Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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JE VEUX ME LEVER


Par le Commissaire RAILTON

Lorsque ma petite fille Esther avait trois ans, elle me prêchait tous les matins ce sermon éloquent. JE VEUX ME LEVER! était sa première exclamation dès qu’elle avait secoué l’engourdissement du sommeil et, à moins qu’on ne la fit taire, c’était une sorte de gazouillis continue, impatient des: «Ze veux me lever, ze veux me lever» jusqu’à ce qu’enfin on l’eut levée! et lui eut permis de se lancer de tout cœur dans le tourbillon de sa vie d’enfant!

Oh! que je voudrais voir un tel empressement à se lever surgir dans tous les coeurs! Mais qu’un tel esprit puisse animer au moins les rangs de l’Armée du Salut, sur toute la ligne!


Pourquoi vivons-nous?

Pourquoi nous levons-nous chaque matin?

N’est-ce pas pour saisir les puissantes bénédictions, les occasions précieuses que Dieu nous met sous la main, pour nous lancer après elles avec la force toujours nouvelle de la puissance d’En-Haut?

Et cependant, nul parmi nous n’a jamais consommé la ruine des espérances de l'enfer, nées dès l’aurore du premier matin de Pâques: nul n’a entièrement profité des «possibilités» sans nombre qui se trouvent à chaque instant sur la route de ceux qui participent à la «puissance de la résurrection du Christ

Oh! par pitié, qu’aucun de nous, encore que nous ayons vu et éprouvé la Toute-Puissance du Maître — qu’aucun de nous, jetant un regard sur le passé, ne se croise les bras et dise: «Je suis satisfait!»


Levons-nous seulement pour voir ce que Jésus désire que nous fassions.

Levons-nous pour nous donner joyeusement à Lui, et je crois que Sa volonté sera de réduire à néant, en tout pays, les forces de l’Esprit du mal, de faire lever sur les foules comme un Soleil de justice pour DÉLIVRER LA MAJORITÉ DES HOMMES DES TÉNÈBRES QUI LES ENVELOPPENT.

Je dis bien la majorité, car Il ne s’est pas levé pour éclairer quelques coins de la terre. Il est venu pour sauver le monde. Je me rappelle un soir où j’eus, dans un cabaret, comme une révélation du fait.

Avec l’aide du cabaretier et d’un certain nombre d’ouvriers qui avaient acheté notre journal nous avions chanté un cantique dont le choeur était: «La lumière du monde, c'est Jésus.»

Cela allait à merveille; nous répétions ce chœur sans cesse, et les figures de s’illuminer et les pieds de frapper en cadence. On cessa de boire et de jouer aux cartes. Les fumeurs eux-mêmes mirent de côté pipe et cigare pour se joindre à nous et, un moment, nous fûmes bel et bien les maîtres de l’endroit.

Je n’avais jamais vu auparavant un tel tableau en «chair et en sang» des moyens par lesquels Jésus-Christ entendait détruire le péché, chasser les ténèbres, arracher le monde tout entier à l'emprise de son ennemi.

Oh! si chaque salutiste se levait seulement pour l’œuvre que Jésus-Christ veut accomplir par lui quelle merveilleuse vie devant lui! Il y a peu, probablement, très peu de soldats dans nos rangs qui n’aient pas senti cela à un moment donné, dans telle ou telle réunion de prière. Ils ont vu quelque grand pécheur écrasé soudain par la toute-puissance de Dieu, ou soudain transformé en un saint triomphant, et de toutes leurs forces ils ont crié: «JÉSUS EST FORT POUR DÉLIVRER!»

Mais, hélas! hélas! ce merveilleux sentiment de foi et d’attente, dont la conséquence inévitable est la résolution de se lancer coûte que coûte à l’œuvre de Jésus, a sombré sous les railleries de la critique et sous les désappointements qui accompagnent toujours une guerre réelle.

Sans doute, ils gardent un souvenir précieux de ces grands évènements d’autrefois «lors de l’ouverture de leur Corps» — mais ils savent qu’aujourd’hui ils ne sont pas réveillés comme ils devraient l’être, et néanmoins ils ne désirent point se réveiller. Oh! vienne dans l’âme de chaque salutiste, vienne un jour de «résurrection», un jour de «réveil».


Il est une autre classe de gens pour lesquels j’ai toujours éprouvé une pitié profonde mêlée d’un réel étonnement, je veux parler de ces personnes, très respectables d’ailleurs, qui viennent dans nos réunions de temps en temps et qui néanmoins, restent hors de nos rangs avec le plus grand calme du monde.

Elles nous accordent leurs plus gracieux sourires, certes; mais jamais elles ne partagent, en réalité, nos croix ou nos joies. Elles viennent, et par là semblent dire: «Je veux me lever», et cependant jamais elles ne se lèvent. J’ai vu des personnes de cette espèce, déjà vieilles, transformées de fond en comble, venir sur leurs vieux jours se mettre sur nos rangs et faire tout leur possible; je les ai entendues crier avec larmes: «Oh! que ne puis-je redevenir jeune!» Mais n’est-il pas pénible de voir que si peu de ceux qui sont plus jeunes osent briser les entraves de leur respectabilité et se précipiter tête baissée par la porte étroite dans la vie d’abnégation et d’audace, de lutte et de victoire que le Seigneur Leur offre.


Ils nous aiment parce que c’est là notre vie,

et quand il s’agit de la vivre eux-mêmes:

TOUJOURS ILS RECULENT.


«Si encore vous aviez une École du dimanche» semblent-ils dire; on pourrait obtenir l'honneur de combattre en y faisant la classe aux enfants: oui, là encore, on peut s’asseoir, écouter quelque jolie histoire, mais marcher dans la boue, se jeter dans la mêlée des estrades!...

Oh! si nous avions une école du dimanche! qu’on serait heureux d’être enrôlé dans nos rangs! Mademoiselle Joli Minois n’aurait plus d’objections à faire; certes, elle se joindrait à nous alors! 


Frères Officiers, il est possible que ce Réveil qu’ils viennent chercher, ne leur soit jamais donné, à ces gens-là, parce que nous sommes trop peureux pour leur donner, ou parce que nous ne savons pas profiter des possibilités que nous offrent de telles vies.

Combien de milliers de gens ne pourrions-nous pas arracher à la foule des indécis dont le nombre s’accroît de jour en jour autour de nous combien de personnes n’arracherions-nous pas à leurs si et à leurs mais, si seulement nous étions prêts à saisir les occasions qui nous sont offertes.


Pourquoi les gens ne se lèvent-ils pas?

En général parce qu’il est plus agréable de rester couché encore, que de se lever pour accomplir les devoirs, pour accepter la responsabilité qu’on sait bien vous attendre, du moment qu’on abandonne son repos.

Un monsieur assis à côté de moi dans le train, me disait un jour que le «désir de son cœur» était que nous puissions réussir, mais il m’affirmait que les «singularités» par nous employées, — l’uniforme, par exemple, — ne prendraient jamais dans ce pays.

Je conclus du «désir de son cœur» qu’il vivait en réalité pour accomplir les ordres et les désirs du Maître, et une allusion à Moïse et au serpent d’airain fut suffisante pour le mettre au pied du mur et l’amener à avouer que «POUR SOUFFRIR AINSI CONTINUELLEMENT LE MÉPRIS, IL FALLAIT UN RÉEL SACRIFICE DE SOI-MÊME».

Ah! c’est cela! Jésus est réellement ressuscité, et il vous appelle tout autant qu’il a jamais appelé Marie; il veut vous prendre pour son Messager aussi simplement qu’il l’a fait de Marie, il veut se servir de vous aussi promptement, vous savez cela, et vous savez aussi que vous ne pourriez «vous lever» SANS VOUS ÉCRIER: «Mon Seigneur et mon Dieu!» SANS FAIRE CE QU’IL DÉSIRE, au lieu de chercher des faux-fuyants et de douter plus longtemps.

Lâches, doublement coupables, vous le savez, et vous préférez rester tout juste assez «éveillés» pour vous occuper de vos misérables intérêts; vous applaudissez à ceux qui se sacrifient, et c’est là une excuse suffisante à votre conscience pour continuer à aimer vos aises!...

Oh! le réveil viendra, il le faut! viendra-t-il seulement à l’heure de la maladie, dans la faiblesse et dans la souffrance, quand les fantômes des occasions négligées et des âmes qui périssent parce que vous les avez laissées au bord du chemin, sans vous inquiéter d’elles, quand ces fantômes assiégeront notre chevet et combleront votre esprit d’épouvante?

Ou bien ce réveil viendra-t-il maintenant, alors que Dieu est encore prêt à vous donner la puissance de sa Résurrection, si vous voulez prendre votre part de ses souffrances et lui obéir, même jusqu’à la mort? Pour ma part: 


JE VEUX ME LEVER!


En avant 1910 09 10




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