Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

----------

COMMENT IL PROUVA LA RÉALITÉ DE CONVERSION

À SES CAMARADES DE TRAVAIL


Il y avait à peine vingt-quatre heures qu’il était venu au banc des pénitents. Combien ce pas avait été difficile à faire et comme il lui avait fallu du temps pour prendre cette résolution! Il en avait eu longtemps l’intention, mais jamais le courage.

Ce dimanche soir enfin, il avait pris cette grosse détermination et il s’était avancé.

C’était juste avant la fin de la réunion. Presque tout le monde avait déjà quitté la salle, mais on avait insisté auprès de lui pour qu’il fasse ce pas décisif et il ne s’était pas senti la permission de partir une fois de plus sans s’être donné à Dieu.


Quand il se leva, ce fut un vrai cri de joie sur l’estrade, car il y avait longtemps qu’il était l’objet spécial des prières des soldats. Et cependant, dans son cœur n’avait point retenti le chant d’allégresse auquel il aurait pu s’attendre. Cela ne veut pas dire qu’il ne fût pas sincère ou qu’il n’eût point reçu cette bénédiction entre toutes pour laquelle il s’était avancé.

Non, il savait bien que son pas avait été celui qui fait passer à l’âme la frontière des ténèbres et le fait entrer dans sa merveilleuse lumière et il savait que le fardeau qui l’accablait était tombé de ses épaules. Il ne doutait donc point et si le Seigneur était apparu ce soir-là, il était prêt à aller à Sa rencontre, il en avait l’assurance désormais. ...


Mais, demain ?...

Voilà le poids qui lui pesait encore et qui étouffait l’allégresse dans sa gorge. Tout était bien maintenant, mais qu’en serait-il de demain? Et c’est à ce mot de demain qu’il s’était arrêté si longtemps, depuis neuf mois! Les camarades de chantier, le travail, les tentations qui le guettaient là... Aurait-il le courage de les affronter?

Il pourrait mettre un bout de ruban à sa boutonnière mais quelle attitude pourrait-il prendre quand on parlera grossièrement et quand on jurera?

Et quand on lui demandera sa cotisation pour la tournée?

Et quand ils partiront pour le dîner?

Et quand ils arriveront oserait-il prier devant eux, avant sa soupe?

«Plus que Vainqueur,

Par le sang de Christ, mon Sauveur.

Plus que vainqueur.

Par Son précieux sang!»

Le chant des soldats s’élevait plein de foi et le Capitaine termina cette réunion par une ardente prière. «Seigneur, viens à mon secours! garde-moi encore! oh! comme j’ai peur!»

C'était ce que ses lèvres balbutiaient et la prière de l’Officier lui fit plus de bien que tous les chants de victoire qu’on avait chantés.



* * *


Et l’aurore de ce matin tant redouté se leva.

Il partit au travail, mais il n’avait pas mis son petit ruban tricolore à sa boutonnière II n’en avait pas eu le courage au dernier moment. Il n’avait pas quitté sa chambre sans plier les genoux et sans faire monter vers Dieu un long soupir de délivrance. Il s’était relevé affermi dans sa résolution de tenir bon.

Arrivé au chantier, il eut tout de suite l’impression que sa conversion était déjà connue. Ils avaient tous l’air de sourire en dessous et de se faire des signes entre eux. Mais c’était pure imagination de se. part. Personne n'en avait encore la moindre idée.

Les heures se passèrent comme à l’ordinaire, quand quelqu’un qui passait par là cria: «Albert est allé à l’Armée du Salut, hier soir! Mes amis, il s’est converti!»

Il devint tout pâle, puis rougit. Il ne voyait pas dix pas devant lui et ne pouvait presque plus rien faire.

«Eh! la belle affaire! si tu y es allé. On ne t’en veut pas pour ça. Respect pour toi si tu en as le courage!»

Albert ne répondit rien. Une demi-heure plus tard, c’était le moment du dîner II pria avant de se mettre à manger.

«Je crois bien vraiment que c’est vrai ce que l’autre disait: Tu en es! pas vrai?» fit ce même camarade.

Albert laissa échapper un court: «Oui!» qui partit comme un coup de foudre. Puis il leur dit ce que Dieu avait fait pour lui la veille. Il n’aurait jamais pu croire que la victoire fût si facile. Il voyait maintenant combien ses craintes étaient mal fondées.


CHAQUE LUTTE EST AISÉE, POURVU QU’ON S’Y LANCE RÉSOLUMENT.


Le jour suivant, il arriva au chantier avec son ruban à la boutonnière et un visage radieux et depuis lors il a persévéré courageusement dans le lumineux sentier du devoir.

En avant 1910 08 27



Table des matières