LE 14 JUILLET EN PROVINCE
Rassemblement des troupes du Midi
Sous la direction du Lieutenant-Colonel Peyron-Roussel
Il me semble qu’un écrivain plus qualifié que moi aurait pu donner le compte rendu des merveilleuses réunions que nous eûmes au Vigan le jour du 14 juillet. Mais je veux être fidèle à la tâche qui m’a été confiée.
Dès le matin de ce jour, rendez-vous nous est donné à la gare, où doit débarquer le contingent de chaque Poste pour se former, de là, en cortège, et se rendre ensuite où nous devons avoir les réunions.
Les alentours de la gare sont envahis d'une foule de monde, sans doute attirée par la curiosité, car on savait que les Salutistes s’étaient donné rendez-vous en leur ville.
Voilà le train qui arrive, nous amenant tous ces chers Camarades un peu de partout. Vite le cortège se forme, trois Camarades portant le drapeau Sang et Feu ouvrent la marche; ensuite viennent les enfants de la Jeune Armée, ayant chacun un petit drapeau tricolore, puis les Officiers, Soldats et amis. C’est en chantant les louanges de Dieu que nous traversons quelques-unes des rues de la ville. Ce fut pour le cas une excellente réclame.
Au bout d’un quart d’heure de marche. nous apercevons, à une distance de cent mètres, quelques petits drapeaux sur le haut d’un portail, avec un texte qui nous souhaite la bienvenue. C’est là que doivent avoir lieu nos réunions en plein air, à l’ombre des châtaigniers magnifiquement décorés, pour la circonstance, de superbes guirlandes avec un beau texte: Jésus monta aussi à la Fête.
Les Enseignes Mollet se sont donné beaucoup de peine pour y transporter les bancs, y monter une estrade, ce qui n’a pas été peu de chose. Rien ne fut épargné pour nous rendre cette journée vraiment aussi agréable que possible. Rien n’avait du reste été oublié, et ceux qui, venus de loin, avaient besoin de se restaurer, pouvaient trouver sur place thé, sirops, limonade. L’emplacement d’ailleurs, le «Mas de Fabrègue», est admirablement approprié. Que le cher ami qui a bien voulu le mettre à notre disposition reçoive encore ici tous nos remerciements.
Mais voici le Colonel qui arrive, la réunion doit commencer. Chacun est heureux de le voir, on sait d’avance que nous allons avoir des moments bénis. On aurait aimé y rencontrer la Colonelle, mais certaines circonstances l’ont empêchée, à son grand regret, de se trouver au milieu de nous.
Un chant d’ensemble s’élève:
L'Éternel fonde une armée d’hommes résolus.
Oui, en effet, il nous faut aujourd’hui des hommes résolus c’est-à-dire de ces âmes toujours prêtes à aller au combat en bravant la mitraille, en dépit de l’indifférence et de l’incrédulité pour
FAIRE TRIOMPHER LA CAUSE DE L’ÉVANGILE
QUI EST LE SEUL VRAI MOYEN DE PROCURER LA PAIX ET LA LIBERTÉ.
L’Adjudante Cabrit, qui travaille au Canada était au milieu de nous et nous fit part de son expérience au service du Maître.
Le Colonel, nous parle de la vie d’Étienne, homme résolu, martyr de sa Foi et nous le propose en modèle. Si nous voulons voir des fruits paisibles de la justice, il faut à son exemple ne rien craindre, mais tout simplement obéir à l’Esprit Saint qui lui seul est capable de nous réconforter pour la noble mission qu'il nous a donné celle de rendre un bon témoignage comme Étienne a su le faire jusqu’à la fin de sa vie.
S’étant mis à genoux, tandis que les blocs de pierre tombaient sur lui il criait à haute voix «Seigneur ne leur impute point ce péché.»
Voilà, dit le Colonel un bel exemple de renoncement et d’amour. Plus d’une âme fut remuée jusqu’au fond de l’âme par cette belle réunion de sainteté et il en sortira un grand bien pour le Royaume des cieux.
* * *
À 2 heures après midi nous eûmes une magnifique démonstration de la Jeune Armée sous la direction de l’Adjudant Loosli. Qu’il reçoive ici toutes félicitations. Ces chers enfants furent magnifiques dans leurs chants avec gestes et drapeaux, et aussi dans leurs récitations diverses, Bon courage, chers petits amis, cherchez toujours plus à glorifier le Seigneur.
Il est trois heures. Le monde est là, il y a pour le moins 300 personnes, magnifique auditoire, nous allons avoir une bonne réunion de louange. On y sentit un esprit de liberté. Plusieurs témoignages furent rendus à la gloire de Dieu. C’est le Corps de Saint-Jean qui a ouvert le feu. Puis chant d’ensemble exécuté par les Corps du Vigan, après un autre par le Corps de Ganges, et autres témoignages encore.
Le Colonel prend ensuite la parole et nous parle de Paul glorieusement converti sur le chemin de Damas, et qui de persécuteur devint persécuté. Encore un exemple à imiter.
La dernière réunion de ce jour devait se tenir dans la chapelle de l’Église Libre mise gracieusement à notre disposition, mais les attractions de ce soir du 14 juillet avaient attiré la foule au-dehors. Mais nous eûmes, malgré cela, encore assez de monde et une bonne réunion.
M. le pasteur invité à prendre la parole, nous dit quelques mots bien sentis et la réunion se termina par une excellente allocution du Colonel. Je crois, et tous ceux qui y ont assisté sont convaincus comme moi, que cette journée, passée avec Dieu, portera des fruits bénis pour l’Éternité. Mais le Colonel est, comme chacun sait un apôtre. Aussi manifesta-t-il le désir, après la réunion, afin d’atteindre les inconvertis, d’aller dans la rue pour chanter quelques cantiques.
Nous voici donc installés sur une petite place, en face la sous-préfecture, si bien pavoisée et illuminée. Ce fut un vrai triomphe. Bientôt nous fûmes entourés d'un très grand nombre de personnes qui écoutaient très attentivement. Après avoir cité quelques versets de la Bible nous nous dirigeons d’un autre côté, sur une grande place, après avoir accompli notre devoir nous nous séparons, chacun pouvant dire: Merci, Seigneur, pour ta présence au milieu de nous en ce beau jour de 14 juillet où tu nous a donnés de nous réjouir dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu!
Il me semble que je devrais m’arrêter, mais cependant je ne puis passer sous silence le délicieux petit conseil d’officiers que nous eûmes le lendemain avec le Colonel, et l’Adjudant Dejonghe. Ce fut un moment béni pour tous, Dieu était là, on sentait sa présence nous fûmes encouragés par les paroles qui y furent prononcées.
Merci, cher Colonel et cher Adjudant pour le bien que vous nous avez fait.
Merci, aussi à vous chers Enseignes Mollet pour votre bonne réception. Que Dieu vous bénisse ainsi que tous vos chers soldats et amis.
Maintenant, vaillants soldats, et convertis du Midi. Courage et disons tous:
VIVE JÉSUS-CHRIST!
E. Bastide.
En avant 1910 07 30
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