Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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PAUVRETÉ


Vous aurez toujours des pauvres avec vous. (Matth. XXVI, 11)

Ces paroles de Jésus-Christ, prononcées chez Simon le lépreux qui avait invité Jésus pour un repas avec ses disciples et en compagnie des notabilités du parti pharisien, gens orthodoxes, observateurs des formules, représentants attitrés du pouvoir moral et religieux, mais dans le sens de la lettre qui tue et non de l’Esprit qui vivifie, furent une réponse à ses disciples qui déploraient la perte du parfum que la pécheresse repentante avait répandu en signe de reconnaissance sur la personne de Jésus Christ.


Vous aurez toujours des pauvres avec vous,

MAIS

vous ne m'aurez pas toujours.


La pauvreté n’est un charme pour personne, certes tout le monde est d’accord pour reconnaître que la pauvreté a bien des inconvénients, mais nous dirons aussi qu’elle a ses avantages; de même la richesse qui rend les choses de la vie plus faciles a bien son côté épineux.

La pauvreté peut irriter, empêcher certaines natures bien douées d’arriver à des situations qui mettraient davantage en relief leurs qualités et leurs vertus, mais après tout, dit Saint Paul, pourvu que nous soyons vêtus et nourris, cela suffit: la piété avec le contentement d’esprit est un grand gain.

Dans nos pays, heureusement, s’il y a des gens pauvres, le paupérisme n’existe presque pas. Par le travail chacun peut arriver à se créer une situation et l’esprit de solidarité aidant, de même que les institutions nationales, nous pouvons dire que le malade pauvre est aidé et secouru.

Il n’en est pas toujours ainsi en certaines contrées où le paupérisme est une plaie affreuse et produit la tristesse, le vice et la mort en maintes circonstances.

Mais il y a pourtant d’autres espèces de pauvres que nous rencontrons à chaque pas.


Voici l’immense légion des pauvres de paix et de joie, riches de murmures, de mécontentement. Le passant rencontre de nombreux pauvres de ce genre, au caractère grincheux, voyant tout en noir; aucun rayon de bonheur et d’espérance n’enrichit et n’ennoblit ces pauvres gens.

Voici les pauvres de bonté. Comme les mauvaises herbes dans un champ laissé en friche couvre tout, la haine, la dureté enveloppent toutes leurs idées, leurs plans et leurs aspirations.

N’oublions pas les pauvres d’humilité, les rentiers d’orgueil, croyant tout savoir, regardant les autres comme de moindre valeur, toujours à l’affût et au guet pour sauvegarder leur grande dignité et leur personnalité. Oh! comme l’on aime s’éloigner du contact de telles personnes!

Et ceux qui sont riches en critiques, en calomnies, en mauvais soupçons, vous les rencontrez nombreux, mendiant la mauvaise monnaie des histoires fausses, des choses en marge de la vérité.

Si nous voulions établir une nomenclature des pauvres de tout genre, comme la parole de Jésus nous apparaîtrait encore plus vigoureuse et forte.

Tout autour de nous des pauvres s’agitent, se démènent:

PAUVRES de vertus, de sainteté, de foi, d’amour, d’espérance, pauvres de Dieu,

RICHES de péchés, de souvenirs troublants.

Je m’arrête, parce que mon but n’est pas de mettre à nu les fautes des gens, mais au contraire de dire que nous pouvons changer les choses, car nous avons un grand Sauveur qui, étant riche, s’est fait pauvre, afin que par sa pauvreté nous devenions riches.

Retenons sa parole, allons chercher aux sources divines de l’amour tout ce qui nous manque pour être heureux.

Dépouillons-nous des loques dont notre être moral est vêtu et revêtons-nous de l’homme nouveau à l’image de Christ.

Soyons riches de dévouement, d’apostolat, de foi, de joie, de patience, d’humilité, de courage, riches du salut que Jésus nous a acquis et qui est devenu notre patrimoine.

Brigadier Jeanmonod.

En avant 1904 11 19


 

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