Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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COMMENT DIEU SAUVE

Arrêté dans la rue par la voix de Dieu – Converti dans une forêt: Finney, l’homme du Réveil.


En 1821, un dimanche soir d'automne, je pris la détermination de résoudre la question de mon salut, de faire ma paix avec Dieu, si c’était possible; mais comme j’avais beaucoup à faire dans notre étude d’avocat, je compris que je n’arriverais pas à mon but, sans une volonté parfaitement décidée.

Je pris donc la résolution d’éviter autant que possible, tout ce qui pouvait me distraire et de m’adonner tout entier à la recherche du salut et c’est, en effet, ce que je fis ensuite.

Il se trouva que j’étais très orgueilleux et que je n'en savais rien. Je n’avais pas craint de me signaler en assistant aux réunions de prières et en apportant la plus grande attention aux choses religieuses, tellement qu’on en était venu à me considérer comme une «âme anxieuse» et je m’étais imaginé que je ne me préoccupais pas beaucoup de l’opinion des hommes, mais je dus reconnaître que je n’étais pas du tout disposé à laisser voir que je cherchais le salut.

Quand je priais, je le faisais à voix très basse, après avoir bouché le trou de la serrure afin que personne ne pût s’apercevoir de ce que je faisais.

Jusqu’alors ma Bible était restée sur ma table avec mes livres de jurisprudence et je n’éprouvais aucune honte à ce qu’on me vît la lire pas plus que si l’on me trouvait lisant tout autre livre.

Mais, dès que je me mis à chercher sérieusement le Salut, je cachai ma Bible. Si quelqu’un venait pendant que je la lisais, je la posais aussitôt et la couvrais de mes autres livres. Et, bien loin d’être, comme auparavant, disposé à converser avec chacun au sujet du salut, je n’en voulais au contraire parler avec personne.

Je ne désirais plus voir le pasteur.

Je ne voulais pas qu’il découvrît mes sentiments et d’ailleurs, je ne pensais pas qu’il pût me comprendre ni me donner les directions dont j’avais besoin.

Il en était de même à l’égard des autres chrétiens.


Il ne me restait donc pour m’éclairer que ma Bible.

C’est à ce moment que le salut m’apparut sous son vrai jour. Je vis clairement la réalité et la plénitude de l’expiation faite par Jésus-Christ. Je vis que son œuvre est une œuvre complète, que j’étais loin de posséder une justice qui m’appartînt en propre, que je ne devais pas chercher à me recommander à Dieu par mes œuvres et que je n'avais pas autre chose à faire qu’à me soumettre à la justice de Dieu.

Cette justice m’apparut comme une justice complète qui nous est offerte et que chacun de nous doit accepter.

Je vis que tout ce que Dieu demandait de moi était de:


CONSENTIR À ABANDONNER LE PÉCHÉ,

À ACCEPTER JÉSUS-CHRIST.


Le salut n’était pas une œuvre que j’eusse à accomplir par mes propres ressources. Il était entièrement en Jésus-Christ qui s’offrait à moi comme mon Dieu et mon Sauveur.

Je passais dans la rue le lundi matin, alors que l’Esprit de Dieu me révéla toutes ces choses, et, sans y faire attention, je m’arrêtai dès que la voix intérieure sembla s'adresser à moi d’une manière plus directe. Je ne sais combien de temps je restai ainsi, mais bientôt cette question s’imposa à moi:


«VEUX-TU ACCEPTER MAINTENANT, AUJOURD’HUI?»

«Oui, répondis-je. Je veux accepter aujourd’hui — je mourrais plutôt que d’y manquer!»

Il y avait sur une colline, au nord du village, un bois dans lequel je me promenais presque chaque jour quand le temps était beau. Mais nous étions en octobre, et le temps de mes fréquentes promenades était passé. Cependant au lieu de retourner à mon étude, je me rendis dans ce bois, car je sentais le besoin de fuir toute oreille et tout œil d’homme pour répandre mon cœur devant Dieu.

Mais mon orgueil devait se montrer encore.

Quand je gravissais la colline, il me semblait toujours que quelqu’un me voyait et pensait que j’allais prier. J’avais une telle crainte des hommes que je me cachai en marchant le long de la haie jusqu’à ce qu’il ne fût plus possible de m’apercevoir du village.

Arrivé dans le bois je poursuivis ma route jusque sur le versant nord de la colline. Là, je trouvai de grands arbres abattus qui étaient tombés les uns au travers des autres et qui laissaient un espace vide entre eux, C’était comme un cabinet bien fermé. Je m’y glissai et je me mis à genoux pour prier.

En venant dans le bois, je m’étais dit: «Je donnerai là mon cœur à Dieu ou je ne reviendrai jamais.»

Mais, lorsque j’essayai de prier, mon cœur s’y refusa. J'avais imaginé que si je pouvais seulement me trouver dans un endroit où je pourrais parler à haute voix sans être entendu, je prierais librement, et maintenant que j’avais trouvé cet endroit, j’étais muet!

Enfin, je pus dire quelques mots, mais mon cœur n’y était pas. Je croyais entendre un bruissement dans le feuillage et je regardai si quelqu’un venait. Finalement, presque désespéré, j’en vins à me dire qu’il m’était impossible de prier, que mon cœur était mort à l’égard de Dieu et je me reprochais d’avoir fait promesse de lui donner mon cœur avant de quitter le bois.

J’avais le sentiment très vif qu’il était trop tard pour moi, que j’étais abandonné de Dieu et qu’il n’y avait plus rien à espérer quant au salut de mon âme. Mais à ce moment, il me sembla entendre quelqu'un s’approcher et j’ouvris les yeux pour voir ce qu’il en était.


L’orgueil m’apparut alors distinctement comme étant le grand obstacle à la faveur divine. Avoir honte qu’un être humain me vit à genoux devant Dieu, m’apparût comme le comble de la perversité et je m’écriai de toutes mes forces que je n’abandonnerais pas la place quand bien même tous les hommes de la terre et tous les démons de l’enfer m’entoureraient.

«Quoi, me dis je, un pécheur, un être dégradé comme moi, confessant ses péchés au Dieu saint et tout puissant aurait honte qu’un autre pécheur le vit à genoux devant son Dieu offensé!»

Ce péché m’apparut horrible, infini et j’en eus le cœur horriblement brisé. C’est alors que cette promesse de l’Écriture me vint à l’esprit et m’apporta des flots de lumière:


«Vous me chercherez et vous me trouverez

quand vous me chercherez de tout votre cœur.»


Je m’en emparai immédiatement.

Jusque-là j'avais cru à la Bible d’une foi purement intellectuelle et je n’avais jamais pensé que la foi dût être une confiance volontaire. Maintenant, je me confiais volontairement en la véracité de Dieu et la conscience que j’avais de cet acte d’abandon était aussi nette que celle de mon existence. Je ne doutais pas que la promesse qui s’était présentée à mon esprit ne fût dans la Bible. Je ne l'y avais probablement jamais lue, mais elle n’en était pas moins pour moi la parole même de Dieu, sa voix s’adressant à moi en ce moment même. Aussi m’écriai-je:

«Tu sais, Seigneur, que je te cherche de tout mon cœur et que c’est pour te prier que je suis venu ici. Tu as promis de m’exaucer.»

Il me semblait maintenant que je pouvais accomplir mon vœu. Le Saint-Esprit paraissait mettre l’accent sur les mots: «Quand vous me chercherez de tout votre cœur.» Et il me présenta mainte autre promesse de l’Ancien et du Nouveau Testaments que je m’appropriais, m’y cramponnant avec l’énergie d’un homme qui se noie.

Je continuai longtemps à prier et à m’approprier les promesses de Dieu, tellement qu’enfin mon cœur fut si rempli qu’avant de m’en être aperçu, j’étais sur mes pieds escaladant la colline.

La question de ma conversion ne s’était pas même posée. Cependant je me rappelle qu’en passant à travers les broussailles, je m’écriai:

«Si jamais je suis converti, je prêcherai l’Évangile.»

J'atteignis bientôt la route et commençai à réfléchir à ce qui s’était passé. Je remarquai que j’étais devenu merveilleusement calme et paisible.

«Qu’est-ce que cela signifie, me dis-je, tu auras contristé le Saint-Esprit».

Toute conviction de péché avait disparu.

Je n’avais plus le moindre souci quant au salut de mon âme. J'en concluais que le Saint-Esprit m’avait abandonné. Je n’en traversai pas moins le village le cœur rempli d’une paix délicieuse. Il me semblait que toute la nature s’associait à mon bonheur. C’était le 10 octobre, la journée était magnifique. J'étais parti de bon matin pour le bois et il était maintenant midi. Je ne m’étais pas aperçu de la fuite du temps. Il me semblait que je n'avais été qu'un instant dehors.»

Il était sauvé.

En avant 1910 09 03



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