EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UN POISON NATIONAL

L’absinthe est un poison au même titre que la morphine, la cocaïne, l’opium. La coloration verte ou blanche de la liqueur est obtenue par diverses plantes, ou par des sels toxiques de cuivre. La consommation méthodique de l’absinthe mène à l’épilepsie ou à l’abrutissement.

Une ration quotidienne de deux verres, suffit pour transformer un homme en absinthique au bout d’un an. Voilà ce que dit la science.

ET MAINTENANT QUE DIT LA STATISTIQUE?

Le tableau suivant a été dressé par l’Administration des Contributions indirectes. Il indique les quantités d’alcool qui, contenues dans l’absinthe, ont été frappées des droits; et les chiffres représentent des hectolitres d’alcool pur.

1885 – 57.000

1886 – 65.000

1887 – 74.000

1888 – 81.000

1889 – 90.000

1890 – 105.000

1891 – 110.000

1892 – 129.000

Actuellement (en 1904), la consommation dépasse 170.000 hectolitres!

Du militaire, la contagion s’est étendue au bourgeois, du bourgeois à l’ouvrier, de l’homme à la femme, de la femme à l’enfant. Et tous les jours des prospectus audacieux, des réclames insolentes et des affiches mensongères poussent la population hypnotisée vers les TEMPLES DE LA FÉE VERTE!

En présence de cette situation, l’Académie de Médecine s’émeut.

Elle supplie le gouvernement d’interdire formellement la consommation de ces boissons pernicieuses qui sont connues sous le nom d’«amers» ou d’ «apéritifs», telles que l’absinthe, le vermouth, le bitter, le vulnéraire ou «eau d’arquebuse.»

En attendant que l’État agisse, nous poussons ici, publiquement, un cri d’alarme. Pères et mères, jeunes gens et jeunes filles, l’avenir même de notre pays est en jeu!

La France absorbe plus d’absinthe que toutes les contrées de l’Europe réunies.

C’est la déchéance rapide, c’est l’abâtardissement et la disparition de notre race.

Et tu y contribueras volontairement, lecteur, si, après avoir lu ces lignes, tu continues à prendre ton apéritif, à consommer régulièrement de l’absinthe, à verser implacablement dans les veines de notre patrie le poison qui la tuera.

(Reproduit.)

En avant 1904 08 06