Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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IL Y A ESPOIR POUR VOUS!


Il relut au moins trois fois de suite la lettre que la Capitaine de l’Armée du Salut lui avait envoyée. Puis il jeta un coup d’œil rapide à travers son logement, regarda de ses yeux hébétés par la boisson sa femme et ses enfants et un peu d’espoir illumina sa figure. Il dit à voix basse:

«Y aurait-il encore espoir pour moi?»

Le contenu de la lettre répondait fermement «oui» à cette question. Il lui semblait qu’elle contenait non seulement une prophétie d’espoir, mais une réalité, et qu’une vie toute nouvelle allait commencer pour lui.

Un vague sentiment que cela était possible s’empara de lui, mais il n’aurait jamais osé penser que c’était pour lui. Cette nouvelle lui était parvenue de la part d’une personne dont il n’avait encore jamais entendu prononcer le nom et qui probablement ne le connaissait pas même personnellement. Pourtant cette personne lui écrivait avec assurance:

«Je crois pour vous, il y a espoir pour chacun, même pour vous, car Jésus est mort pour sauver les pêcheurs!»

«Y aurait-il en réalité encore espoir pour moi?»


Sa femme le regarda avec étonnement. La question deux fois répétée la frappa. Le mot «espoir» fit briller ses yeux et lui donna le sentiment d’un changement possible, bien qu’éloigné encore. Son mari était un ivrogne invétéré, mais elle avait connu de meilleurs jours, des jours d’aisance et de joie; malheureusement ceux-ci furent suivis de jours de misère et de souffrance.

Combien de fois, hélas! s’était-elle reprise à espérer; mais depuis des années, il lui importait peu de vivre ou de mourir. Et pour la première fois depuis longtemps elle entendait parler d’espoir. Et son mari même souhaitait avoir de l’espoir! Elle se leva pour lire elle-même la lettre que leur avait adressée la Capitaine de l’Armée du Salut.

Cette lettre parlait d’une campagne de sanctification et de renoncement devant durer un mois et si elle n’y comprit pas grand-chose, elle saisit cependant qu’on voulait gagner des ivrognes.

Elle remarqua surtout les mots «ivrognes» et «ciel».

Ne pouvant pas encore croire et cependant animée d’un nouvel espoir, elle sourit — le sourire insouciant d’une ivrogne, il est vrai, mais pourtant une preuve que quelque chose dans la lettre l’avait touchée et que la pensée de l’espoir était bien entrée dans son cœur. Au bas de la lettre on avait écrit:

«Cette lettre vous permettra d’assister pendant toute une semaine à nos réunions.»

Et au-dessus:

«Nous prions pour vous et nous sommes prêts à vous aider. Venez à nos réunions, vous serez les bienvenus. Obéissez à la voix de Dieu! Tournez le dos au péché et revenez à Dieu.»

«AUPRÈS DE LUI VOUS TROUVEREZ LE PARDON!»

Puis suivaient le nom de la Capitaine et l’adresse du local.

«Y aurait-il encore espoir pour moi?»

Cette question était déjà plus claire et plus définie pour lui. Il se tourna vers sa femme.

«De l’espoir!» répondit-elle doucement, «de l’espoir! au fond nous l’avons abandonné depuis longtemps.»

Puis elle s’affaissa sur une chaise et pleura à fendre le cœur. Il se tut et courut dans la rue sans savoir où il allait. Cela lui importait peu. Il ne sait plus combien de temps il a couru, ni comment il est arrivé dans la salle de l’Armée du Salut et enfin au banc des pénitents.

Il y est venu cependant, et il est devenu un heureux salutiste et un bon père de famille. Et aujourd’hui il répète à tous les ivrognes:


«IL Y A DE L’ESPOIR POUR TOUS!»


En avant 1910 08 27



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