Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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IL TE MANQUE UNE CHOSE

(Un jeune homme riche d'aujourd'hui?)


Rien qu’une! Alors ce doit être sans doute excusable.

Il avait, dès sa jeunesse, soigneusement observé les commandements. Il avait médité la loi et les prophètes, observé les préceptes donnés par Moïse, comme aussi les prescriptions si minutieuses de la tradition des anciens. Il avait régulièrement fait acte de présence au culte de la Synagogue, et participé, avec tous les Juifs fidèles, aux trois grandes fêtes à Jérusalem.

Personne ne pouvait dire un mot contre son excellent caractère.

Vraisemblablement il avait glissé plus d’une pièce blanche dans le sachet du caissier de l’Armée du Salut d’alors (Judas), pour couvrir les frais de l’École itinérante des Cadets de ce temps.

Ce qui valait mieux encore, il s'était joint à ces troupes qui étaient suspendues aux lèvres du Messie et même il s’était à la fin décidé à le suivre.

Lui le jeune et riche membre du Grand Conseil, il avait pris la ferme résolution de s’adresser directement au Sauveur et de le consulter sur ce qu’il avait à FAIRE POUR ARRIVER À POSSÉDER LA CERTITUDE DE SON SALUT.

Ce fut une grande émotion parmi la foule des disciples, lorsque le jeune et élégant millionnaire, arrivant au galop de leur côté, posa tout à coup sa main sur la crinière de son cheval, sauta bas de la selle et se jeta aux pieds de Jésus, lui déclarant qu’il était prêt à faire tout ce qu’il lui commanderait.

Quelle sainte curiosité cet événement excita dans la foule! Les mères prenaient leurs enfants sur leurs bras pour être moins distraites et afin de mieux voir comment le jeune noble, M. Sacdor, allait se convertir.

Vous pouvez vous représenter comment l’énergique Pierre s’empressa de faire de la place; peut-être qu’il ôta son manteau et le jeta à terre en guise de tapis, dont il se servit comme banc des pénitents.


L’Évangile nous raconte que Jésus lui-même, lorsqu’il vit comment ce jeune homme se déclarait courageusement pour Lui, ne put faire autrement que de l’aimer. Aux yeux de Judas brillaient d’avance de riches dons en argent. Si un riche sortait ainsi des rangs pour venir à eux, pourquoi plusieurs autres n’en feraient-ils pas de même? Et alors, lui, Judas, serait leur économe et réglerait l’emploi de cet argent. Jean soufflait à l’oreille de Pierre: «Quel magnifique Officier ce jeune homme pourrait un jour devenir!»

En tout cas, c’était là ce que Jésus voulait de ce jeune homme: il voulait l’inscrire comme Cadet et le former pour son œuvre prochaine. Mais il faut bien nous rendre compte que jamais il ne serait venu à l’esprit de ce jeune millionnaire qu’un pareil appel pourrait lui être adressé. Il était entièrement disposé à mener une vie strictement morale, à donner pour des œuvres de bienfaisance ou de piété sa large contribution, à se mettre à la brèche pour empêcher que les disciples de Jésus ne fussent persécutés par les pharisiens et les scribes, et à employer dans ce but toute l’influence et la considération personnelle dont il jouissait auprès des autorités romaines.


Mais, lorsque Jésus, allant plus loin que tout cela, lui dit: «Il te manque une chose» et lui enjoint de renoncer sur-le-champ à toutes ses richesses et de s’inscrire comme un humble domestique de l’Agneau immolé.

ALORS IL EST COMME FRAPPÉ DE LA FOUDRE: au lieu de considérer cela comme le plus grand honneur qui pût lui arriver, il s’arrête stupéfait, il se sent dans une grande perplexité et, finalement, recule.

Étant placé dans cette alternative:


Ou bien conserver la possession de ses richesses,

ou bien arriver à posséder Christ!

IL DONNE LA PRÉFÉRENCE À LA PREMIÈRE ET REPOUSSE LE SAUVEUR.


Volontiers il aurait réuni les deux, si c’eût été possible, mais obligé de laisser l’un pour posséder l’autre, il préfère conserver ses richesses et il se sépare de Christ.


* * *


«Ah! dis-tu peut-être en lisant ces lignes, si j’avais été à la place de ce jeune homme, j’aurais répondu avec joie à l’appel du Maître et déposé à ses pieds ma fortune.»

En es-tu bien sûr?

N’y a-t-il vraiment rien que tu réserves et à quoi tu donnes la préférence, quand il s’agit de suivre ton Sauveur?

Tu es un (ou une) soldat. Tu portes l’uniforme, tu fréquentes régulièrement les réunions, tu vends l’En avant! tu as obtenu la grâce d’un cœur pur, tu travailles avec zèle pour Dieu, pour le salut des âmes: en un mot, tu es un pilier du Corps salutiste de ta localité, et tes Officiers disent, l’un après l’autre, que s’ils ne t’avaient pas, ils ne sauraient que devenir.

Les gens écoutent ton témoignage avec une vive attention, ils sont fiers de toi, et, à leur avis, tu fais honneur à la localité.


Eh bien! mon camarade, tu es justement l’homme ou la femme auquel Christ aurait dit: Il te manque une chose.

Tu es de l'étoffe dont on fait les Officiers «sang et feu». Plus d’une fois une main amie s’est posée sur ton épaule, et une voix fidèle t’a dit: Tu devrais t’offrir pour l’Oeuvre.

Souvent, dans les heures de repos ou d’insomnie, tu as entendu au fond de ton cœur la voix de l’esprit de Dieu te disant les mêmes choses.

Mais tu attendais le départ pour le ciel de quelqu’un des tiens. Tu es leur appui et tu ne peux supporter la pensée de te mettre en opposition avec eux ou de leur causer une déception.

Tu attends que Dieu t’ouvre le chemin, et voici:


CHAQUE HEURE DE DÉLAI EMBARRASSE TON CHEMIN

DE QUELQUE NOUVELLE COMPLICATION.


Peut-être tu ne te sens pas les capacités nécessaires, et tu crains de n’être pas à la hauteur de la tâche et des responsabilités d’un Officier. Certaines gens t’ont montré la grandeur des sacrifices, et présenté la tâche sous un tel jour qu’il t’a paru impossible de la remplir.

Là-dessus, sont venues les tendres supplications des tiens, ils t’ont montré le cercle d’activité bénie que tu avais dans ton entourage, et il se peut que, très sincèrement, tu aies estimé pouvoir faire, comme soldat, davantage pour Dieu et les hommes, qu’en devenant Officier... Crois-moi, tu te trompes.

Si tu possèdes les qualités nécessaires pour devenir un bon Officier, tu ne devrais pas rester soldat. «Suis-moi».

Il n’est aucune manière de suivre Jésus, plus précise, plus claire, plus immédiate, plus réelle que celle d’un Officier de l’Armée du Salut. Et pour toi?

N’as-tu pas observé la vie des Officiers de ta connaissance et constaté que cela était vrai pour eux.

N’as-tu pas remarqué comment, à mesure qu’ils étaient transférés d’un Corps dans un autre, d’une position dans une autre, leur chemin était marqué par des sacrifices, il est vrai, joyeusement accomplis pour l’amour de Jésus, mais que leur vie était aussi couronnée par des victoires de la grâce divine et de la puissance du Sauveur.

Ne pourrais-tu pas nommer toi-même des personnes qui sur ce chemin-là, ont amené des centaines, des milliers d’âmes au Sauveur?

Ne considérerais-tu pas toi-même comme un immense malheur et comme une honte, si ces gens-là n’avaient jamais quitté leur entourage, s’ils étaient restés toujours soldats, toujours sur le même point du champ de bataille où ils ont trouvé le salut pour eux?

En possession des dons qu’ils avaient, ne les aurais-tu pas toi-même avertis, conjurés de ne pas faire venir sur eux le sang de tous ceux qu’ils abandonneraient à leur sort en demeurant eux-mêmes tranquillement dans le petit cercle de leur activité de soldat?

Qu’aurais-tu dit à Saul de Tarse s’il s’était contenté d’être inscrit comme soldat dans le Corps de Jérusalem ou de Tarse?

Qu’aurais-tu pensé de Pierre et de Jean s’ils s’étaient établis comme pêcheurs dans une localité quelconque de la Galilée?

Pourtant les raisons que tu aurais eues de les pousser sur le champ de bataille, sont exactement les mêmes pour toi.

Moïse se sentait absolument au-dessous de la grande tâche à laquelle Dieu l'appelait, de délivrer Israël de l’esclavage de l’Égypte. Il objectait son bégaiement, son manque d’éloquence, son âge, sa pauvreté, son incapacité, et il priait le Seigneur de mettre quelqu’un d’autre à sa place.

Jérémie disait qu’il n’était qu’un enfant;

Ésaïe se plaignait de ses lèvres impures.

Les Officiers qui occupent actuellement les plus hauts postes dans l’Armée du Salut ont été tout d’abord écrasés par le sentiment de leur indignité et de leur incapacité en face de leur tâche. Mais ils se sont jetés sur Dieu; ils ont foulé aux pieds leur timidité; ils n’ont point consulté la chair et le sang; ils ont sacrifié tout ce qu’ils avaient de plus cher au monde, et se sont élancés dans la mêlée, ne soupçonnant pas les glorieuses victoires qui les attendaient.

Ceux qui agissent autrement, oublient que DIEU S’EST ENGAGÉ À FAIRE SA PART POURVU QUE NOUS FASSIONS LA NÔTRE; ils ne tiennent pas compte des ressources infinies et de la puissance sans borne que Dieu tient à la disposition de ceux qui veulent faire son œuvre.


Le jeune homme riche s’en alla tout triste.

Pourquoi triste?

Sa fortune lui restait tout entière. Il n’avait pas à s’inquiéter de son pain quotidien; il avait des biens en abondance pour un grand nombre d’années. La vie n’avait pour lui que des sourires, et il pourrait toujours suivre Jésus à distance.

Pourquoi donc était-il triste?

Parce qu’il n’avait pas pu se résoudre à accepter la situation d’un Officier de l’Armée du Salut et à se joindre à un modeste groupe de Cadets entrant à l’École Militaire. Il y avait en dehors de là sans doute bien des moyens de se rendre utile. Néanmoins il n’était pas, il ne pouvait plus être heureux.

La main de Christ avait levé le voile, découvert devant ses yeux de magnifiques perspectives de conquêtes spirituelles. La possibilité de devenir un de ceux qui gagnent des âmes lui avait été présentée.

Maintenant, la dangereuse fascination que ses richesses commençaient à exercer sur lui, le danger de faire, à la fin, naufrage quant à son âme sur des écueils qu’il n’avait pas considérés jusqu’ici, tout cela flottait devant son esprit.

Sa conscience le condamnait, à son oreille arrivaient les plaintes angoissées de tant de milliers d’âmes enfoncées dans la perdition et que sa main aurait pu sauver. Et il avait hésité; il avait reculé et un pas dans la mauvaise direction en amènerait un autre.

Quelle magnifique occasion il avait laissé perdre!

Comme la nouvelle de sa décision, de son sacrifice, aurait étonné et fait tressaillir le monde! La Bible l’aurait racontée; des peuples entiers y auraient puisé un encouragement et des milliers se seraient sentis poussés à suivre un tel exemple.

Au lieu de cela, SA DÉFECTION, SA FUITE SONT RAPPORTÉES LÀ, SUR LES SAINTES PAGES, comme une flétrissure et comme un avertissement pour d’autres.

Prends garde, mon camarade, de ne pas faire la même triste expérience!

Tu as trop de religion pour pouvoir être heureux tant que tu n’as pas sur toi, comme un rayon de soleil, le sourire approbateur de ton Sauveur; mais ce sourire, il ne l’accorde qu’à ceux qui obéissent, qui le suivent en consentant à porter sa Croix.

Éclaircis tes doutes à tel point que tu puisses, sans une minute d’hésitation, envoyer ton nom pour qu’il soit joint à la liste des candidats. Nous avons besoin en ce moment même d’un grand nombre de Candidats.


Veux-tu être l’un d’eux?


En avant 1904 11 19



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