Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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DU BOUDDHISME AU CHRISTIANISME

VIE CAPTIVANTE DU MAJOR YAMANUIRO, NOTRE RÉDACTEUR JAPONAIS,

RACONTÉE PAR LUI-MÊME.


Mes parents étaient bouddhistes, de nom du moins, et vivaient dans un village japonais, éloignés de tous les moyens d’éducation assez généralement répandus aujourd’hui. Pauvres, absolument illettrés et possédant une nombreuse famille, ils profitèrent avec joie de l’offre d’un oncle fortuné qui m’adopta et fit mon éducation.

C’est ainsi que j’entrai à l’école communale, dont le maître principal prit un intérêt spécial à mes études. À l’âge de dix ans, il me prêta un volume des œuvres du célèbre philosophe chinois Confucius, intitulé le «Rongo».

Je me mis à le lire consciencieusement; trop jeune encore pour en saisir le sens profond, je fus néanmoins stimulé par la difficulté, unie au respect profond que j’éprouvais pour mon maître.


* * *


À treize ans, j’étais parvenu à en comprendre assez pour me rendre compte que ma vie était loin de l’idéal décrit par Confucius. Ma conscience se réveillait et je m’efforçais de me conformer à ses préceptes. Mes défauts: colère, mensonge, désobéissance, irrévérence pour mes parents, et tant d’autres, pesaient sur mon esprit.

Mes bonnes résolutions n’aboutissaient pas à grand-chose. Pour les appuyer et m’exciter au progrès, je me mis à écrire toutes mes actions, distinguant les bonnes par un rond blanc, et les mauvaises par un rond noir. Hélas! les ronds noirs étaient tellement plus nombreux que les blancs, qu’au bout de quelques jours, découragé, exaspéré, je déchirais la page, me promettant de recommencer le mois suivant avec plus de succès.


* * *


Ah! quelle lutte! Les mois se succédaient et c’était toujours la même histoire. Vers la fin de l’année, j’abandonnai la chose jusqu’au premier de l’An! À cette époque, mon oncle me retira de l’école communale. Déterminé à satisfaire ma soif pour l’étude, je m’enfuis à Tokio, la capitale du Japon. Je savais parfaitement qu’en agissant ainsi, je m’aliénais mon oncle et je renonçais à devenir son héritier, mais la science, à mes yeux, était cent fois préférable à la fortune.


* * *


J’entrai comme apprenti chez un imprimeur de Tokio.

Mon entourage était tout ce qu’il y avait de plus dégradé. Mes deux cents collègues dépensaient presque tous leurs gages en orgie, et, dégoûté de la vie, plus d’un y mit fin par le suicide.

J’étais plus éloigné que jamais de mon idéal de la vie. Découragé par l’indifférence de mon entourage, désespérant de parvenir à me rendre maître de moi-même, j’étais presque décidé à céder aux sollicitations de mes camarades et à donner dans leurs excès d’ivrognerie et de licence, quand j’entendis quelques étudiants discuter sur le christianisme, au coin d’une rue.

Fort intéressé, je les suivis à une réunion de réveil.

L’idée d’une religion pratique et d’un salut personnel trouva dans mon cœur souffrant et lassé un terrain bien préparé, et je fus converti au Seigneur Jésus-Christ. Mes angoisses s’évanouirent, mon âme débordait d’une joie que je ne pouvais contenir. J’essayai d’entraîner quelques-uns de mes camarades à la réunion, mais ils se montrèrent absolument indifférents à la religion. Je commençai à prier pour eux et à les interroger sur les raisons de leur incrédulité en présence d’un sujet aussi important. .



* * *


Leurs réponses m’impressionnèrent vivement; je me convainquis que la cause pour laquelle le peuple reste indifférent à la religion, c’est que ceux qui prêchent le salut le font dans un langage inintelligible aux classes sans éducation.

Fort attristé de cette découverte, je fis vœu que si Dieu me favorisait, je consacrerais ma vie à l’évangélisation populaire. Un libraire chrétien m’engagea alors à quitter l’imprimerie et à venir chez lui une année pour avoir le temps d’étudier. C’est ainsi qu’à seize ans je commençais à étudier la Bible et à prêcher en plein air.

Il m’arriva de tenir jusqu’à trente soirs de suite des réunions dehors, au même coin de rue, et des âmes furent convertie. La femme d’un portier, entre autres, les suivit régulièrement, fut sauvée, et est aujourd’hui amie de l’Armée.


* * *

Je ne savais que deux ou trois cantiques et les chantais tous les soirs jusqu’à ce que mes auditeurs les sussent par coeur. J’aurais bien voulu leur distribuer des traités, mais je n’avais pas d’argent pour en acheter. Quand je réussissais à me procurer un Nouveau-Testament bon marché, j’en donnais un feuillet ou deux à chaque personne.

Ayant besoin d’une bannière pour attirer l’attention des gens, j’achetai à cet effet une bande de toile blanche et écrivit dessus le mot «Christianisme».

L’année écoulée chez mon libraire, il me fallut de nouveau pourvoir à mon entretien. Mon ambition était d’entrer au collège chrétien de Kyoto, mais comment payer mes cours et ma pension?

Pareille idée paraissait absurde. Cependant j’avais entendu parler de Georges Muller, de Bristol, et des exaucements merveilleux que Dieu lui avait accordés. Je pensai que:


SI les pères terrestres des jeunes étudiants payaient les dépenses de leurs fils,

mon Père céleste en ferait bien autant pour moi si j’avais confiance en Lui!


(À suivre.)

En avant 1904 11 19


 

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