L’IDÉE DE VICTOR
Hélas! il usait d’eau-de-vie
Le papa du petit Victor,
Et Victor avait grande envie
De l’empêcher de boire encor.
Mais on ne peut gronder son père
Quand on est fils comme il faut.
On le chérit, on le vénère,
Si vilain que soit son défaut.
Et comment faire?
Cela presse,
Car il boit plus que de raison!
Et quand il s’est mis dans l’ivresse
La mère pleure à la maison.
* * *
Hier, en revenant de l’école,
Victor trouve sur un tesson
Une étiquette, qu’il décolle
Et qui porte imprimé: Poison.
Il rentre. En secret il applique
Sur le flacon du père absent
Le rond de papier symbolique
Marqué du crâne grimaçant.
Le père, un soir, sur sa bouteille
Voit cette étiquette et la lit.
Il rougit... Il pleure, oh! merveille!
Et sans boire il monte en son lit.
Le lendemain, d’un geste noble
Il lance au loin sur le pavé
Son litre d’eau-de-vie ignoble:
C’est son Victor qui l’a sauvé.
(L’autre cloche).
Alph. Bourquet.
En avant 1914 01 03
*
* *
VENEZ À MOI!
Jésus a dit: «Venez à moi,
Cœurs travaillés, chargés!
Acceptez mon joug par la foi;
Vous serez soulagés.»
Je suis allé tel que j’étais,
Las, souffrant, malheureux;
Et j’ai trouvé sa douce paix,
Il m’a rendu joyeux.
Jésus a dit encore:
«Venez à la source des eaux!
Quiconque a soif, venez, puisez,
Buvez de mes ruisseaux!»
J’ai répondu, je suis allé!
Librement j’en ai pris,
Et mon cœur s’est désaltéré,
Et maintenant je vis.
Jésus a dit enfin:
«Vous tous, Vers moi tournez les yeux;
Mon jour se lèvera sur vous.
Serein et radieux.»
Et j’ai regardé vers Jésus,
L’Étoile du matin;
Dès lors je ne tâtonne plus,
Il luit sur mon chemin.
En avant 1914 01 03
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