Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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LE SEUL BIEN QUI ME RESTE AU MONDE…?


«Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.

Le seul bien qui me reste au monde

Est d’avoir quelquefois pleuré».

A. de Musset.

Quelle singulière affirmation! On s’attendrait à tout, sauf à cela! des pleurs! un bien? et le seul qui demeure, quand tout a disparu! Les espoirs fondés, les illusions détruites, le bonheur rêvé, évanoui, les amis qui vous souriaient, vous flattaient à l’heure du triomphe ou de la prospérité, tout cela disparu à jamais!

La fortune, le succès, la santé même, tout s’effondre. Tout ce qu’on est convenu d’appeler bien, tout s’est évanoui!

Une seule chose demeure, un seul bien qu’on n’avait évidemment pas recherché, qu’on n’appréciait du reste pas comme tel... Quelle étrange constatation, et pourtant combien réelle! De quelque côté que le poète tourne ses regards, au loin ou auprès, il n’aperçoit plus rien, sauf des ruines! mais, sur ces ruines un souvenir bienfaisant, celui des pleurs versés!

Qui parle ainsi?

Un prédicateur de profession, un homme de Dieu tout au moins?

Non, point du tout; Musset, notre grand poète lyrique, une des plus pures gloires de notre France au point de vue littéraire certes, mais que nul ne s’aviserait de rechercher comme moraliste. Et pourtant, il exprime là l’une des vérités divines les plus profondes, les plus solennelles, celle qui est le point de départ des expériences les plus bénies de milliers et de milliers d’enfants de Dieu à travers le monde, que dis-je, la source même de leur vie divine car, si étrange que cela puisse paraître:


IL N’Y A POINT DE VIE DIVINE SANS LARMES.


Eh quoi! dira quelqu’un: alors, je dois posséder la vie divine en abondance, car j’ai souvent pleuré.

Une minute s’il vous plaît. Il y a pleurs et pleurs!

Pleurs de dépit, de déception, de jalousie,

pleurs de gens qui ont échoué dans tel ou tel de leurs projets ambitieux,

larmes de ceux dont le cœur est rongé par la haine, et qui pleurent de rage de ne pouvoir assouvir leurs desseins mauvais,

larmes de ceux qui aspirent à la fortune qui les fuit, au succès qui se fait rare;

Loin d’exercer une action bienfaisante, toutes ces larmes sont germes de mort et produisent un résultat néfaste; elles dessèchent l’âme et la détruisent peu à peu, comme un venin mortel qu’on y distille.

Il ne s’agit donc pas ici de larmes égoïstes versées sur soi, pas même des larmes de compassion que nous répandons sur la douleur d’autrui ou sur nos bien-aimés disparus. Celles-là peuvent avoir une action bienfaisante si nous acceptons de la main du Tout-Puissant la séparation qu’il nous impose, mais ce n’est pas encore de cette sorte de larmes qu’il s’agit ici. Les larmes dont on a pu dire:


«Le seul bien qui me reste au monde

Est d’avoir quelquefois pleuré».


et que des milliers et des milliers de chrétiens à travers le monde pourraient souligner de leur expérience glorieuse, même s'ils étaient dépossédés de tout au point de vue humain, ce sont ces larmes — combien bénies et bienfaisantes! — ceux-là seuls peuvent en apprécier la valeur qui les connaissent — LARMES DE REPENTANCE qu’on verse sur son cœur mauvais et souillé, LARMES RÉPANDUES SUR SON PROPRE PÉCHÉ, lorsqu’à la lumière du Saint-Esprit, nous descendons dans le fond de notre cœur, nous nous jugeons non point selon notre appréciation personnelle, toujours partiale, ni même selon celle d’autrui, mais selon celle de Dieu, du Dieu trois fois saint, dont les yeux sont trop purs pour voir le mal.

Ce jour-là, jour heureux entre tous, devient, si nous savons le comprendre, le point de départ d’une vie nouvelle, d’une vie avec Dieu.

Sans ces larmes de repentance, sans la honte de notre faute, le sentiment de notre culpabilité, le regret sincère d’avoir transgressé la loi divine et d’avoir souillé notre âme par le péché, point de conversion réelle.

Celui qui s’ignore n’a pas soif de progrès moral, celui qui ne sent pas son péché dans toute son horreur, n’en souffre pas et ne peut en pleurer, mais ne soupire pas non plus après la délivrance.

On n’aspire après la pureté que dans la mesure où l’on hait la souillure, et c'est cette haine salutaire, conséquence de la connaissance de son propre cœur, qui est le point de départ d’une rénovation intérieure, de cette révolution intime qui s'appelle la conversion, et par laquelle tout homme doit passer pour entrer dans le «Royaume de Dieu».


Il est bien entendu qu'on n’est pas sauvé par des larmes,

pas plus que par des œuvres méritoires quelconque.


Jésus est l’auteur de notre salut, acquis par son Sang sur la Croix, mais SON SACRIFICE EST VAIN POUR CELUI QUI DEMEURE INDIFFÉRENT À L’APPEL DE DIEU parce qu’il ne sent pas l’horreur de son péché.

L’acceptation du salut gratuit conquis pour nous par Jésus ne peut donc exister que pour l’âme honnête qui est résolue à se séparer de son péché, parce qu’elle le liait d’une sainte haine.


Où en es-tu, lecteur, sur ce point?

As-tu répondu à l’appel de Dieu?

Maintes et maintes fois il a frappé à la porte de ton cœur, t’a révélé ton péché, le sentier mauvais dans lequel tu t’étais engagé, il t’a rendu attentif par des moyens divers au danger de la situation morale dans laquelle tu te trouvais?

Quelle a été ton attitude. As-tu reconnu la voix divine?

As-tu compris que c’était Dieu qui te parlait?


DIEU PARLE! IL FAUT QU’ON LUI RÉPONDE!


Musset avait reconnu la voix divine, et senti la nécessité d’y répondre! Ah! certes, si jamais vie fut loin d’être exemplaire, ce fut la sienne! Mais il avait une qualité précieuse, il était sincère! Il possédait une âme honnête.

Possèdes-tu cette qualité?

Veux-tu écouter cette voix amie qui parle à ton cœur, ne pas repousser la lumière qui t’éclaire et te révèle ton péché?

Sois un homme! envisage le mal en face. Contemple-le jusqu’à ce que tu en souffres, puis jette-toi à genoux, demande à Dieu de te pardonner, de purifier ton cœur, d’en extirper le péché, et contracte avec lui un pacte solennel et pour la vie, de délaisser désormais ce hideux péché.

Tu dateras de cette minute une vie nouvelle, une vie de pureté et de triomphe sur le mal.

Tu comprendras alors qu’il peut y avoir des larmes bénies, des larmes qui laissent dans votre vie un souvenir bienfaisant, et tu expérimenteras à ton tour la vérité de ces paroles de Jésus: «Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.» car tu connaîtras la douceur de la consolation apportée par le Sauveur à l’âme repentante, pleurant sur son péché, regrettant d’avoir offensé Dieu, et ardemment désireuse de vivre désormais une vie qui l’honore et lui fasse plaisir.

En avant 1910 07 23



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