Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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ESQUISSE DE LA VIE DU COLONEL COOKE

RACONTÉE PAR LUI-MÊME


Ce fut pour moi une grande douleur quand je perdis ma mère à l’âge de huit ans Mais elle me laissa un héritage précieux: LE DON DE LA PRIÈRE.

Je ne me souviens pas beaucoup des enseignements qu’elle me donna, mais autant que je puis me le rappeler, je sais que je priais pour mes devoirs de classe, pour chaque difficulté et pour tout ce dont j'avais besoin.

Ma pieuse mère avait appris à prier, aussi n’éprouva t-elle aucune crainte lorsque la mort arriva pour elle.

Mon père fut élevé en Irlande et se prépara à la vocation de pasteur.

En lisant la Bible il expérimenta, comme Luther, que Dieu exauce les prières et il se confia en Dieu seul pour le salut de son âme. Il devint un serviteur de Dieu de marque parmi les Irlandais et un grand nombre de ses descendants travaillent pour Dieu aujourd’hui dans différents pays.

Je puis aussi mettre en pratique, partout où Dieu m’envoie, le précieux don que ma mère m’a laissé:


PRIER, PRIER POUR TOUS ET ENGAGER CHACUN À LE FAIRE.


Quoique j’eusse appris à prier depuis tout jeune, je dois malheureusement confesser que je n’étais pas bon. Je faisais mon devoir à l’école, mais mon cœur irrégénéré me poussait toujours au mal. Je savais que je devais me convertir et cela signifiait pour moi être toujours bon. Je m’efforçais de le devenir, mais j’échouais constamment.

Il m’est pénible parfois d’avouer mes torts, mais comme j’écris ces lignes pour la gloire de Dieu, je crois que ma confession peut aider quelqu’un possédant les mêmes tendances que moi.

Comme jeune garçon j’avais deux grands défauts: le mensonge et la malhonnêteté.

Je haïssais les mauvaises paroles, mais j’aurais facilement dit un mensonge pour me sortir de difficulté, volé un morceau de sucre ou quelques bonbons. Il est vrai que dans la partie de l’Irlande que nous habitions, on traite à la légère le mensonge et on n’apprécie pas la vérité à sa juste valeur. 


À l'âge de quinze ans je quittai la maison paternelle pour entrer dans un autre collège. Je demeurais dans une maison de campagne à laquelle attenait un verger. Voler des pommes, pour nous jeunes garçons, n’était pas un péché, à moins que nous ne fussions pris en flagrant délit.

Je n’avais pas d’argent pour acheter des pommes, mais je trouvais très aisé de me glisser furtivement, la nuit, dans le verger pour en voler. Il y avait, dans la maison, un garçon plus grand que, moi, le domestique, à qui je persuadai de faire comme moi et c'est ainsi que nous volions la nuit et apportions le produit de nos larcins dans notre chambre. Nous nous considérions tous deux comme religieux; il était bon catholique et moi bon protestant. Nous priions comme d’ordinaire.

Je demandais à Dieu de me pardonner le mal que j’avais fait durant le jour — mais je ne mentionnais pas les pommes — je lui demandais de bénir ma parenté et de me prendre au ciel si je devais mourir cette nuit-là. Puis nous nous mettions au lit — nous mangions nos pommes et nous nous jugions très fins et très habiles.

Mais — il y a toujours un mais à ce qui n’est pas bien — ma mauvaise action fut découverte. Combien je priai Dieu alors, et le propriétaire, de me pardonner! Depuis lors je n’ai plus volé de pommes.


Un an plus tard, j’entrai dans une école normale de Dublin, avec l’espoir de devenir pasteur plus tard. Les dimanches après-midi, j'assistais aux réunions de réveil qui se tenaient alors dans cette ville.

Là, on me parla directement: «Êtes-vous sauvé, jeune homme?» me demanda-t-on. Je répondis négativement et, saisi de crainte, je m’enfuis dans la classe; là, du fond du cœur, je demandai à Dieu de me sauver. J’éprouvai une grande joie et je fus déterminé de devenir dès lors un vrai chrétien. Mais hélas! il n’en fut encore rien.

À table, le lendemain, un des élèves avec lequel je m’étais pris de querelle, dit en me raillant: «Cooke devient un mômier, je l'ai vu qui priait!» Ceci me vexa. Je pensai que je ne deviendrais jamais chrétien tant que ce personnage resterait avec moi dans l’école.

Devant cet affront et dans ma colère, je décidai de le tuer à notre première querelle. Quel affreux sentiment! Que c’était regrettable qu’il n’y eût personne alors près de moi pour me conseiller.

Après ce premier et triste échec dans ma nouvelle résolution, je la laissai de côté, la remettant à une occasion plus propice. Je progressais dans mes études, dans celle de la Bible surtout.

J’obtins les premiers prix, quoiqu’étant le plus jeune. Je fus nommé instituteur. En dehors des classes, j’étudiais de 5 heures du matin à 9 heures du soir, pour me préparer au pastorat. J’éprouvais cependant une antipathie marquée pour la vocation de pasteur; je sentais que je n’y serais pas heureux.

Je n'oserais plus lire de romans,

je devrais abandonner la danse, que j’aimais passionnément.

Je ne pourrais plus aller au théâtre ni aux courses de chevaux. Il est vrai que je n’étais pas encore entré dans un théâtre, mais j’étais jeune et assoiffé de plaisirs.

Pourquoi me rendre la vie amère en devenant pasteur?

Ne pouvais-je pas, sans l’être, m’occuper des choses religieuses?

C’est ainsi que j'argumentais avec ma conscience.

C’est à cette époque que j’entendis parler d’une place bien rétribuée par le gouvernement. L’examen à subir était très difficile; je décidai de postuler et me mis à travailler fort et ferme pour occuper une place avantageuse, mener une vie agréable, voir le monde et me conduire à ma guise.

Peut-être jugera-t-on que j’étais hypocrite quand l’on saura que je priais Dieu bien souvent de faire réussir mes examens. Je ne disais pas au Seigneur que je désirais une place où je ne le servirais pas. Mais il le savait, naturellement.

J’étudiais d’arrache-pied et je priais beaucoup.

À mon grand étonnement je réussis à l’examen. J’en fus très heureux. Je quittai mes leçons de l’école du dimanche et négligeai les services religieux, à part ceux du soir.

J’allais au théâtre deux ou trois fois par semaine,

j’étais passé maître pour la danse,

et je commençais à goûter des boissons enivrantes.

Je m’avançais grand train vers l’enfer si par la grâce de Dieu je n’avais été envoyé à ce moment-là en Angleterre.

Tout d’abord je fus entraîné, là aussi, plus bas dans le péché.

Un jour, dans la rue, j’aperçus les Salutistes, contre lesquels j’avais de fortes préventions. Je ne voulais pas aller les entendre, parce que je les tenais pour des hypocrites. Une de leurs annonces me tomba sous la main:

le Capitaine McKie (maintenant Commissaire), devait tenir une réunion en plein air. Je m’y rendis et fus fortement convaincu de péché, mais pour n en rien laisser paraître, je me mêlai aux railleries que l’on adresse si souvent à l’Armée du Salut.

(À suivre).

En avant 1910 10 01



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