UNE
RÉPONSE
AUX ESPRITS CURIEUX
QUE SE PASSE-T-IL AU BANC DES PÉNITENTS?
À l’issue de chacune de leurs réunions, les salutistes convient leurs auditeurs non convertis à s’approcher du banc des pénitents.
(Nous appelons ainsi un banc, ou une rangée de chaises, placé immédiatement devant l’estrade et où peuvent venir s’agenouiller ceux qui se sentent poussés à se donner à Dieu).
Si quelque personne présente, remuée par ce qu’elle a entendu, touchée dans sa conscience, convaincue de péché par l’Esprit de Dieu, profite de cette invitation et vient s’agenouiller à ce banc des pénitents, les auditeurs occasionnels, nouveaux venus dans nos réunions, regardent avec curiosité, se lèvent, interrogent de leurs lèvres ou de leurs yeux, tant leur surprise est grande.
– Que va-t-il bien se passer là?
– Qu’est-ce que les salutistes vont dire à cette personne?
– Quelle formule magique vont-ils prononcer?
– À quelle formalité vont-ils l'astreindre?
Et pourtant, on a pris soin de les prévenir que cette rangée de chaises n’avait aucune vertu en elle-même, que celui qui veut rencontrer Dieu peut le rencontrer partout, mais que c’est une occasion pour qui veut contracter alliance avec le Tout-Puissant de s’isoler de la foule qui l’entoure en même temps que d’oser DÉCLARER PUBLIQUEMENT LA RÉSOLUTION QU’IL A PRISE INTÉRIEUREMENT ET LIBREMENT.
C’est de plus un salutaire exercice pour la volonté que de sceller immédiatement ce pacte avec Dieu au lieu de se contenter d’une résolution vraie, mais non affirmée, et qui se précise et se fortifie par cet acte, tandis qu’elle pourrait disparaître où s’atténuer sans lui.
S’affirmer à soi-même et oser affirmer aux autres qu’on veut désormais abandonner telle ou telle chose mauvaise, c’est une aide puissante pour la volonté encore chancelante dans cette lutte entre le bien et le mal.
Rien de plus psychologique que cette pratique salutiste.
Mais, hélas, l’éducation religieuse qu’ont reçue la plupart des gens est tellement faussée, tellement erronée, qu’ils ne comprennent rien à cette religion qui est la liberté même, faite tout entière de rapports personnels avec Dieu, de contrats traités librement avec Lui.
D’aucuns pensent que celui qui s’est agenouillé là fait acte d’adhésion à l’Armée du Salut, ce qui, soit dit en passant, est une erreur grossière.
Notre but est d’amener ces âmes à entrer en relations directes avec Dieu,
à traiter alliance avec Lui.
Après cela, si leur vie prouve que leur profession de foi est vraie, elles pourront être ou ne pas être salutistes; cela c'est une question qui se réglera plus tard, s’il y a lieu.
Pour le moment, LES SALUTISTES S’EFFORCENT, au contraire, de disparaître POUR LAISSER DIEU AGIR et l’âme repentante écouter Sa voix, y répondre, y obéir.
Le banc des pénitents n'est pas non plus une espèce de confessionnal.
Nous croyons du reste que Dieu seul a qualité pour pardonner les péchés, que c’est à Lui seul qu’il faut demander pardon, et non à un être humain, pécheur comme nous.
L’œuvre qui se passe là, est la plus grandiose et la plus solennelle qui puisse se produire. C’est la rencontre d’une âme souillée, pécheresse, misérable, qui se sent coupable, en souffre, et dans un élan de repentir vient se jeter aux pieds de son Dieu, pour:
– implorer son pardon,
– recevoir la purification de son cœur,
– et s’engager à tourner désormais le dos à ce péché qu’elle sent odieux,
– et à marcher résolument dans cette voie nouvelle où elle pose pour la première fois ses pas.
En réponse à cet acte d’abandon, de soumission, de don de soi, Dieu pardonne, délivre, purifie, restaure l’âme, bande ses plaies, en un mot crée un nouvel être.
Le banc des pénitents est donc ainsi pour tous CEUX QUI S’EN APPROCHENT HONNÊTEMENT ET INTELLIGEMMENT, comprenant la solennité de l’acte qu’ils accomplissent, le berceau d’une vie nouvelle, de cette vie que donne Christ quand II vient habiter dans un cœur et qu’il en balaie la souillure et toute impureté, pour y faire naître les «fruits de l’Esprit».
Ces âmes ont reconnu leurs péchés et sont venues implorer, aux pieds du Christ Rédempteur, aux pieds de ce même Jésus qui sauve toujours, aujourd’hui comme il y a vingt siècles, dans notre pays comme en Galilée et en Judée, les gens de mauvaise vie comme les respectables.
Elles sont venues manifester ainsi publiquement qu’à partir de ce jour, pardonnées de leur vie passée, elles veulent, avec le secours de Dieu, marcher la main dans Sa main toute puissante et, par Sa force, être victorieuses du mal dont elles étaient esclaves.
voilà la religion qu’il nous faut, celle qui triomphe
– partout où flotte le drapeau de l’Évangile,
– partout où est dressée la Croix du Calvaire,
– partout où l’homme orgueilleux ose avouer qu’il veut en finir avec une vie souillée.
– Partout où l’homme ose être assez intelligent pour faire usage de ces dons de Dieu, qui en font le Roi de la Création, la volonté et la liberté, pour obéir aux impulsions de sa conscience qui condamne le mal dans son propre cœur,
– partout où, se libérant de l’opinion publique, il fait taire les bas instincts de sa nature pour assurer le triomphe à ce qui, en lui, est noble et pur, à cette étincelle divine que l’être le plus dégradé porte en soi,
– partout où cet acte de décision volontaire se produit: c’est «un homme qui naît de nouveau», pour employer l’expression même de Jésus.
Ce n’est pas quelqu’un qui change de religion ou qui évolue dans ses idées, c’est infiniment plus que cela, c’est quelqu’un qui change de conduite, qui tourne loyalement le dos à la voie qu’il a suivie jusque-là pour entrer dans une autre diamétralement opposée.
C’est le débauché qui devient pur, le menteur véridique; c’est celui qui était dominé par la haine, dont le cœur est maintenant rempli d’amour pour ceux qu’il détestait.
Ce n’est rien moins qu’une révolution intérieure et cette révolution s’appelle la conversion
Oui, voilà ce qui se produit chaque jour dans nos salles, voilà ce que nous avons vu, voilà les miracles dont nous sommes témoins et qui réjouissent nos cœurs.
Voilà, chers lecteurs, les faits que nous vous invitons à constater de visu, et dont nous aimerions que vous fassiez pour votre compte la glorieuse expérience. Ces gens qui se donnent ainsi à Dieu ne sont ni des ignorants ni des esprits faibles. Intelligents, pleins de force, de vie, ils savent très bien ce qu’ils font et sont heureux de l’avoir fait, et l’avenir prouve combien ils ont été intelligents de se décider ainsi.
Quelle joie pour nous de savoir que cela se passe en plein XXe siècle, au cœur de Paris et de Bruxelles aussi bien que dans la plus petite bourgade de France et de Belgique. Comme nous sommes heureux de pouvoir souscrire à ce que disait un jour, au palais du Trocadéro, au Congrès de la jeunesse chrétienne, un des hommes les plus distingués, M. le docteur Charles Monod, de l’Académie de Médecine:
«Beaucoup de gens du dehors ne veulent voir dans Paris qu’une ville de plaisir. C’est une calomnie contre laquelle je proteste comme homme de science et comme chrétien, car à côté du Paris qui s’amuse, IL Y A LE PARIS QUI TRAVAILLE ET LE PARIS QUI PRIE» et ce que nous disons de Paris peut se dire de toute localité, quelle qu’elle soit.
Oui, béni soit Dieu, IL Y A LE PARIS QUI PRIE:
Ami lecteur, veux-tu dès aujourd’hui faire partie, toi aussi, de ce Paris qui prie? C’est-à-dire de ce Paris qui communie, qui converse, qui vit, minute après minute, avec Dieu qui est Pureté, avec Dieu qui est Amour, avec Dieu qui est Humilité, Douceur, Bonté, Patience, et dont «les yeux sont trop purs pour voir le mal.»
Oh! si seulement je pouvais te convaincre de venir en contact une fois seulement avec ce Dieu, je serais si heureuse! Jamais plus tu ne voudrais le priver de cette communion bénie.
Viens donc maintenant au Dieu qui pardonne et délivre, et tu seras sauvé, tu seras heureux, tu seras utile.
Tu répéteras alors, après tant d’autres qui en ont fait l’expérience bienfaisante, les paroles du Maître.
«HEUREUX SONT LES CŒURS PURS, CAR ILS VERRONT DIEU.»
En avant 1910 07 23
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