Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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L’ÉVANGILE ET LA LIBERTÉ


J’aurais aimé placer sous les yeux de nos lecteurs comme pendant ou contreparties de la gravure ci-contre, un tableau qu’il m’a été donné d’admirer cette semaine, et qui fut une inspiration nouvelle dans la belle tâche à laquelle j’ai donné ma vie.


EvangileLiberte

Une femme, symbolisant la France, élève de sa main droite, au-dessus de sa tête, une chaîne de fer qu’elle vient de briser... les anneaux en sont disjoints. À gauche, se serrant contre elle et blotties dans les plis de sa robe, une femme et une enfant cherchent auprès d’elle un refuge.

Dans son regard, une expression de haine: la haine de l’oppression, la haine de la servitude, la haine de l’esclavage.

On sent que, si d’un côté elle a pu haïr avec intensité, de l’autre, à en juger par la sollicitude qu’ont trouvée auprès d’elle ces deux êtres faibles, elle peut beaucoup aimer!

Aimer ce qui est justement l’antipode de ce qu’elle a haï: aimer les faibles, les opprimés, les petits, les humbles. Quelle leçon!

Que d’enseignements fertiles pour chacun de nous aujourd’hui, en ce jour anniversaire de la conquête de nos libertés. Jetez maintenant un regard sur la gravure ci-contre. C’est la suite de l’histoire — le second acte si vous voulez.

Plus de terreur dans les yeux de la femme et de l’enfant, le calme parfait — l’homme a posé son fusil pour s’abandonner maintenant au travail réparateur — la France elle-même n’a plus ce regard haineux de tout à l’heure, la paix illumine son visage. Que s’est-il donc passé entre ces deux actes?

La tyrannie a été abolie.

La liberté conquise et, dès lors, le flambeau lumineux de la paix rayonne pour tous.

La paix dans la liberté, il ne saurait y avoir de paix en dehors d’elle.

Liberté! Liberté sublime, nous t’aimons! Bien le plus précieux que Dieu nous ait donné, Il nous a créés libres! et c’est Lui-même qui a mis dans notre cœur cette sainte haine de l’esclavage. Hors de la liberté, nous étouffons.


Cette soif d’indépendance, qu’il faudrait bien se garder d’étouffer, c’est le privilège de l’homme, c’est Dieu en Lui, c’est ce qui fait sa noblesse.

L’être le plus dégradé a parfois, au milieu même de la fange dans laquelle il se plonge, un élan vers la liberté qui le relève à ses propres yeux et aux yeux des autres.


Mais on peut jouir de toutes les libertés (libertés civiles, libertés politiques, liberté de pensée, liberté d’opinions, etc.) et pourtant demeurer esclave de la plus odieuse des tyranies si l’on ne possède la liberté suprême, la liberté par excellence, LA LIBERTÉ MORALE.

Cette liberté-là est faite de triomphe sur soi, et on ne la possède que si l’on a su détruire en soi toutes les servitudes, lutter contre toutes les oppressions, abolir tous les esclavages.

Seul celui qui sait haïr d’une haine intense le tyran qui règne, ou voudrait régner en maître dans son propre cœur, est capable d’aimer d’un amour intense la liberté vraie.

L’un ne va pas sans l’autre.

Celui qui aspire à la liberté, doit savoir haïr, haïr d’une sainte haine, L’ESCLAVAGE, LA SERVITUDE DU PÉCHÉ, haïr tout ce qui est mal, quelque nom qu’il porte, et où qu’il se présente, haïr tout ce qu’intérieurement la voix de Dieu qui parle dans le sanctuaire de sa conscience lui révèle comme étant le péché.

Celui-là seul qui a su se vaincre dans ce domaine, qui a assujetti ses passions, celui-là seul est libre, et cette liberté, là elle émane de Dieu qui en est la source et nous en trouvons l’exposé le plus complet et le plus sublime dans l’Évangile et le type le plus parfait incarné en Jésus-Christ.

Jésus-Christ, celui «dont la voix, du fond des siècles, m’appelle à la plénitude de la liberté, m’initie à la plénitude de la vie spirituelle. Sa doctrine et sa vie, qui ne se distinguent pas l’une de l’autre, refont en moi la même révolution qu’elles ont faite dans le monde; elles m’arrachent à l’égoïsme, elles me soulèvent au-dessus de moi-même, elles m’obligent à voir et à entendre tout au fond de moi ce que je n’avais pas su ou pas voulu y découvrir,»

Qui parle ainsi? Un chrétien? Un salutiste? Non, un libre-penseur. On ne dira pas que ce témoignage est suspect. Un libre-penseur qui s’est détaché des formes, — mais s’incline avec respect devant le prophète galiléen.

Qui, c’est l’Évangile de Jésus-Christ qu’il nous faut non seulement lire, mais vivre.


La France n’aura la vraie liberté que le jour où elle aura Dieu.


Mais c’est ici le cas où jamais de répéter encore et encore qu’il faut dégager Dieu de la religion qu’on a si compromise, si dénaturée.

Lors donc nous disons que LA FRANCE A BESOIN DE DIEU et qu’en Lui seul elle trouvera la liberté, nous n’entendons pas la conduire à l’observance de rites que de cérémonies, mais à l’union intime de chaque individu avec Dieu, principe de Pureté, de Bonté, de Vérité, de Justice et d’Amour.

Si vous, aimez mieux, nous voulons dire que le jour de la liberté aura sonné pour la France, le jour où chaque Français, aura proclamé Dieu, Jésus-Christ, entendu de cette manière: le Roi de son cœur!


* * *


Ami lecteur, qu’en est-il de toi?

Ton cœur brûle-t-il d’une sainte haine contre le péché?

Es-tu affranchi de son esclavage?

Y a-t-il eu dans ta vie un 14 juillet spirituel où tu as déclaré la guerre à tous les tyrans qui l’opprimaient?

Toi qui ne voudrais pour rien au monde qu’on portât atteinte à ta liberté de pensée, de parole, ou d’action, pourquoi n’es-tu pas logique jusqu’au bout et ne proteste-tu pas avec véhémence contre tous ceux qui tentent de te ravir liberté de l’âme bien plus sublime encore, la seule vraie?

Tu connais l’histoire. Il est inutile que je te rappelle les faits et si quelqu’un venait aujourd’hui te dire en faisant allusion aux événements dont nous célébrons l’anniversaire!

«Mais cette servitude, nos pères la subissaient depuis longtemps, d'où vient donc qu’ils n’y ont pas mis fin plus tôt?» Tu leur répondrais:

«Il est vrai que cette servitude remontait à bien des siècles.mais le mouvement émancipateur, né du désaccord qu’il y avait entre les idées, les besoins du peuple, et les institutions de l’époque, n’a pu se produire que lorsque le peuple en a eu conscience et qu’il a voulu le faire cesser.

Ce jour-là, ils ont conquis leur liberté. Il en sera de même pour toi.

Tu es depuis longtemps esclave sans en avoir conscience et tu ne prends pas garde au désaccord qu’il y a entre ce que tu es et ce que tu devrais être, ce que tu sens devoir être aux heures les meilleures de ta vie, celles où tu as aspiré à ce triomphe sur soi qui seul fait les êtres libres.

VEUX-TU faire cesser ce désaccord? Là est toute la question

VEUX-TU être affranchi de l’esclavage du mal et de la tyrannie de tes passions?

Viens à JÉSUS, LE LIBÉRATEUR Il est tout puissant pour détruire l’ancien régime du péché, de l’orgueil, de l’égoïsme et de tant d’autres choses, et établir le nouveau régime de l’amour, de la paix, de la joie parfaite:

Le régime de la LIBERTÉ qui ne peut être qu’un régime de pureté, pureté de sentiments, pureté d’actions, pureté de pensées, pureté de paroles. Oh! si en ce beau jour de 14 Juillet, tu pouvais faire cette expérience bénie et dire:

ARRIÈRE DE MOI, TOUT CE QUI EST IMPUR ET SOUILLÉ, ce serait le plus beau jour de ta vie et l’aurore d’une existence nouvelle, vie de glorieuse liberté.


* * *


Quiconque veut réformer son pays et son siècle, doit commencer par se réformer lui-même.

Aimer Dieu et en communiquer l’amour aux autres hommes, c’est exercer le culte parfait.

Rester stationnaire, c’est manquer à son devoir tout autant que si l’on agissait dans un sens diamétralement opposé à la volonté de Dieu.

En avant 1910 07 16


 

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