Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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DESCENDS DE LA CROIX!


N’entendez-vous pas cette foule en démence, mélangeant sa voix railleuse à la voix sinistre des principaux sacrificateurs, tous faisant chorus pour jeter à la sanglante figure du Christ cette perfide parole:

«Si tu es le fils de Dieu, descends! Tu as parlé de ton Père, annoncé le royaume de Dieu, proclamé le pouvoir divin; Tu as guéri les malades, ressuscité les morts, sauvé les pécheurs: fais en autant pour Toi. Puisque Tu te confies en Dieu, que Dieu te délivre!... Descends! et alors quand nous aurons vu, nous croirons...

Quoi! vous croirez! Hypocrites que vous êtes. Si, arrachant les clous de ses mains et de ses pieds, si, prenant sa couronne d’épines pour la jeter à vos pieds, le Christ se dégageait du bois infâme, comme en Gethsemané vous seriez tous renversés... Mais, hélas! pour vous relever promptement, et CE QUE VOUS AVEZ FAIT, VOUS LE REFERIEZ.

Jésus descendu de la Croix, vous le traîneriez chez Anne, chez Pilate, vous l’insulteriez à nouveau en le reconduisant à Golgotha, tant la méchanceté gît au fond de votre cœur.

Descends!

Non, il ne descendra pas.

N’est-ce pas précisément pour ce moment tragique, pour cette heure suprême que le Fils de l’homme est venu en ce bas monde?

N’est-ce pas pour s’immoler sur l’autel du sacrifice comme un agneau, qu’il a pris un corps humain?


Oui, Jésus, nous t’adorons,

parce que tu n’as pas voulu descendre de la Croix.


* * *


Que de fois, dans nos sombres heures de dépouillement, de tristesse, de brisement, quand nos cœurs saignaient le plus, ce cri sinistre n’a-t-il pas retenti à nos oreilles. Voyant notre indicible souffrance, doucement Satan s’est approché en nous disant:

«Descends!

À quoi bon rester ainsi sur l’autel.

Ne vois-tu pas que tu es la risée du monde et de l’enfer?

Tu crois servir Dieu et tu n’as qu’épreuve sur épreuve, déchirement sur déchirement: où est l’accomplissement de Sa promesse?»

Subtilement de pieuses bouches nous ont aussi lancé à la figure le SI du désert, le SI du calvaire, le SI des détresses, des abandons.

«Si tu prenais une autre voie, tu aurais plus de roses et moins d’épines, plus de joies et moins de souffrances... Descends!»

Arrière de moi, Satan!

N’avons-nous pas vu ceux que tu as fait descendre, perdre leur puissance, leur amour, leur paix et leur joie... en un mot, tout est descendu avec eux: ils ne sont plus des sauveurs d’âmes.

Ô mes chers camarades! N’ÉCOUTONS JAMAIS CETTE VOIX PERFIDE DE L’ENNEMI qui nous dit:

«arrache les clous, ne pleure plus, ne saigne plus, ne souffre plus, descends!»

Bénissons, adorons le Christ de ne pas être descendus de cet arbre séculaire, mais d’y être restés jusqu’à ce que tout fût accompli...

Une lumière ineffable brille dans la nuit noire de ce monde, lumière qui pénètre l’âme et lui montre le Céleste Port...


PARCE QUE LE CHRIST N’A PAS VOULU DESCENDRE.


P. Chatelain.

En avant 1904 08 20



 

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