COMPASSION ROYALE
À la suite d’un dégel soudain, le Danube sortit de ses rives et inonda une partie des rues de Vienne. Sous le choc d’épais blocs de glace, le pont qui reliait la capitale au bourg important de Léopoldstadt s’écroula. Bientôt la population, isolée de la grande ville dont elle tirait ses ressources, était menacée de mourir de faim. Des bateaux chargés de vivres étaient réunis, mais personne n’osait entreprendre la traversée Sur le bord du fleuve, l’empereur prodiguait en vain les exhortations, les encouragements, les menaces, ou les promesses de récompenses.
Enfin, à la vue de ses sujets qui, sur l’autre rive, tendaient vers lui des mains suppliantes, le monarque monta sur un bateau et s’empara des rames en s’écriant: — Sera-t-il dit que je verrai périr, sans tenter un seul effort, ceux qui donneraient leur vie pour moi?
Cet exemple de courage fit rougir les spectateurs, retenus par la crainte; ils s’élancèrent sur les bateaux et ramèrent vigoureusement. La traversée s’effectua sans accident. L’empereur, qui avait risqué sa vie, eut la joie de distribuer du pain à son peuple affamé. Action vraiment digne d’un roi! Certes, elle lui fit plus d’honneur et lui mérita mieux la reconnaissance de son peuple que la conquête d’un empire.
Combien plus sublime encore eût été ce dévouement si, au lieu de se borner à risquer sa vie, le monarque eût agi avec certitude de la perdre, non pour des sujets fidèles, mais pour des rebelles endurcis! C’est cependant ce qu’a fait Jésus-Christ, Il a donné volontairement sa vie pour nous sauver il a quitté un trône et il a porté la croix, il est mort pour que nous ayons la vie.
En avant 1910 10 08
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TÉMOIGNAGE D’UN SAVANT
Les demi-savants sont parfois athées. Mais la presque unanimité des grands savants ne l’est pas.
Le célèbre naturaliste J. H Fabre, que Victor Hugo appelait Homère des Insectes, vient encore de le prouver. Il habite le petit village de Sérignan (Vaucluse), où l’on a célébré, le 3 avril, le jubilé de ses soixante années de travail et d’études. Ce jour-là, un de ses visiteurs lui posait la question:
«Croyez-vous en Dieu?»
Voici sa réponse:
— Je ne puis pas dire que je crois en Dieu: je le vois. Sans lui, je ne comprends rien; sans lui, tout est ténèbres. Non seulement j’ai conservé cette conviction, mais je l’ai... aggravée ou améliorée, comme vous voudrez.
Toute époque à ses lubies. Je considère l’athéisme comme une lubie. C’est la maladie du temps présent. On m’arracherait la peau (sic) plutôt que la croyance en Dieu,
(L’Église Chrétienne).
En avant 1910 10 08
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