Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UN PEU D’AMOUR, S. V. P.?

POUR L'ENFANT, S'IL VOUS PLAÎT?


Oh! l’amour d’une mère, amour que nul n’oublie.

Pain merveilleux qu’un Dieu prépare et multiplie,

Table toujours servie au paternel foyer

Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier.

Victor Hugo.


Qui de nous, amis lecteurs, ne s'est maintes fois, en son cœur, réjoui à la pensée d’avoir eu une bonne mère, une mère qui nous a, non seulement caressé, aimé, choyé, mais qui a versé en notre jeune âme assoiffée d’amour, tous les trésors de la sienne, toute la tendresse inépuisable qui faisait d’elle une mère, une vraie mère?

Oh! qui dira jamais ce qui manque à un cœur d’enfant, sevré de tendresse à l’heure où l’on en a tant besoin et où en désire tant, toujours plus à mesure qu’on en reçoit, parce que le cœur d’un bébé est avant tout un réceptacle d’amour et de tendresse, parce que tout en lui est faiblesse, impuissance et qu’il a besoin de protection, mais de protection aimante, de protection réchauffante, j’allais dire de la protection des baisers maternels!


À ceux qui n’ont pas eu de mère ou de vraie mère, il a manqué quelque chose en la vie, ce rayonnement de l’amour que rien ne remplace, mais qui, par contre, vous laisse, pour l’existence entière, tout palpitant de tendresse pour autrui.

À ce trésor d’amour, à ce cœur débordant de tendresse, une vraie mère joint quelque chose de meilleur encore: elle verse en cette âme vierge, qu’aucun souffle délétère n’a encore ternie, elle y verse goutte à goutte, sans sermon et sans phrase, la soif du beau, du pur, du vrai.


C’est par la mère que l'enfant naît à l’admiration, c’est elle qui sème en son âme toutes les nobles aspirations, tous les sentiments élevés. Les étoiles scintillant dans le ciel sans nuage, le petit oiseau qui fait ployer la branche sous son poids, la fleurette des champs, le gazouillement de la source, la délicate structure de la petite feuille naissante, tout dans la nature est prétexte à la mère pour semer dans le cœur de son enfant, goûts simples, amour de la nature et ce sentiment qui, de nos jours semble sur le point de s’éteindre, l’admiration.

Ainsi naît et grandit en cette jeune âme, sans qu’elle s’en doute et sans qu’elle fasse effort, un amour instinctif, qui va se fortifiant de jour en jour, pour la vérité, la simplicité, la bonté, la pureté, attraction pour tout ce qui vient d’En-Haut, tout ce qui élève et grandit et par contre, répulsion, instinctive aussi, mais non moins forte, pour tout ce qui en est l'opposé. Par-dessus tout cela, coule un fleuve de confiance qui vont cimentant tous ces sentiments et étouffer, à mesure qu’ils pourraient se produire, ceux que le monde, l’environnement, les camarades, les mille et une circonstances de la vie auraient pu fortuitement y glisser.

À l’heure de la détresse, à l’heure où le mal, sous quelque forme que ce soit, frappe à la porte de ce cœur tout neuf encore, la mère veille, elle repousse les assauts de l’ennemi et, s’il s’est introduit dans la place, elle y apporte le contrepoison, elle lave la plaie naissante, elle arme de volonté et de précaution pour l’avenir cet inexpérimenté qui est «son enfant» qu’elle veut envers et contre tous beau et pur, fort et sain moralement comme, physiquement et intellectuellement et, pour cela, elle garde avec vigilance toutes les portes.

Elle n'a garde d’oublier la porte de l’intelligence, de ce petit cerveau curieux de tout.

Elle surveille avec un soin jaloux ses lectures, les gravures et les images qu’il regarde, suscite en lui un sens artistique assez pur et assez vrai pour qu’il se détourne du grotesque qui trop souvent recouvre le hideux moral.

Elle est «l’amie» de son enfant et, à l’heure où les camarades tentent de le conduire dans le sentier des «découvertes», l’enfant, à ce moment, possède en sa mère le remède; elle a toute sa confiance et, comme il n’a pas de secret pour elle, l’écueil est évité.


Mais il est des enfants sans mère, ou sans mère digne de ce nom de mère, qui ne savaient pas ou ne pouvaient pas!...

Oh! la douloureuse constatation, l’horrible parole à entendre, que celle de l’enfant devenu homme qui, l’amertume au cœur, le désespoir dans l’âme, devant sa vie brisée qui n’est qu’une catastrophe dans tout le sens du mot, est obligé de dire:

«C’est la faute de ma mère! Si j’avais eu une mère pour m’avertir! aujourd’hui, c’est trop tard, ma vie est une ruine!»

Il en est encore d’autres, hélas! de ceux qui sont encore enfants et que les nécessités de l’existence, la lutte pour la vie, qui fait tant de déchets moraux, quantité de problèmes sociaux qui vont se renforçant mutuellement, privent, à l’heure où ils en ont tant besoin, ces petits êtres sans défense de l’aide que RIEN ne remplace, celle de la mère.

De ces jeunes vies, faussées, dévoyées à leur berceau presque, montent vers nous des cris d’appel auxquels nous devons répondre, et répondre vite et répondre bien.

Vous qui avez eu une tendre mère, vous qui avez des enfants que vous entourez d’affection, vous qui savez quelle est l’issue fatale de tous ces pièges qui guettent ces pauvres petits sans défense, nous tous, amis lecteurs, qui sommes finalement solidaires de tout ce qui manque à ces petits enfants, dont la rue est la grande éducatrice, ne voulons-nous pas, au seuil de 1914, répondre à leurs cris d’angoissse, non formulés peut-être, mais que révèlent si bien leurs regards, leurs physionomies, qui n’ont déjà plus rien de l’enfant, et qui font jaillir les sanglots à notre gorges.

Il faut à tout prix, examiner solennellement devant Dieu et devant notre conscience, notre responsabilité et faire vis-à-vis d’eux notre devoir!

En avant 1914 01 03


 

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