MA MÈRE!
Peu d’instants avant la bataille navale de Manille, au moment où le commandant, de sa voix autorisée. faisait retentir ces mots: «Prêt au combat!» un des mousses du vaisseau amiral laissa tomber sa veste à l’eau.
S’élancer pour la repêcher fut l’affaire d’un instant; mais on barra le passage au jeune homme.
— Défendu! lui cria-t-on. Il courut alors à l’autre bord, plongea sous le navire, et revint à la surface avec le vêtement. On le mit aux fers pour désobéissance. Après la bataille, l’amiral Dewey eut à prononcer sur le sort du jeune mousse.
Il s’agissait de plusieurs années de prison. Le commandant demanda au coupable:
— Qu’est-ce qui t'a déterminé à désobéir dans un moment si solennel?
Le mousse se tut, et glissant sa main dans la poche de sa veste, il sortit une photographie qu’il tendit à son juge:
— Commandant, dit-il, pour rien au monde je n’aurais voulu perdre le portrait de ma mère! Les larmes aux yeux, l’amiral embrassa le jeune marin et se tournant vers les assistants:
— Garçons, dit-il, ceux qui risquent leur vie pour le portrait de leur mère savent la donner pour la patrie. On n’a pas besoin de le mettre aux fers. Et il prononça la mise en liberté du peut mousse.
En avant 1910 08 13
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