TRIBUNE ANTIALCOOLIQUE
RÉCIT TRAGIQUE
Trois membres d’une même famille tués par l'alcool. Dans la famille dont nous nous occupons, le père n’avait jamais été ce qu’on appelle un homme adonné à la boisson: il se contentait d'un petit verre de temps en temps; mais le fils fut plus qu’un buveur modéré.
C’était un homme intelligent et capable, mais il rentrait souvent à la maison dans un état indescriptible. Il battait sa femme, il cassait les meubles. Quelques temps après, dans un accès alcoolique, il prit une corde et alla se pendre.
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Son frère Georges prit aussi l’habitude de boire de très bonne heure. Le démon de la boisson l’avait saisi d’une telle sorte qu’il restait plusieurs jours malade à la suite de ses excès.
Un jour, il y avait eu fête dans son village, fête qui s’était prolongée toute la nuit; le lendemain matin, Georges entra dans un débit de boisson et il but tous les fonds de verres qui étaient restés sur les tables Comme les liqueurs absorbent l’air vicié, Georges s’était empoisonné. Il alla dans la cour. Quelques heures après, on le trouvait mort.
Le docteur qui fut appelé pour constater son décès, déclara qu’il n’avait jamais vu un corps aussi saturé d’alcool et que si on y mettait une allumette, le feu prendrait immédiatement dans l’intérieur de son corps.
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Quelque temps après, le père, attéré par la mort prématurée de ses deux fils, mit fin à ses jours en se noyant.
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Après ce récit, parfaitement authentique, tout commentaire serait superflu.
«Je parie que je boirai toute cette bouteille d’absinthe!» disait une jeune femme de vingt-cinq ans en brandissant une bouteille pleine de la liqueur de mort.
— On sait bien que tu l’aimes, mais tu n’oserais pas boire tout cela!
— Vous allez voir!
Et la jeune femme porta la bouteille à la bouche, et en but avidement le contenu. À mesure que la pauvre créature absorbait le fatal breuvage, son visage pâlit. Elle ne put l’achever et tomba sur le plancher, les membres raidis. On appela le docteur. Ce fut en vain.
La pauvre femme mourait quelques heures après dans des souffrances indescriptibles... Elle se débattait dans des convulsions si atroces, que cinq hommes étaient obligés de la tenir.
Elle avait commencé a boire de l’absinthe EN EN METTANT (seulement) QUELQUES GOUTTES DANS UN VERRE D’EAU.
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L’ABSINTHE INTERDITE EN HOLLANDE
SON IMPORTATION PROHIBÉE
L’administration des Chemins de fer de l’Etat belge a reçu de la Compagnie, pour l’exploitation des Chemins de fer de l’Etat néerlandais, une communication l’informant qu’en vertu de la loi du 6 décembre 1909, les dispositions suivantes, concernant l’importation et le transport de l’absinthe dans les Pays-Bas, sont entrées en vigueur:
1° L’importation de l’absinthe dans les Pays-Bas est défendue;
2° Le transit de l’absinthe dans les Pays-Bas est permis aux conditions à prescrire par une mesure générale du gouvernement.
D’après un arrêté royal, les conditions suivantes sont stipulées:
Article premier — Le transit de l’absinthe importée par la voie maritime est permis en vertu de la loi générale du 26 août 1822, modifiée en dernier lieu par la loi du 1er juillet 1909, et de l’arrêté royal du 26 mars 1872, modifié en dernier lieu par un arrêté du 8 juillet 1907, à l’importation par les bureaux-frontières, en vertu de l’arrêté royal mentionné ci-dessus; le tout en observant les conditions des deux articles suivants:
Art. 2. — L’absinthe destinée au transit doit être mentionnée sous son nom dans tous les documents et déclarations;
Art. 3. — Pendant le transport, à partir du premier bureau jusqu’au moment de quitter le territoire néerlandais, l’absinthe doit être sous plombs apposés par la douane.
En avant 1910 09 10
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