JÉSUS LES AIME TOUS
Qu’ils soient de couleur noire, jaune ou blanche, sales et en haillons, ou propres et bien vêtus, d’une bonne ou d'une mauvaise éducation, Il les aime TOUS.
Dieu
soit
loué: Son amour n’est pas comme celui des hommes, partial,
intéressé, capricieux.
Son amour est sans acception de personnes;
il ouvre simplement Ses bras à tous en disant:
«Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas».
Autrefois les Disciples, peut-être à bonne intention, les empêchaient, les renvoyaient; ils craignaient pour leur maître la fatigue; mais Lui les appelait à Lui. De nos jours, on empêche les enfants de venir à Jésus parce qu’on ne les en croit pas capables.
Il existe une colossale incrédulité à l’égard des conversions possibles d’une jeune âme, et les journaux racontent le fait incroyable qu’un enfant de dix ans ait fait ce qui ne peut venir à l’idée que d’un adulte, se suicider; que pour échapper à une punition qui l’attendait il se soit jeté dans le fleuve, on le croit.
Et pourtant un tel acte sort bien plus de la limite des facultés de l’enfance que le fait qu’un enfant de dix ans ait donné son cœur à Jésus, et acquis par là une notion toute nouvelle de ce qui est bien et de ce qui est mal, et l’expérience d’une force pour résister au mal et pour accomplir le bien, inconnue à la plupart des méthodes pédagogiques.
Lui, les aime tous!
Il a un cœur si large et un regard si vaste; il voit dans un sombre réduit ces enfants qui croupissent et qui souffrent dans un air malsain avec une nourriture insuffisante; et II voit dans les maisons riches ces enfants comblés peut-être de friandises, mais dont le cœur languit et se dessèche parce que, au milieu des soins....., ils ne rencontrent jamais un rayon d’amour sincère, ni maternel ni autre.
Jetons un regard dans cette morne région où se passe la vie d’un si grand nombre d’enfants.
Il était une heure du matin, raconte une Officière de l’Armée du Salut, et je m’efforçais de vendre mes derniers journaux en visitant encore quelques cafés, lorsque je m’aperçus que j’étais partout accompagné comme d’une ombre par un pauvre petit garçon boiteux.
Il vendait des allumettes et prenait plaisir à venir les offrir à la même table où j’offrais mes journaux; de cette concurrence il fallait que l'un de nous pâtit et ordinairement c’était moi.
Si je passais d’un restaurant dans un autre, il me suivait. Il faisait froid et il me paraissait fatigué.
— Pourquoi ne rentres-tu pas à la maison, lui demandai-je.
— Parce que, répondit-il timidement, mon père me battra si je rentre avant d’avoir tout vendu.
— Et pourquoi me suis-tu partout, mon petit?—
— Parce que je vends plus facilement quand je vais après vous; venez, je vais vous montrer quelques bons restaurants.
— Et quand finis-tu d’ordinaire ta vente?
— Eh bien, comme cela, entre deux et trois heures.
— Et combien de soirs par semaine?
— Oh! tous les soirs!
À cette réponse mon cœur saigna. J’aurais voulu le prendre avec moi à la maison et prendre soin de lui. Ce n’était pas possible. Combien n’y a-t-il pas, dans certaines grandes villes, de malheureux enfants qui ont un sort pareil; le jour, l’école obligatoire, et une grande partie de la nuit, une industrie forcée! On lutte contre ce mal, mais quand sera-t-on parvenu à l’extirper? Pour une telle misère...,
il n’y a qu’une seule consolation:
JÉSUS LES AIME TOUS
Combien souvent on nous a apporté dans notre hôpital des enfants aux boucles blondes et aux yeux mélancoliques, mais dans ces chevelures flottantes, de la vermine, et sur ces petits corps, des meurtrissures!
Combien vite la tante était aimée plus que la propre mère, cette mère qui avait ainsi laissé croupir et dépérir son propre enfant.
De telles choses sont-elles possibles?
Se peut-il qu’une mère n’ait pas un ardent amour pour son enfant?
Je me rappelle quand notre chatte avait des petits, comment elle devenait furieuse quand on les lui prenait, et comment un jour elle emporta entre ses dents les deux qu’on lui avait laissés et alla les cacher dans un endroit introuvable; quelques mois après, elle revint toute glorieuse, accompagnée de deux charmants minets.
Cela, c’est la conduite d’un animal! Et l’homme!
Dernièrement, une femme paraissait devant le Tribunal pour avoir attaché dans son petit lit son enfant de trois ans, de telle sorte que les cordes avaient pénétré dans les chairs. Et lorsque, aux cris perçants de cette petite créature, des voisins étaient venus, avaient enfoncé la porte pour apporter du secours, cette mère, arrivant plus tard, les accusa de s’être immiscés dans ses affaires privées. Cela n’empêcha pas le Tribunal de la condamner et de lui enlever son enfant.
Mais comment réparer les effets de ces premières années de souffrances, et qui donnera jamais à cette pauvre petite créature des joues roses et une santé prospère. Et voilà les êtres qui composeront la génération du siècle prochain!
En présence de ces faits, on ne peut que redire avec la confiance enfantine d’un cœur compatissant:
Loué soit Dieu, Jésus les aime tous!
À cela pourtant, nous Salutistes surtout, nous devons ajouter: «OUI, LOUÉ SOIT DIEU!» Mais il s’agit de faire tous nos efforts, de nous mettre de toutes nos forces à la recherche de ces enfants et de les amener au Sauveur qui les aime, et qui nous dit:
«Laissez-les venir à Moi»,
c’est-à-dire:
«AMENEZ-LES-MOI».
En avant 1904 11 26
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