa dernière question, celle que posent des milliers d’âmes malheureuses dans leurs ténèbres:
— «Eh bien, missionnaire, je ne voudrais pas être malhonnête ni sévère; mais il me semble que toi, mon frère blanc, TU AS ÉTÉ BIEN LONG À VENIR ET À NOUS APPORTER CE GRAND LIVRE et cette merveilleuse histoire pour la dire à tes frères rouges dans les bois? Pourquoi as-tu attendu si longtemps?»
... Tu as été bien long à venir! Quel reproche mérité non par Young lui-même, mais par tous ceux qui ont tardé à répandre la Bonne Nouvelle, comme s’ils voulaient la garder pour eux; comme si, en la répandant, leur part, devenait plus petite.
Tu as été bien long à venir! Voilà aussi le résumé de la plainte que m’adressait il y a quelques semaines une «ancienne» dans les montagnes de la Drôme. Jérémie dit dans son VIe chap., verset 3:
J’entendis la voix du Seigneur disant:
«Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous?»
Que l’on réponde:
ME VOICI, ENVOIE-MOI!
Jeunes gens, jeunes filles, qui à l’appel du Maître sentez que vous devez donner votre vie pour le salut du monde et désirez poser votre candidature aux fonctions d’Officier dans l’Armée du Salut, écrivez sans tarder.....
En avant 1914 01 24
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