LA COMMUNION DE SES SOUFFRANCES
On raconte qu’il existe, dans certains océans, des profondeurs qu’aucun homme n’a encore pu connaître. Les sondes les plus longues n’ont pu trouver le fonds. Il en est de même des souffrances de Christ ELLES SONT INSONDABLES, ET INCONNAISSABLES.
Et cependant, de même qu’un petit enfant peut tremper le bout de son doigt dans l’immense océan, nous sommes appelés — plus que cela, il nous est offert la joie et le privilège inestimables — d’avoir communion avec Jésus-Christ dans Ses souffrances, de connaître dans notre faible mesure quelque chose des douleurs indicibles qui ont déchiré le cœur tendre du Sauveur des hommes pendant toute Sa carrière terrestre, et qui ont atteint leur maximum lorsqu’il s’est donné pour nous sur le Mont du Calvaire.
Nous pouvons constater tout de suite que le cœur naturel cherche à éviter toute souffrance. Aujourd’hui, la grande majorité des chrétiens (?) cherchent, par tous les moyens, à avoir une vie des plus agréables possible.
Ils voudraient écarter de leur chemin tout petit caillou, toute épine, en un mot toute chose qui pourrait leur apporter le moindre souci, ou le plus faible ennui.
Souffrir?
Il ne faut pas leur en parler!
C’est le bonheur qu’ils veulent, par dessus tout.
Aussi, aiment-ils une prédication où le chemin de la Croix n’est guère mentionné, et où les agréments de la vie chrétienne sont exaltés jusqu’aux nues. Je ne veux pas dire par là que la joie soit refusée à l’enfant de Dieu ou exclue de sa vie.
Il est incontestable que «le fruit du Saint-Esprit en lui, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance» (Gal. 5. 22). Mais toutes ces qualités existent aussi dans le monde.
Il y a bien des personnes, en dehors des chrétiens, qui sont très affectionnées; d’autres qui sont extrêmement douces et paisibles; et la bonté et la fidélité peuvent être trouvées chez des inconvertis.
Où donc est la différence entre l’homme naturel
et l’homme spirituel créé par l’Esprit de Dieu.
Essayons de le voir. Prenons l’amour.
L’homme irrégénéré aime ceux qui l’aiment, ceux qui lui sont agréables, ou ceux qui lui procurent du plaisir, etc. Pour ceux-là, il manifeste de l’affection et des prévenances. Mais les personnes qui le froissent, avec lesquelles il n’a aucune affinité, qui ne sont pas en sympathie avec lui, il les ignore, les déteste, ou même les hait.
L’homme spirituel ne connaît plus personne selon la chair. Pour lui, il n’existe aucune différence entre les hommes, sauf en ce qui concerné leur état spirituel — en Christ ou hors de Christ. Il aime tout le monde, et son amour — qui ne vient pas de lui, mais de Christ en lui — se manifeste à l’égard de ceux qui sont contre lui, même de ceux qui sont ses ennemis et cherchent à lui nuire.
Plus ils s'acharnent à lui faire du mal, plus son amour se manifeste, et on comprend par là que ce n’est pas un amour naturel, mais surnaturel, venant de Christ en lui.
Il en est de même avec la joie.
Le cœur naturel est dans la joie lorsque tout va selon ses souhaits, qu’il a une bonne santé, etc.
La joie spirituelle se manifeste dans les contrariétés, dans les épreuves de tout genre et dans la souffrance.
Une certaine paix également existe chez celui dont la conscience est endormie, et qui n’a aucun souci matériel
Mais qu’elle est autre la paix divine du vrai chrétien! Plus il a de soucis, plus elle est profonde; le vent de l’adversité, l’ouragan du deuil sont impuissants à la détruire. Elle est comme une rivière, coulant toujours, et augmentant de volume en cours de route.
Ainsi, en est-il de la patience, de la bonté, de la douceur, ou de toute autre qualité.
Lorsqu’elles proviennent du cœur naturel, elles ne sont durables que dans certaines conditions. IL SUFFIT QUE LES CIRCONSTANCES CHANGENT POUR QU’ELLES DISPARAISSENT AUSSITÔT;
Tandis que si leur source est le cœur divin de Christ demeurant en nous, elles seront permanentes comme Lui-même est permanent.
Un peu de réflexion sur ce point suffit pour nous faire comprendre la nécessité pour un enfant de Dieu d’être éprouvé de toute façon et dans tous les sens afin que la source de sa vie soit rendue évidente au monde.
En avant 1910 07 09
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