NOTRE MAÎTRE, DE L’ENFANCE À LA VIRILITÉ
Par le Chef d’État-Major
La naissance implique la faiblesse, la dépendance, l’ignorance de l’être né. Mais elle implique aussi la promesse de la croissance, du développement, jusqu’à l’âge de la virilité. Il en est ainsi, en général, pour l’homme. Il en fut ainsi du Fils de l’homme.
Tout d’abord il fut «emmaillotté et couché dans une crèche».
Peu après il alla, dans les bras de sa mère, en Égypte et de là à Nazareth.
Puis il est écrit que «l’enfant grandissait en esprit et que la grâce de Dieu était sur lui».
Plus tard on le voit dans le temple, posant cette merveilleuse question au sujet des affaires de son Père.
Et enfin «croissant en sagesse et en stature, devant Dieu et devant les hommes».
Nous savons aussi qu’il avait pris la forme d’un serviteur, et qu’il fut obéissant jusqu’à la mort; qu’il fut tenté par l’Adversaire et qu’il «a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes».
Au fait, une faible connaissance de l’histoire de sa vie établit la vérité que, d’une manière merveilleuse, il croissait continuellement en sagesse et en grâce, en capacité d’aimer, de servir, et en force pour attaquer le péché et la mort.
Sa vie était une discipline, dans le sens le plus élevé du mot. Bien des espérances qu’il aurait pu, à bon droit, entretenir quant au succès de son œuvre, furent anéanties.
L’amour qu’il montra à ceux qui l’entouraient fut souvent désappointé et sa confiance trahie.
Il fut méprisé quand il aurait dû être honoré, rejeté quand il aurait dû être accueilli. «Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont point reçu.»
— «Pas cet homme, criait la foule, mais Barabbas».
Cependant il sortit de tout cela parfait et accompli, n’ayant failli en rien — le plus beau entre dix milles, le parfaitement aimable.
Cela peut être un mystère, mais il n’en est pas moins vrai que plus le joyau précieux, merveilleux et éternel fut taillé et retaillé, plus aussi la lumière et la gloire de l’aurore céleste furent rendues manifestes aux hommes.
Ici encore je trouve une parole de secours, d’encouragement et de consolation pour vous et moi, mes précieux camarades. Je ne suis pas sûr que vous puissiez obtenir quelque chose de plus précieux dans votre expérience que la pleine réalisation de cette vérité:
yxyx le développement de votre vie en Dieu, de l’enfance à la virilité, ne sera ni entravé ni retardé, mais plutôt affermi par les tempêtes et les épreuves, les conflits et les souffrances que vous aurez à traverser.
Il en fut ainsi de l’homme Christ-Jésus; il en a été ainsi pour des milliers de ses élus. De même que notre Seigneur fut rendu parfait à travers la souffrance, ainsi en est-il de ses saints.
Nous avons été «élus dans la fournaise de l’affliction», et souvent aussi jetés dans cette fournaise. Et pourtant, CELUI QUI A CHOISI TOUS NOS CHEMINS, aurait pu nous épargner toute épreuve et tout conflit, nous amener à la victoire sans lutte et au repos sans labeur.
Mais II SAIT BIEN CE QUI FERA DE NOUS DES HOMMES, et ce sont des hommes dont II a besoin pour le glorifier — des hommes, non des bébés.
Les sombres vallées de l’amertume et de l’isolement nous sont parfois plus salutaires que le pays de Canaan. Une certaine reine, posant un jour pour son portrait, commanda qu’il fût peint sans ombres.
«Sans ombres!» s’écria l’artiste étonné. Je crains que votre Majesté ne soit pas au courant des lois de la lumière et de la beauté. Il ne peut pas y avoir de bons portraits sans ombres.»
Il ne peut y avoir non plus de bons Salutistes sans épreuves, sans chagrins et sans orages. On verra, peut-être, une vie d’enfant rabougrie et stérile, mais un homme en Christ, un soldat de la Croix, un conducteur du peuple de Dieu sans afflictions, cela ne pourra jamais être.
La patience, l’expérience, la foi, l’espérance, l’amour sont aidés dans leur croissance par les tribulations. Car, que dit l’apôtre?
«L’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance. OR, L'ESPÉRANCE NE TROMPE POINT.»
Les pins les plus vigoureux croissent dans les pays où sévissent les plus grands orages. Ce sont les orages qui les rendent forts. Les chirurgiens nous apprennent que leurs plus grands triomphes sont ceux dans lesquels les patients ont le plus souffert entre leurs mains — car chaque coup de bistouri visait la guérison.
L’enfant que vous aimez le plus sincèrement est celui que vous devez corriger anxieusement, et «Dieu châtie celui qu’il aime».
Oh! croyez vraiment que chaque désappointement et chaque affliction que Sa main laisse tomber sur vous contribuent à vous faire parvenir à la mesure de la stature d’un homme en Christ.
Travaillez avec Lui dans la pleine assurance qu’il ne vous abandonnera pas.
– Lui, l’Homme qui a pénétré au cœur de toutes les afflictions et qui y a laissé une bénédiction;
– Lui, qui a trouvé un antidote à toute souffrance terrestre, l’Homme qui a foulé seul au pressoir
– Lui, il sera avec vous.
Et puisqu’il est avec vous, veillez à bien vous conduire en Sa présence.
On raconte qu’un vieux chef des highlanders, s’avançant en tête de ses troupes au moment d’engager la bataille, tomba percé de deux balles ennemies. Ses soldats le virent tomber et faiblirent. Mais leur capitaine blessé se releva immédiatement sur son coude, et le sang coulant abondamment de ses blessures, il s’écria:
«Enfants, je ne suis pas mort, je regarde si vous faites votre devoir!»
Mes camarades, voilà le chemin du progrès, le moyen de passer de la petitesse et de la faiblesse de l’enfance aux luttes et aux victoires de l’âge mûr. C’est le sentier du devoir et votre capitaine, blessé aux mains et au côté, vous regarde combattre.
En avant 1910 08 20
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