Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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MISS NIGHTINGALE


Ainsi que nos lecteurs l’ont pu lire dans les journaux, miss Florence Nightingale, qui acquit une si noble célébrité, il y a plus d’un demi-siècle, lorsqu’elle alla prendre la tête du service des hôpitaux et des ambulances, en Crimée, pendant la guerre d’Orient, de 1854-1855, vient de mourir, et l’Angleterre tout entière la pleure. 


Elle était née à Florence en 1820. Après avoir passé les premières années de sa vie en Italie, fait ses études en Angleterre, et voyagé avec sa famille à travers le monde, sa vocation, toute de dévouement et d’humanité se révéla.

Renonçant au monde, elle veut être une sœur de charité, une infirmière, la providence des malades et des infortunés. Elle prend les leçons d’une femme qui l’avait précédée dans cette généreuse carrière, Mme Élisabeth Fry, visite avec elle les hôpitaux de Dublin, Londres et Edimbourg.

Puis elle va étudier en France et en Allemagne l’organisation des hôpitaux, et entre enfin comme diaconesse à la célèbre école de gardes-malades protestants, le Kaiserswerth, près de Dusseldorf. Elle quitte cet établissement à trente ans, pour prendre la direction d’un dispensaire de femmes dans Harley Street, à Londres, malgré l’hostilité qu’elle rencontre parmi les gens de sa classe.


En 1854, un champ plus vaste s’ouvre à son dévouement. M. Sydney Herbert, ministre de la Guerre, la sollicite d’aller prendre la direction du service des ambulances à l’hôpital de Scutari, où furent soignés des milliers de blessés des batailles de l’Alma et d’Inkermann, et de malades de l’armée alliée.

Miss Florence répond immédiatement à cet appel, au-devant duquel, d’ailleurs, elle était allée, part pour Scutari et avec trente-huit compagnes, pendant des mois, opère des miracles d’organisation, de charité et de dévouement dans les hôpitaux et les ambulances, et est atteinte du choléra dans les ambulances de Balaclava. Mais elle en guérit.

Cette guérison fut saluée et fêtée à l’égal d’une victoire.

Une souscription ouverte à Londres en faveur de miss Florence dépassa le million. Elle le refusa et exprima le désir qu’il fût consacré à la création d’une école d’infirmières. À son retour en Angleterre, elle collabora à la réorganisation complète des services d’ambulance de l’armée anglaise, créa des écoles d’ambulancières civiles, écrivit des ouvrages techniques, etc.

Cependant sa mission en Crimée avait profondément altéré sa santé et depuis près d’un demi siècle, miss Florence Nightingale vivait retirée dans sa petite maison de Londres, mais toujours entourée de la reconnaissance et de la vénération du peuple anglais.

Cette reconnaissance, la nation aurait aimé la manifester à l’occasion de ses funérailles qu’on eût voulu faire en grande pompe, mais, le désir exprès de la défunte était que tout fut fait simplement et sans faste et il fut déferré à son désir. Avec la simplicité qu’elle avait aimé dans la vie elle fut ensevelie dans le petit cimetière où reposait déjà sa famille. Pourtant un important service national eût lieu dans la cathédrale de Sait Paul à Londres en présence de centaines et de centaines de personnes venues tout exprès des quatre coins du pays.


Au milieu de cet auditoire choisi, des infirmiers en grand nombre et des militaires survivants de la campagne de Crimée venant apporter un dernier tribut de reconnaissance à celle qui les avait aimés et leur avait prodigué des soins dévoués. L’auditoire chanta deux des cantiques favoris de Miss Nightingale.

La Reine mère, Alexandra, avait envoyé une croix d’orchidées avec ce tribut: «En souvenir reconnaissant à celle qui fut la plus grande bienfaitrice de l’humanité souffrante en fondant le service d’ambulance militaire en 1853, par ses propres efforts individuels et son héroïsme,»

Alexandra.


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D’autre part, un service mémorial eut lieu dans un de nos Corps de Londres, à Regent-Hall. Un émouvant hommage fut rendu à l’héroïne disparue par un de nos camarades, vétéran de la guerre de Crimée, vieillard de 87 ans, encore «droit comme un I.»

«Ah! monsieur, disait-il à un camarade, ils l’ont enterré hier à Hampshire — je suis né là. J’ai été en Crimée — : voyez ma main, mais c’est elle qui m’a pansé et soigné, béni soit son nom! et maintenant elle nous a quittés!»

Un message du Chef d’État-Major fut lu par l’Officier Commandant devant une salle archicomble. 4 âmes s’avancèrent au banc des pénitents.

En avant 1910 09 03



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