Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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PAGASELSKY LE «JUIF ET COMMENT IL TROUVA LE MESSIE


Hermann s’efforça de chercher de l’ouvrage, mais il ne réussit pas et chaque soir il rentrait découragé. Alors Greta faisait de son mieux pour le remonter, disant que de meilleurs jours ne tarderaient certainement pas à se lever. Après le souper, elle demandait à son protégé de lui lire quelque portion de l’Ancien Testament tandis qu’elle cousait.

Ainsi ces jeunes gens apprenaient à connaître l’histoire du peuple auquel ils appartenaient tous deux, où se manifestent si clairement les voies de Dieu et s’entretenaient ensemble des jours glorieux de l’histoire d’Israël.

Quelques semaines s’écoulèrent de cette manière.

Un soir, Hermann lisait comme d’habitude, lorsqu’un incident survint qui le conduisit à sa ruine. Il avait choisi le livre des Chroniques et lisait:

«Salomon fit amas de chariots et de cavalerie, de sorte qu’il avait mille quatre cents chariots et douze mille cavaliers, il les plaça dans les villes où il tenait ses chariots et auprès du roi à Jérusalem. Et le roi fit que l’argent et l’or étaient aussi communs à Jérusalem que les pierres.»

S’interrompant là:

Comme cela devait être beau, n’est-ce pas, Greta? dit-il. Combien le sort des pauvres Juifs d’aujourd’hui est différent! Je me demande si nous rentrerons jamais dans notre patrie!

Donne-moi le Livre, dit Greta. Hermann le lui tendit. Alors, ayant cherché un passage dans le livre de Jérémie, la jeune fille lui fit lire:

«Et je rassemblerai le reste de mes brebis de tous les pays où je les aurai chassées et je les ferai retourner à leurs parcs, elles fructifieront et se multiplieront. J’établirai aussi sur elles des pasteurs qui les paîtront, tellement qu’elles n’auront plus de crainte et ne s’épouvanteront point et il n’en manquera aucune, dit l’Éternel. Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, où je susciterai à David un germe juste, et il régnera comme roi, il prospérera, il exercera le jugement et la justice sur la terre. En ces jours, Juda sera sauvé et Israël habitera avec assurance; c’est ici le nom duquel on l’appellera: L’Éternel notre justice

Est-ce que ceci ne démontre pas que des jours meilleurs viendront pour Israël? demanda Greta. À ce moment on sonna et elle alla répondre.

Hermann, un jeune homme désire te parler, dit-elle en rentrant.

Hermann descendit et trouva un de ses anciens compagnons qui avait découvert son adresse: il venait l’inviter à se rendre avec lui à l’auberge.

Non, je ne peux pas venir, je n’ai pas d’argent, répondit-il.

Oh! cela ne fait rien, reprit l’autre, tu as partagé avec nous quand tu en avais, maintenant c’est notre tour de payer pour toi. Dépêche-toi, il y a encore quelques amis qui nous attendent dehors, Hermann hésita un moment, n’ayant aucun désir d’aller boire.

Tu n’es pourtant pas devenu abstinent! dit son tentateur d’un air dédaigneux. Allons, sois un homme et viens boire un verre avec nous.

Eh bien, je ne resterai pas longtemps, dit Hermann, et il alla chercher son chapeau.

Où vas-tu? demanda Greta.

Oh! mon ami veut me parler d’une affaire, je l’accompagne au haut de la rue, répondit Hermann qui savait très bien qu’il avait dit un mensonge.

Ne reste pas trop longtemps, Hermann! recommanda Greta, tandis que celui-ci s'éloignait avec son camarade.

Hermann et son ami descendirent rapidement la rue, où ils rencontrèrent bientôt une bande de jeunes gens bruyants qui les attendaient avec impatience.

Ah! voici Hermann, s'écrièrent-ils, nous allons bien nous amuser ce soir! Un cabaret se trouvait juste en face, ils y entrèrent ensemble. Bientôt on put les voir assis autour des petites tables, fumant, buvant et se livrant à de mauvaises plaisanteries.

Cependant Hermann ne se sentait pas à son aise; il pensait à Greta et se demandait ce qu’elle dirait, si elle le voyait dans un endroit pareil. Il y avait, à la même table qu’Hermann, deux jeunes gens qu’il avait connus à Friedbourg. L’un se nommait Max Willensky, l’autre Jacob Lichenstret. Ils poursuivaient tous deux un certain but en attirant Hermann, maintenant ils allaient divulguer leur plan.

Te plais-tu dans cette ville? demanda Jacob.

Oh! non, pas du tout! exclama Hermann. Mon dernier patron m’a chassé de chez lui sans me donner un sou, le vieux renard, et sans m’apprendre la typographie, comme il me l’avait pourtant promis. Je lui revaudrai ça un jour.

Et qu’as-tu fait depuis? questionna Jacob.

Cela ne te regarde pas, répliqua Hermann avec impatience, car, ainsi que nous l’avons déjà dit, il était de caractère emporté et un rien le blessait. Il désirait aussi éviter les questions de ses amis, étant honteux d’avouer qu’il vivait de la charité d’autrui.

Voyons, ne te mets pas en colère pour rien, dit Jacob, je ne veux aucunement me mêler de tes affaires, je croyais, au contraire, pouvoir t’être utile.

Et comment pourrais-tu m’aider? demanda Hermtnn d’un ton boudeur.

Allons, vide ton verre, je le remplirai de nouveau et je te ferai part de mon projet, répliqua Jacob.


La cordialité de ce jeune homme, l’espoir de trouver du travail, ainsi que l’action stimulante de la liqueur, remirent bientôt Hermann de bonne humeur. Après avoir bu un second verre, il était tout à fait disposé à écouter n’importe quelle proposition de ses compagnons.

Tu loges chez Mr. Ostermann, n’est-ce pas? commença Jacob.

Oui, fit Hermann.

(À suivre)

En avant 1910 12 24



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