Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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L’ABNÉGATION SUPRÊME


«C’est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ a aussi souffert pour nous, nous laissant un exemple, afin que nous suivions ses traces.»

Ces mots semblent tout à fait clairs, leur signification évidente revêt une belle et sublime vérité. N’est-il pas étrange qu’on ait tant parlé au nom de la Religion, tant sur l’exemple laissé par Jésus, et qu’on omette le caractère principal de Sa Vie, ou dans tous les cas, qu’on le place à l’arrière-plan du tableau?

Pour pouvoir vraiment le considérer dans la vie et dans la mort, il faut se reporter aux événements que nous rappelle la gravure ci-dessous, si faible soit-elle.


Christ en Croix

VOILÀ LE RENONCEMENT PAR EXCELLENCE!


S’il n’est pas un imposteur, il doit être placé au premier rang de ceux qui font violence à leurs propres préférences. Nous y voyons éclater le côté humain de sa nature, et cela nous réjouit; nous reconnaissons en Lui le Fils de Dieu, et nous adorons, et nous aimons!

Quand les ténèbres l’enveloppent dans le Jardin de Gethsémané, et que l’agonie de la solitude et de la mort pèse sur Lui, que tout concourt à rendre son chemin plus étroit, il s’écrie:

«Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux.»

C’était une grande contradiction de lui-même, mais il n’y avait là aucune amertume, aucun vain regret, comme s’il faisait une grande perle; pas l’ombre d’un doute. Simplement, presque — je le dis avec révérence — comme un petit enfant appelé par un parent chéri à passer par quelque expérience qui doit lui faire de la peine, lui dit: «Très bien — j’ai confiance en toi – non pas comme je veux, ruais comme tu veux.»

Et dans cette occasion, l’essence même de son renoncement réside dans ce fait, qu’il nous laisse un exemple, afin que nous suivions ses traces.


I.


Je dis que c’était une grande contradiction, une contradiction de tout principe de gain personnel, de plaisir égoïste, de volonté propre et d’amour de soi. Y a-t-il quelque chose qui répond à cela dans votre vie.

Avez-vous suivi Jésus dans ses souffrances de telle manière que vous êtes capables de renoncer ainsi à vous-mêmes?

Pouvez-vous répéter avec votre Seigneur en face d’un devoir qui est un chemin sombre, quand vous vous sentez appelés à sauver les autres, en sacrifiant vos aises et votre confort, ou conviés à abandonner et à renoncer à votre propre choix quand cet appel signifie accepter la volonté de ceux qui n’apprécient pas pleinement votre service ou la valeur de votre soumission, pouvez-vous alors dire: «Non pas comme je veux, mais comme tu veux».

C’est dans cet esprit de la Croix, cette contradiction de tout ce qui est le fond de notre nature égoïste que réside LA PUISSANCE VITALE DU RENONCEMENT.

Le même principe apparaît dans sa vie et dans la Vérité qu’il enseigne. Il est l’opposé de celui du monde. N’oublions-nous pas souvent qu’Il a souffert de la contradiction des pécheurs contre Lui-même.

Il avait toujours quelqu’un contre lui.

Sa vie fut une guerre continuelle.

Ses paroles blessaient.

Ses yeux condamnaient.

Il réclamait des hommes un renoncement instantané à tout ce qu’ils aimaient le plus, leur demandant de sacrifier leurs préjugés les plus chers afin de les convertir du mal au bien, de l’orgueil à l’humilité, de la sensualité à la pureté, de la corruption à la sainteté.

Quelle désaccord n’était-ce pas?

Quel renoncement incessant cet exemple n’illustre-t-il pas?

Ne le réclame-t-il pas de nous?

Le monde ne le demande-t-il pas de nous ou plutôt non — le monde ne l'attend-il pas de nous?

N’est-ce pas une condition nécessaire de notre croissance dans la sanctification — croissance dans notre ressemblance avec Christ — car il n’y a pas d’autre sanctification?

S’il a été rendu parfait à travers la souffrance et a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes, à combien plus forte raison ne doit il pas en être ainsi pour nous ses faibles enfants?

Sortons donc du camp alors, portant son opprobre. Renonçons à la bonne renommée et aux bonnes compagnies que ne peut jamais avoir l’âme qui souffre réellement pour les autres âmes, qui peine pour elles, qui refuse le vêtement souillé par la chair, qui retire les hommes du feu, qui renonce à elle-même.

Et n’est-ce pas par cette contradiction qu’il a vaincu?

Il a dit: «Non!» à Satan.

Il a osé dénoncer le péché.

Il a flagellé les hypocrites.

Il a flétri ceux qui dérobaient le bien des pauvres.

Il renvoya tout triste le jeune homme riche.

Il refusa le Royaume aux enfants infidèles du Royaume, et convia au Festin les boiteux, les aveugles et les infirmes de tous genres.

Il évita les docteurs en théologie de son temps et fraya avec de vulgaires pêcheurs, au milieu des pauvres, des perdus et des voleurs.

Il passa ainsi de la mort à la vie.

Sa couronne de Gloire est faite d’une couronne d’épines. Oui, il fut le Renoncement même, et II souffrit, nous laissant un exemple, afin que nous suivions ses traces.


II.


«C’est pourquoi mon Père m’aime, parce que j’ai donné ma vie Personne ne me l’a prise, mais je l’ai donnée moi-même».

Ainsi parlait Jésus de son sacrifice volontaire.

En pleine possession de ce pouvoir II en descendit volontairement. Non seulement II renonça à Lui-même, mais il s’imposa lui-même ce Renoncement. C’est en cela que réside non seulement sa merveilleuse et incomparable beauté, mais aussi son infinie simplicité.

Cela fait de cette action un exemple que nous pouvons imiter.

Si son acte suprême de renoncement, de sacrifice personnel, d’abnégation — appelez-le comme vous voudrez — avait été quelque manifestation extraordinaire de sa Majesté divine, si Jésus eût accompli quelque acte souverain de pouvoir irrésistible, comme il nous eût semblé inaccessible!

Peu importe combien nous pourrions bénir et adorer l’Agneau qui s’est immolé, comme il serait impossible pour nous de marcher dans l’empreinte de ses pas! Mais cette simple parole:


«Je donne ma vie. Personne ne me la prend. Je la donne de moi-même»;


Elle arrive jusqu’à nous, attache et touche l’âme la plus humble qui ait jamais aimé.

Tout homme peut donner sa vie pour un autre.

Le plus faible cœur peut mourir. Aussi l’esprit de Renoncement suprême de notre Seigneur est l’esprit qui convient pour la Semaine de Renoncement, la pierre de touche du sacrifice qui rend frères Dieu et l’homme.

L’avez-vous senti?

L’avez-vous regardé?

Est-Il venu vers vous?

L'avez-vous reçu du Seigneur Jésus et l’avez-vous entendu vous dire: «Si un homme veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive».

Oui, vous devez faire ainsi. VOUS DEVEZ PERDRE QUELQUE CHOSE POUR LUI, renoncer à quelque chose par amour pour Lui, prendre le fardeau de la Croix, — qui est un fardeau de souffrances pour les pécheurs et marcher à sa suite.


III.


Et pourquoi tout cela? Était-ce simplement par amour de la souffrance?

A-t-il choisi de mourir par amour de la mort?

Y a-t-il quelque vertu dans la Croix, quelque perfection dans l’angoisse: oh! non, non.


Le but était la Rédemption de l’humanité.


Il scella le témoignage qu’il rendait à la justice et à l’Amour de son Père par la consécration de sa mort.

Il teignit ses vêtements dans son propre sang attestant ainsi Sa puissance pour Sauver.

«Il a sauvé les autres,» s’était écrié avec une ironie cynique la foule qui le bafouait et «il ne peut se sauver Lui-même.»Oui, c’était vrai.

C’était ce «pour les autres» qui rendait son renoncement possible, qui le soutenait à travers cette faillite apparente, qui le fortifiait pour ce travail.

Sauver les autres — telle était la joie placée devant Lui comme but:

Nous devons tendre à la même fin pendant cette Semaine de Renoncement.

Il n’y a rien de réellement productif qui ne soit mêlé d’un peu de sacrifice.

L’histoire du monde renferme très peu d’actes vraiment grands et bons qui aient été accomplis sans souffrance et sans renoncement. Mais nous sommes appelés à souffrir — aussi bien qu’à combattre — non pas comme des gens qui battent l’air, mais comme des gens dont chaque sacrifice est un témoignage qu'ils donnent aux autres de la puissance de Dieu.

Je crois, a dit quelqu’un, dans les témoins qui donne le témoignage de leur sang.

Si nous ne sommes pas appelés à donner notre sang comme témoignage pour Jésus, NOUS DEVONS TÉMOIGNER POUR LUI PAR NOTRE VIE DE RENONCEMENT, dont l’esprit a été la force des martyrs; si nous sommes ses témoins nous le sommes par cela, ou par rien du tout.

Bramwell-Booth.

En avant 1904 10 29



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