Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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À L’ÉCOLE DU CRIME!


EcoleDuCrime


Un simple coup d’œil sur notre gravure de première page suffit pour en faire comprendre la portée.

Au centre, deux adolescents se délectent de ces périodiques funestes, poison pour leur esprit et leur âme et où ils puisent non seulement le goût des aventures mauvaises, mais le moyen d'y parvenir.

Leur imagination s'enflamment aux récits tragiques qui y sont racontés, ils rêvent de les réaliser et hélas, les gravures où le sang ruisselle, où la perversité, la cruauté s’étalent sous mille formes variées excitent encore leur cerveau surchauffé jusqu’au jour fatal où leur bras saisit l’arme qui fera d'eux un assassin. Nous ne noircissons pas le tableau à dessein.

La vérité est hélas, plus terrifiante que nos paroles et tout le monde a encore à la mémoire le forfait de CES JEUNES ASSASSINS, GARÇONS DE FERME, QUI AVAIENT PUISÉ — ainsi que l’instruction l’a établi — LEURS IDÉES ET LEURS MOYENS D’ACTION DANS LA LECTURE PASSIONNÉE DE CES MÊMES FEUILLES!

Et pendant ce temps, le péril croit sans cesse.

Chaque jour ce sont de nouveaux criminels-enfants que l’on arrête et l’on demeure terrifié à la pensée que ces jeunes cœurs ont pu concevoir et exécuter pareils forfaits! Mais il ne suffit pas d’être terrifiés il faut agir et agir vite et sans cesse, sans quoi nous courons droit à l’abîme.

La question est à l’ordre du jour, je le sais, et dans tous les milieux des hommes de cœur et de conscience, des cerveaux éclairés et des volontés bonnes creusent le problème en vue d’y apporter le remède. Naturellement il se présente sous bien des faces.


Certes toute cette littérature pornographiquetous ces journaux illustrés relatant des scènes de meurtre et de carnage — narrant avec complaisance les crimes dans tous leurs détails — les inventant au besoin pour corser le récit — sont à incriminer et c’est tellement vrai que de tous côtés se lèvent des courageux pour dénoncer le péril.

Il circule en ce moment en France une pétition pour la suppression de l’imagerie criminelle.

Celui qui l’a lancée n'est pas un homme religieux — bien au contraire — mais il a vu le péril et courageusement il l’a dénoncé. Or, le jour où il exposait son programme, dans une conférence, il s’est trouvé quelqu’un pour conjurer les auditeurs présents gagnés à la cause défendue avec chaleur par le conférencier, il s’est trouvé quelqu’un, dis-je, pour les conjurer de ne pas signer cette pétition au nom de la liberté de la presse! Ah! certes, nul plus que nous n’est partisan de la liberté de la presse — nous pensons qu’elle fait partie de la liberté de conscience, et qu’à ce titre elle est sacrée.

Nous croyons que tout individu qui a l’honneur de tenir une plume remplit un sacerdoce et — soit dit en passant — nous souffrons dans notre cœur quand nous constatons combien les gens méprisent ce privilège, vendent leur plume pour de l’argent, et au lieu de profiter de ce qu’ils ont l’oreille de millions de lecteurs pour combattre pour une belle cause, pour défendre une idée juste, grande, belle, généreuse, pour faire triompher la Justice et la Vérité, la prostituent en de vils marchandages.

... Oui, ce serait un crime de museler la pensée, et d'empêcher un être humain de répandre ce qu’il croit être utile de répandre, et de violenter sa conscience en l’opprimant.


Ceci dit, afin que personne ne se méprenne sur notre pensée — nous répétons, encore une fois, qu’il n’est pas question ici de liberté de la presse, — mais tout simplement d'une question de gros sous!

CES GENS-LÀ NE SONT PAS DES OUVRIERS DE LA PENSÉE — ils n’ont pas en vue l’émancipation de l’individu, le progrès de l'esprit humain — ILS VISENT À REMPLIR LEUR PORTE-MONNAIE.


Ce sont des industriels qui spéculent sur la bestialité humaine,

cherchent à la déchaîner toujours plus parce que,

dans cette même proportion,

ils s’enrichissent.


Oui, ils font fortune, mais ils conduisent la France à la ruine, et c’est contre quoi nous protestons.

Nous ne voulons pas qu’on continue plus longtemps à maintenir en notre pays une école d’assassins et de criminels de tout acabit, parce qu’il plaira à certains industriels sans conscience de s’enrichir en tuant nos enfants.

Celui qui s’avise de vendre de la viande avariée ou autre produit alimentaire suspect est poursuivi et mis hors d’état de nuire et personne ne s’avise de venir ici plaider la liberté du commerce. Celle-ci s'arrête à l’empoisonnement du voisin.

La même conduite s’impose avec plus d’urgence encore dans la question qui nous occupe ici.

Au nom de tous les enfants de notre peuple, de tous ces innocents qui sont souillés par ces infamies qui jettent dans leur cerveau et dans leur cœur des idées qui demain se transformeront en actes meurtriers, nous demandons la suppression de cette école du crime qu’est l’imagerie criminelle.


* * *


Ce que nous disons de l'imagerie criminelle nous le pensons des cinématographes et autres spectacles du même genre où l’on étale sous les yeux des enfants toute espèce de monstruosités morales et nous ne pouvons que faire le vœu qu’une loi semblable à celle qui vient d’être édictée en Italie, interdisant l’accès des cinématographes aux enfants, passe chez nous.

Certes nous n’ignorons pas que le cinématographe peut être un instrument très puissant d’éducation, qu’il peut rendre dans les écoles des services signalés et qu’en dehors d’elles il serait une magnifique occasion d’instruire et de moraliser, mais hélas, tout le monde sait que ce n’est pas là à quoi visent ceux lui organisent des séances de cinématographes.

En attendant donc qu’on ait organisé des cinématographes que des enfants pourront voir sans danger, le mieux est de les en tenir éloignées.

Parents, qui lisez ces lignes, il ne vous appartient pas toujours de contrôler ce qui tombe sous les yeux de vos enfants dans la rue, oh, prenez au moins l'engagement sacré de surveiller ce qu’ils ont dans les mains — lectures, images, — et de ne pas les envoyer à ces cinémas établis un peu partout, avant d’avoir vérifié par vous même ce qui s’y donne.

Écoutez un exemple:

Un enfant reçut cette année en récompense pour sa bonne conduite, un billet de faveur pour un cinéma. Le père, intelligent et soucieux de l’éducation morale de son enfant, résolut d’aller voir tout d’abord le spectacle avant d’y conduire celui-ci. Hélas! il n’eut pas la peine de l’y conduire car le spectacle était tel que, lui, homme d’âge mûr — s’en trouva offensé. Il s’en fut avertir le directeur de l’Institution où son enfant allait en classe afin que d’autres enfants ne fussent pas contaminés.

Parents, éducateurs, qui que vous soyez, lecteurs de ces lignes, voulez-vous faire comme cela non seulement pour des cinémas mais pour tout ce qui peut ternir l’âme d’un enfant. Vous ne saurez faire d’œuvre plus utile et plus efficace.

Alors dira quelqu’un vous pensez que si l’imagerie criminelle disparaissait et que les enfants ne fussent plus admis aux cinémas la criminalité juvénile serait du même coup supprimée.

Je ne dis pas cela, mais en tous cas ce serait deux importants facteurs qui seraient balayés du chemin. Il est évident que l’action de ceux-ci vient hélas se greffer sur celle de la rue, des mauvaises compagnies, de tout ce qui s’apprend dans le désœuvrement qui suit les heures de classe et qu’une éducation de la jeunesse s'impose plus que jamais, éducation de la conscience, éducation du cœur, éducation du sens moral si dévoyé.

Songez-vous parfois à ces pauvres enfants dont les parents ne peuvent — ou ne se soucient pas — de s’occuper?

Songez-vous à votre responsabilité vis-à-vis d’eux?

Cette pensée me hante jour et nuit et je m’efforce, autant que je le puis, d’intervenir ne fut-ce que par une conversation de quelques minutes — moins que cela — un mot en passant, une caresse, un sourire à un enfant abandonné au hasard de la rue — afin, si possible, de semer dans son jeune cœur quelque chose de bon.


L’autre dimanche je sortais d’une réunion de sainteté et, assise sur la plateforme d’un omnibus, j’attendais qu’il partit. Un petit garçon, la mine éveillée, le regard franc, sautillait sur le marche pied, avide de mouvement, d’air, de soleil et peut être d’affection. En tous cas un je ne sais quoi de souffreteux en lui m’avait gagnée. J’engageai conversation.

Alors tu t’amuses?

Oui.

Et ta maman?

M'man, elle vend la «Presse!»

Oui, mais pas maintenant. La Presse » c’est l’après-midi et maintenant où est elle?

J’sais pas!

Et ton papa?

J’sais pas où il est?

Toujours sautillant comme un papillon, le gamin m’avait pris le cœur par tout ce que ces bribes de conversation révélaient d’abandon moral et autre. Au bout d’un instant, il revint. Cette fois, il était grimpé sur l'escalier de l’impériale, et je l’avais devant moi.

Vas-tu à l’école?

Oui, mais pas maintenant, c’est les vacances.

Il faut aller déjeuner, c’est midi.

Oh! oui, j’ai faim.

Va donc à la maison.

Y a personne!

Et ta maman?

J’sais pas où elle est!

Et alors? Où mangeras-tu?

Je mangerai ce soir!

Le cœur navré, j’écoutais songeuse. Un monsieur, mon voisin de plateforme, me dit d’un air significatif: «Futur apache!» L’expression, malgré tout ce qu’elle pouvait avoir de réel, me cingla comme un coup de fouet. Était-ce parce que je sentais l’absence d’affection dans ce cœur d’homme bien élevé, pour ce pauvre enfant de la rue, — mais mon cœur alla plus encore vers celui-ci. Je lui pris les mains et je lui dis:

« Est-ce vrai? Veux-tu être un apache? Sais-tu ce que c’est qu’un apache? Ses grands yeux dans les miens, il réfléchit un instant, puis soudain:

« Je distribue des prospectus.

« Et quand? — « Le soir après quatre heures, quand je rentre de l’école!

Ces mots, qui n’avaient pas l’air d’être la réponse à ma question, en étaient une, et bien significative. Ils voulaient dire: «Je travaille, je fais œuvre utile, les apaches n’en font pas!» et son regard à l’interlocuteur de tout à l’heure était empreint d’une certaine fierté blessée, qui me fit du bien.

L’omnibus allait partir. Je déposai un baiser sur son front.

Pauvre petit! Combien de milliers comme cela dans cette grande ville, qui ne demanderaient qu’à être bons, si quelqu’un les y aidaient.

Voulez-vous le faire, chers amis?

Voulez-vous songer à l’enfant de la rue, lui donner un peu de votre attention, un peu de vos soins, un peu de votre cœur. L’affection attire toujours un cœur d’enfant. Oh! songeons à eux, à tout ce qui leur manque, à tout ce qu’ils ne reçoivent pas de bons conseils et de bons exemples, et au contraire à tous les mauvais dont leur sentier est semé.

Pitié pour ces enfants! Occupez-vous d’eux.

La Jeune Armée vous offre dans ce pays une occasion merveilleuse, une occasion de leur prouver un amour pratique. Conduisez-les à Jésus, l’Ami des enfants, capable de comprendre tellement un cœur d’enfant, capable de le rendre bon, pur, véridique. Songez aux enfants et conduisez-Ies à Jésus afin qu’il les sauve:


C’EST LA SOLUTION DU PROBLÈME DE LA CRIMINALITÉ JUVÉNILE.


Songez-y sous le regard de Dieu et faites votre devoir vis-à-vis d’eux. Faites-le sans tarder! Faites-le immédiatement!

En avant 1910 10 08



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