Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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SAUREZ-VOUS DIRE «JAMAIS»?


Les lignes suivantes s’adressent aux jeunes qui ont entendu résonner en leur cœur cet appel sur lequel on ne se méprend pas — le «vends tout et suis moi du Maître», et qui hésitent avant de s’engager à tout jamais sur ses traces.

Ma sympathie va vers vous à cette heure décisive, la plus importante de votre vie, et je voudrais, si possible, vous aider à ne pas commettre une irréparable erreur, en ne donnant pas à la question l’attention qu’elle mérite.

Je voudrais vous éviter surtout les remords cuisants, qui vous assailliront plus tard, quand vous constaterez alors que vous avez gaspillé votre vie — qui eut pu être fécondé pour le bien de l'humanité, — faute d’avoir saisi l'occasion.

Je comprends vos angoisses, vos luttes, le dilemme auquel vous êtes acculé, et c’est parce que je les comprends et suis avec vous dans la lutte, jeune lecteur inconnu, que je vous dis: RÉFLÉCHISSEZ, BIEN! avant de prendre une décision, et soyez assurés que vous êtes du côté de Dieu à l’heure où vous la prendrez.


Votre cas n’est pas un cas unique, tous ceux qui ont voulu obéir à leur conscience ont eu à résoudre ce problème un jour ou l’autre. Il s’est posé il y a près d'un demi-siècle à notre vénéré Général William Booth, mais il l'a résolu. Il a considéré que c'était renier son Maître que de refuser de se libérer des conventions humaines et, par souci de l’opinion d’un groupement, mettre des barrières à l'apostolat plus complet auquel Dieu le conviait lui-même au prix des plus douloureux sacrifices et de la chute dans l’inconnu et l'insécurité du lendemain.

Et lorsque, en cette séance solennelle, il chercha du regard l’approbation de sa femme, le «jamais» de celle-ci refusant d'accepter les barrières que l’on proposait à l’activité de son mari, ce jamais qui résonna comme un coup de clairon an sein de cette assemblée, n’était pas seulement la décision d'une épouse, mais celle d’une mère de quatre tout jeunes enfants, qu’elle n’était pas sûre de ne pas voir souffrir de la faim, comme conséquence de son acte de fidélité au devoir.

Mais elle n’hésita pas.

La main dans la main, ils obéirent à la vision céleste, et leur intransigeance a été semence féconde. Tout autour du monde, des milliers et des milliers de jeunes gens placés dans des sphères diverses ont suivi ce noble exemple.

Ils ont tranché, eux aussi, le nœud gardien, jeté au vent tout compromis, et consommé ce divorce spirituel dont parle l’un de nos cantiques, et aujourd’hui, de tous les coins du globe, ils regardent vers ce vieillard de 82 ans que nous aimons appeler notre Chef, et qui à travers tous les orages est demeuré d’une absolue fidélité à ses principes.


Il n’est pas un chrétien — un chrétien vrai — il n’est pas même un penseur au monde qui n’ait été placé une fois ou l’autre en face de ce dilemme: sacrifier ce qu’il aimait et auquel il était légitimement attaché pour obéir à sa conscience, rester vrai vis-à-vis de lui-même, vrai vis-à-vis des idées qu’il professait. Au prix d’une capitulation de conscience, ils se fussent libérés de tout ennui, mais ils y auraient perdu le respect d’eux-mêmes. Ils ont tenu tête à l’orage et nous leur en sommes reconnaissants. L’histoire ne nous aurait pas transmis les noms d’un Quinet ou d'un Michelet sans cette belle intransigeance. Tu n’aurais pas toi-même à te poser aujourd’hui la question dont dépend toute une vie, que dis-je peut-être même si le Général n’avait obéi un jour, qui sait si même tu saurais ce qu'est qu’être converti? Combien de milliers d’hommes autour du monde doivent aujourd’hui à l'obéissance d’un seul, d'avoir accès aux sources de la Vie. Sans cette fidélité à son appel — point de départ de milliers d’autres — l’Évangile leur eût été à tout jamais inconnu et au lieu d’être pour autrui bénédiction et réconfort, ils eussent été puissance de mort et de destruction. Qui sait quels seront les résultats de ton obéissance? Tu les ignores aujourd’hui et il est bon qu'il en soit ainsi. Ta décision ne doit pas dépendre des résultats possible, ou même certains, mais de la valeur de l’appel. William Booth n’est pas grand parce qu’il a arraché des millions et des millions d'individus à la mort.

Il n’est pas grand parce qu’il a couvert l’univers d’institutions sociales, phares dans la nuit noire et refuges au sein de la tourmente, de désespérés qui ont pu, grâce à lui, redevenir des hommes, des citoyens, de bons pères de famille, il n'est pas grand parce que des millions lui doivent la vie, tout cela n’est que le résultat de ce qui fait sa véritable grandeur: Son obéissance à sa conscience alors qu’il ne savait pas ce que serait demain et que le demain à vues humaines était noir de probabilités qui auraient pu l’arrêter.

Le «jamais» de Mme Booth entraînant la décision de son mari, n’a pas été prononcé à cause des résultats absolument insoupçonnés d’elle-même mais parce que tout son être s’est révolté à la pensée de commettre une lacheté!


Veux-tu toi aussi dire «jamais» aux sollicitations multiples qui se dresseront devant toi, aux offres d’un avenir plus brillant, plus séduisant, plus assuré en tout cas?

Jeune converti, ne te laisse pas arrêter, dans l’élan de ton âme pour obéir à ton Sauveur! Candidat, aux yeux duquel on fera miroiter ce que tu perdras matériellement parlant, en devenant un apôtre de Christ:

Marche en avant droit devant toi, les yeux sur le Christ qui t’a lui-même adressé le «Vends tout et suis moi»

Sache mépriser tour à tour les insinuations perfides de l’Ennemi pour te retirer de ses griffes, ses calomnies et ses injures. Va devant toi, envers et contre tous fidèle à la Vision céleste!

En avant 1910 12 17



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