EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LA SOURCE

Vous m’avez souvent demandé comment il se fait que je sois toujours gai et s’il ne m’arrive pas, comme à d’autres, d’être parfois triste, déprimé et découragé.

J’ai répondu à ceux qui étaient en état de le comprendre:

«Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se défigurent le visage, pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent..., montrez-le à votre Père en secret.»

Je vous ai dit que tout autre a déjà une lourde croix à porter et que celui qui est fort ne doit pas charger autrui de la sienne. Pourtant je conçois facilement que d’autres regardent comme singulier, que, nous chrétiens, nous soyons toujours joyeux, parce qu’ils ne connaissent pas le secret d’une vie heureuse.

Connais-tu le secret de la source?

Sais-tu pourquoi l’eau qui vient du rocher ne tarit pas?

Là l’eau jaillit et coule sans cesse. Le soleil peut être ardent, le vent peut souffler autant qu’il voudra, tellement que, les ruisseaux baissant peu à peu, les biches qui descendent des collines pour apaiser leur soif n’y trouveront plus d’eau — la source coule toujours et fournit son eau sans mesure.

Et il reste toujours de l’eau qui n’est utilisée par personne, elle va se perdre dans le sable.

Oui, quand les champs et les vallées sont desséchés, elle est encore là comme un miracle, sans que la pluie ne l’alimente. Les femmes qui viennent puiser n’y comprennent rien et les ruisseaux étonnés lui demandent: «Comment se fait-il que tu coures toujours plus fort, tandis que nous nous perdons dans le sable desséché?»

Et la source répond gaiement: «Sur les montagnes d’où je viens, montagnes éloignées, il est tombé une pluie douce.»

Le secret d’une vie heureuse est-il autre?

Toi, mon Dieu, tu es ma pluie sur de lointaines montagnes, les hommes ne comprennent pas comment il est possible que la source de ma joie soit intarissable, simplement parce qu’ils ne voient pas comment tes eaux arrivent à moi par des canaux invisibles.

* * *

Le grand but de l’Écriture est d’enseigner:

– aux meilleurs d’entre les hommes à désespérer d'être sauvés par eux-mêmes,

– aux plus mauvais à ne pas désespérer d’être sauvés par Christ, et d’offrir à tous le secours dont ils ont besoin.

Th. Adam.

En avant 1910 09 24