LA FOLIE DU PÉCHÉ
Par le Commissaire BOOTH=TUCKER
L’Éternel dit à Caïn: «Où est ton frère Abel?» — Il répondit: «Je ne sais pas; suis-je le gardien de mon frère?» — Et dit Dieu: «Qu’as-tu fait? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi!» (Genèse IV, 9, 10.)
Qu’as-tu, Caïn? Pourquoi ton regard est-il si sombre?
Pourquoi portes-tu ta main à ton front avec un tel désespoir?
Pourquoi cette angoisse a-t-elle remplacé ton sourire heureux?
Dis-moi,
qu'as-tu?
Ah! tu voulais venir à Dieu à ta manière!
Tu
pensais
pouvoir t’approcher de Lui avec les seuls fruits de ta
moralité! Mais Adam, ton père, ne t’avait-il pas averti que pour
expier ton péché il te fallait la sainte offrande du sang de
l'agneau? Et pourtant, tu étais si sûr que ton père se trompait!
Toi-même tu ne possédais pas d’agneaux et tu n’aurais pas voulu
t’humilier jusqu’à en recevoir un de ton frère Abel. Peut-être
ne voulais-tu pas en payer le prix ou bien étais-tu trop fier
pour
l’accepter en présent?
Tu voulais aller à Dieu à ta manière ou pas du tout.
Il fallait qu’il accepte ce que tu jugeais bon de lui offrir. À tes yeux, Dieu ne devrait pas être difficile à contenter. Au contraire, tu pensais qu’il devait se sentir très obligé envers toi de ce que tu voulusses bien lui présenter une offrande.
Ce qui t’a le plus irrité, c’était qu’Abel conduisait à l’autel le plus bel agneau de tout son troupeau. Pour sûr, ton idée était que ton frère aurait pu en tirer profit d’une autre manière, mais, à ses yeux. RIEN n’était assez précieux pour l’Éternel, son Dieu!
Par dessus tout, la vie d’Abel était pour toi, Caïn, un reproche continuel, car tu ne pouvais supporter que ton frère soit plus saint que toi! Abel, dans son amour, n’apporta-t-il pas auprès de ton autel, un de ses propres agneaux pour que tu puisses offrir à Dieu un sacrifice qui lui soit agréable?
Mais, quoique le salut soit venu jusqu’à toi, tu fus trop orgueilleux pour t’humilier et l’accepter.
Puis, la vie t’est devenue un fardeau! D’un regard envieux, tu as vu s’augmenter toujours plus les troupeaux de ton frère. Tu as réfléchi. Comme l’éclair qui sillonne l’horizon, UNE PENSÉE CRIMINELLE A TRAVERSÉ TON ESPRIT!
Ne pouvais-tu pas d’un seul coup chasser ce continuel reproche et devenir possesseur des biens de ton frère?
Pauvre Caïn! Tu comptais sans Dieu!
Tu oubliais que Son regard était sur toi! Pendant que tes mains sont encore tachées du sang innocent, oui, même avant que tu n’aies placé la dernière touffe de verdure sur le cadavre de ton frère pour le cacher à tes yeux, l’Ange messager se tient déjà devant toi, t’adressant la question bouleversante: «Caïn! où est Abel, ton frère?»
Tes lèvres tremblâmes répondent: «Je ne le sais!» et comme pour détourner l’attention de ton interrogateur, tu essaies de blasphémer et de rire:
«Suis-je le gardien de mon frère?»
* * *
Ô Caïn! TON ESPRIT MEURTRIER PARCOURT ENCORE CETTE TERRE. Comme dans ce premier siècle, ton arme est levée pour couper jusqu’à la racine tout ce qui est pur et bon. La fortune, que tu ne veux pas gagner honnêtement, tu recours au crime pour l’obtenir.
La bénédiction et la prospérité qui ne se trouvent que sur le chemin de la droiture, tu espères les atteindre par la violence et par la ruse.
Pour satisfaire tes passions, tu foules aux pieds les avertissements de ton père et tu restes indifférent aux larmes de ta mère.
Les Abel dont la vie sainte condamne ton péché et ton impiété, sans miséricorde, tu les tues dans ta haine et ton envie.
Leurs principes de pureté sont trop opposés à ceux qui règlent ta vie! Comme un ange gardien, ta conscience veille sur toi, t’avertissant des tristes conséquences de ta folie et tu réponds par le meurtre, TU RECOUVRES LA VICTIME SOUS UN TAS DE MISÉRABLES EXCUSES et cela tout en voguant à tes affaires et même au milieu de tes plaisirs.
* * *
Mais regarde! Sur les eaux calmes du Temps et de l’Éternité se reflète déjà l’Épée flamboyante de la justice de Dieu!
Si tu ne veux pas accepter l’Agneau expiatoire, ta perte est certaine.
L’ÉTERNEL T’APPELLE À LA REPENTANCE, l’ange de la mort lui-même hésite à sonner le glas, tandis que la main d’amour se tend vers toi.
Le Dieu de Grâce, d’Espoir et d'Amour, le Christ du Calvaire t’a déjà retenu bien des fois alors que tu étais sur le bord de l’abîme de perdition. Et, toujours, tu as résisté à Sa voix, tu as négligé ses appels.
Pourtant encore une fois, mondain et pécheur, encore une fois rétrograde, encore une fois, âme tiède, le Seigneur te donne une occasion d'être sauvé.
QU’EN FERAS-TU?
En avant 1910 09 03
Table des matières |