Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LA VOIE PAR EXCELLENCE


Par le Commissaire

«Et moi, quand je serai élevé, j'attirerai tous les hommes à moi.»

Pour bien comprendre la pensée du Christ, il faut se rendre compte de l’état de la société dans laquelle il vivait.

D’un côté, le peuple juif, représentant attitré de la religion du Dieu vivant, avec sa haute culture morale, son culte pompeux, ses traditions, son passé glorieux.

D’un autre, l’Empire Romain symbolisant la puissance politique arrivée à son apogée; l’Empire des Césars ne comprenait-il pas, en effet, tout le monde alors connu?

Puis, entre ces deux puissances — la religieuse et la politique — celle qui pour ainsi dire les reliait entre elles — la culture intellectuelle des Grecs.

En cherchant à se rendre compte de l’état d’âme de ces peuples, on peut jusqu’à un certain point réaliser l’effet produit sur les esprits par la venue, la vie, les enseignements du Christ.

Comment, voilà un simple Nazaréen, fils de charpentier, charpentier lui-même, qui n’a passé ni par les classes théologiques juives, ni par les écoles d’Athènes, qui n’a pas suivi les divers grades politiques de Rome, et cependant cet homme n’a-t-il point la prétention de fonder une religion nouvelle?

Et dans ce but, n’emploie-t-il pas des moyens qui ne sont rien autres que le renversement complet des idées reçues?

Le sacerdoce, la pompe des cultes ont très peu d’attraits pour le Nazaréen. Ne parle-t-il pas d’un culte en esprit et en vérité?

D’un esprit nouveau qui ne peut être contenu dans les vieilles formules?

Et, pour bien faire réaliser sa pensée n’emploie-t-Il pas des expressions telles que celle-ci: «Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit, car elle emporterait une partie de l'habit, et la déchirure serait pire»,

ou encore cette autre formule significative:

«On ne met pas non plus du vin nouveau dans des vieilles outres, autrement les outres se rompent, le vin se répand et les outres sont perdues; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent

Quel émoi pour les prêtres! Quelle consternation lorsqu’ils voient le peuple suivre cet homme! C’est ainsi qu’il se conduit vis-à-vis des gens religieux. Mais quelle est son attitude envers les classes soi-disant «intellectuelles?»

Cet illuminé, ne parle-t-il point de choses étranges et inconcevables, ne choisit-il point comme disciples des gens ignorants?

N’énonce-t-Il point cette nécessité absolue: que pour faire partie du Royaume spirituel qu’il est venu fonder, l’homme doit ressembler à un «petit enfant

Quel contraste frappant avec le savoir orgueilleux des savants de l’époque!

Quant à la puissance politique, comment la considère-t-il?

Il l’envisage telle qu’elle est, comme venant de ce monde, et n’ayant aucun rapport avec Son Royaume à Lui. Mais il la respecte, cette puissance, et il a tracé à tout chrétien l’attitude qu’il doit prendre envers les pouvoirs publics par ce précepte qu’il nous a laissé:


«Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu».


Vous le méprisez, vous ses contemporains juifs, vous haussez les épaules sur son passage, représentants attitrés de la religion, et cependant cet humble d’entre les humbles, ce fils de Joseph et de Marie, enfant né dans l’étable, savez-vous qui II est?

C’est le Messie promis à votre peuple, c'est le Libérateur d’Israël, l’étoile brillante du matin, votre Sauveur.

C’est Celui qu’ont annoncé vos patriarches, chanté vos rois, prédit vos prophètes.

Vous ne voulez pas de sa doctrine étrange?

Elle est trop simple pour vous!

Vous le rejetez, vous le condamnez et bientôt amassant haine sur haine, vous allez le crucifier sur le bois infâme; en agissant ainsi C’EST LE SUICIDE MORAL DE VOTRE NATION que vous commettez.


Lui seul eût été votre salut.


Mais, béni soit Dieu, Il sera quand même votre Messie à la fin des âges.

Le jour viendra où, selon vos prophètes, vos regards se tourneront vers le Messie promis et où vous l’accepterez comme votre libérateur.

Et vous, les instruits de son temps, un sourire moqueur se dessine sur vos lèvres au passage de Jésus; et cependant quand vos noms seront dans l’oubli et qu’un petit groupe seulement les connaîtra, quand vos idées, de par la loi d’évolution seront remplacées par d’autres, quand vos enseignements seront distancés par des «maîtres» qui vous surpasseront, LE NOM DE CE JÉSUS SERA SUR LES LÈVRES DE MILLIONS D’ADORATEURS, Il sera gravé dans les coeurs des âmes qu’il aura bénies, sauvées. Il brillera comme la source d’intelligence suprême.

Vous rejetez Jésus et ses enseignements comme n’étant pas dignes de l’attention de vos vastes intelligences, et en le faisant vous vous fermez à vous-mêmes la seule source véritable de la connaissance réelle.

Cet illuminé, c’est la Science incarnée.

Cet homme qui se plaît au contact des simples, qui aime les pauvres, qui les bénit et les aide,

c’est l’Intelligence qui a présidé à la création des mondes,

c’est la Puissance qui en a établi les lois,

c’est le Dieu a dont la pensée est infiniment au-dessus de nos pensées et dont les œuvres sont si glorieuses, qu’à les considérer elles font éclater sa puissance infinie, sa majesté suprême et sa sagesse merveilleuse.


Vous n’en voulez pas de mon Christ?

Vous rejetez la lumière qui seule pourrait éclairer vos âmes, les réchauffer et les sauver?

Ne vous en prenez donc qu’à vous-mêmes si, jusqu’à la fin de votre carrière terrestre, vous errez sans boussole, voyagez sans vraie consolation dans les moments pénibles et si enfin, lorsque cette course s’achèvera:


VOUS AUREZ À ENTRER DANS LA NUIT DE L’ÉTERNITÉ SANS ESPOIR.


Et vous, proconsul romain, avec vos satellites, votre puissance toute terrestre, vous préférez vos grandeurs passagères à la seule grandeur réelle, la grandeur morale et spirituelle qu’il est venu révéler.

Force vous est cependant de le reconnaître comme Juste. C’est du moins ce que vous déclarez à la foule ameutée lorsque vous vous lavez les mains du «sang de ce Juste

Bientôt, cependant, ses disciples vont gagner Rome même, non point, il est vrai, par une politique astucieuse, indigne des Disciples de Jésus, mais par leur douceur, leur patience, leur foi, leur héroïsme chrétien.


* * *


Lecteurs, vous partagez peut-être mes vues et mes sentiments quant à l’attitude des contemporains de Christ à son égard; vous pensez qu’on aurait dû le traiter bien différemment.

Permettez..., comment le traitez-vous vous-mêmes?

Ce Maître, le Maître que vous professez servir, n’a-t-il point dit que Son Royaume n’était point de ce monde, que là où était le trésor d’un homme, là était son cœur?

À dire vrai, en quoi consiste votre royaume?

Quels sont les motifs qui vous poussent à agir dans les moments importants de la vie?

Votre royaume à vous, celui de vos pensées, de vos désirs, de vos actions, de vos préoccupations, est-il conforme à celui que le Christ est venu établir?

En d’autres termes, est-il de ce monde terrestre, matériel, partant destiné à périr, ou bien est-il céleste, spirituel, destiné à subsister toujours?

Réfléchissez!

J’admets que les principes du Christ sont contraires à ceux du monde, que le chemin de la Croix est parfois douloureux, et cependant les fruits portés par le christianisme vécu ne justifient-ils point Son Fondateur?


Vous vous élevez jusqu’aux hauteurs de l’orgueil.

Qu’y avez-vous gagné?

Le disciple de Christ s’abaisse jusqu’aux profondeurs de l’humilité avec quels résultats?

Considérez! Qu’avez-vous récolté de votre orgueil, sinon la ruine; qu’a produit leur humilité, sinon la paix, la joie et le contentement d’esprit.

Vous croyez à la force brutale, qu’ils sont donc beaux ses résultats!

Considérez-les avec leur odeur de haine, de sang, de carnage, d’horreur.

Lui au contraire a dit:

«Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s’il a soif donne-lui à boire. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien».

La douceur, la patience, l’amour divin n’ont-ils pas été, en réalité, beaucoup plus puissants?

Ne nous faisons pas d’illusion: un seul chemin conduit à la vie divine, une seule voie mène à sa source.

CE CHEMIN, CELTE VOIE, C’EST CHRIST DANS TOUTE SA PLÉNITUDE,

c’est le Jésus de Nazareth,

c’est le sermon sur la Montagne,

c’est l’exemple qu’il nous a laissé,

c’est la sombre nuit passée dans l’angoisse et la souffrance à Gethsémané,

c’est le mépris du prétoire,

c’est la marche pénible jusqu’au Calvaire,

c’est la crucifixion,

c’est l’abandon complet, mais c’est aussi le


TOUT EST ACCOMPLI!


«Et moi, quand je serai élevé, j’attirerai tous les hommes à moi.»

Ce n’est pas de l’élévation sur un trône que le Christ parlait, mais de son abaissement même jusqu’à la mort de la Croix.

S’abaisser, descendre plus bas toujours dans les profondeurs de l’humilité, de l’oubli de soi-même, mourir à toute recherche du moi, telle est la voie par excellence, ouverte à toute âme qui désire s’élever jusqu’aux hauteurs sublimes de l’abandon à la Providence divine, de la pureté, de la foi et, de ces régions bénies, attirer les âmes qui se meuvent encore dans les brumes du péché et de leurs propres passions.

En avant 1904 09 03


 

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