LE CŒUR RÉTROGRADE
Par Mme Booth.
«Écris à l’ange de l’Église d’Éphèse: Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, celui qui marche au milieu des sept chandeliers d’or:
Je connais tes œuvres, ton travail et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvé menteurs; que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu ne t’es point lassé.
Mais, ce que j’ai contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour. Souviens-toi donc d’où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières œuvres; sinon je viendrai à toi, et j’ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes».
Avant de faire quelques remarques sur ce passage, je voudrais vous faire observer qu’il représente un message de Christ lui-même à un certain nombre de ses disciples se trouvant eux-mêmes dans une certaine phase de leur expérience religieuse.
Ces Éphésiens étaient des chrétiens nés dans la famille de Dieu, et depuis longtemps, et même dans une grande mesure on peut dire qu'ils l’avaient servi fidèlement. Écoutez ce qu'il est dit d’eux au verset 2.
«Je connais tes œuvres, ton travail et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvé menteurs; que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu ne t’es point lassé.»
Christ les dépeint avec le plus grand soin et rassemble fidèlement tous les fruits de l’Esprit qui témoignent en leur faveur. Il rappelle:
– leurs travaux,
– leur patience,
– leur haine du mal,
– leur zèle pour sa gloire manifesté par le fait qu’ils ne peuvent supporter les faux docteurs,
– leur constance dans la souffrance,
– la pureté de leur persévérance dans le bien.
PAS UNE DE LEURS BONNES ACTIONS N’EST OUBLIÉE DEVANT LUI; mais la beauté et l’harmonie du tout ensemble sont gâtées par un seul défaut, visible à lui seul, mais que son amour et sa fidélité l’obligent à révéler et à réprouver. «Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour.»
Nous autres hommes, avec notre sagesse charnelle, après une pareille énumération de leurs actes de fidélité, nous nous serions attendus à voir arriver un «c’est pourquoi» et non un «mais.»
Nous nous serions attendus à entendre Jésus dire:
«Tu as travaillé pour moi avec beaucoup de zèle, de patience et de persévérance; c’est pourquoi je veux excuser et passer par dessus ton déclin dans l’amour, le refroidissement de ton cœur.»
C’est de cette façon que beaucoup d’enfants de Dieu ont l’air de croire qu’il considère leur infidélité; MAIS LE SEIGNEUR EN JUGE DIFFÉREMMENT.
Nonobstant tout leur travail, toutes leurs souffrances, toute leur patience et tout leur zèle, il avait un mais contre eux, qui l’obligeait à formuler des reproches et excitait sa colère.
Oh! n'est-ce pas là son attitude vis-à-vis des milliers de ses disciples de nos jours?
Son message aux chrétiens d’Éphèse, ne peut-il pas s’appliquer à des multitudes de nos contemporains qui le servent avec un grand zèle et une grande patience mais qui ont abandonné leur premier amour et sont par cela même, en dépit de toutes leur manifestations extérieures, DES RÉTROGRADES DANS LEUR CŒUR?
Quelques-uns d’entre vous se récrient à l’emploi d’un pareil mot et me disent: «Mais ces Éphésiens n’étaient pas des rétrogrades?»
Pas dans le sens le plus général de ce mot, mais aux yeux du Seigneur ils étaient rétrogrades dans leur cœur.
Ils étaient tombés un peu, ils avaient un peu discontinué de rendre au Seigneur ce service auquel ils mettaient auparavant tout leur cœur et sans lequel toutes leurs œuvres extérieures quoique bonnes et faites avec zèle, étaient pourtant insuffisantes.
Je crains bien que dans ce sens, la grande majorité des chrétiens ne soient des rétrogrades.
J’ai causé avec des quantités de personnes: parmi elles, se trouvaient des hommes hautement placés dans l’Église; et ils m’ont confessé qu’au fond, ils étaient des rétrogrades, qu’ils avaient perdu beaucoup des privilèges spirituels dont ils jouissaient autrefois, et qu’ils étaient devenus bien moins consciencieux qu’au commencement de leur vie chrétienne.
Tenant pour admis que ces personnes ne sont que des représentants d’une quantité d’autres dans des circonstances analogues, je vous répète que j’ai tout lieu de craindre qu’une proportion considérable, des chrétiens professants, n’aient comme ces convertis d’Éphèse, perdu leur premier amour.
Je n’ai aucun doute que beaucoup de mes lecteurs ne soient également dans ce cas et c’est à eux, tout spécialement, que je désire m’adresser.
Laissez-moi vous engager, chers amis, à ouvrir vos cœurs et à y recevoir la vérité.
Oubliez
le
faible instrument qui vous l’apporte et si votre conscience vous
la révèle comme étant la vérité divine, laissez la peser de tout
son poids sur vos cœurs.
Si vous êtes en règle, vous n’avez rien à craindre d’un pareil examen de conscience. Il vous affermira et vous aidera à «rassurer vos cœurs devant lui».
Et si vous n’êtes pas en règle, qui pourra évaluer l’importance de faire une telle découverte à temps, tandis que le jour de grâce dure encore et que tout est prêt pour vous mettre en règle?
Je vous en conjure, soyez honnêtes avec vous-mêmes et avec Dieu.
L’on ne gagne rien à crier: «Paix! Paix!» quand il n’y a point de paix.
Il ne sert de rien d’essayer de vous persuader à vous-mêmes que tout va bien entre vous et Dieu, si votre conscience vous dit le contraire.
Vous finirez par trouver que la voix de votre conscience est trop forte pour pouvoir être étouffée par toutes les fausses théories des hommes et des démons, et je vous prédis que jamais...
VOUS N’OBTIENDREZ DE PAIX VÉRITABLE
JUSQU’À CE QUE VOUS SOYEZ REVENUS À VOTRE PREMIER AMOUR.
Il me semble que j'entends quelqu’un dire:
«Ah! je sais bien que c’est là ce dont j’ai besoin! Mais comment faire? Je sais que je suis un rétrograde dans mon cœur; je ne suis plus ce que j’étais autrefois. Mais j’ai essayé et essayé tant de fois vainement de retrouver mes privilèges perdus et de vivre comme jadis».
Mon cher ami, vous n’avez pas essayé de la bonne façon.
– Essayez de celle que votre Seigneur vous indique;
– suivez ses conseils,
– obéissez à ses commandements,
et non seulement vous retrouverez tout ce que vous avez perdu, mais vous retrouverez, dans une bien plus abondante mesure, la paix et la puissance.
Cette façon décrite dans notre texte, me paraît être:
– 1 Se souvenir: «souviens-toi d’où tu es tombé;» réaliser votre infidélité.
– 2 Se repentir: «repens-toi;» vous humilier, confesser, et renoncer à vos péchés.
– 3 Pratiquer ses premières œuvres; «et pratique tes premières œuvres;» la consécration et la foi.
En avant 1904 11 05
Table des matières |