LES MERVEILLES DE LA GRÂCE DE DIEU
CUEILLI DANS LE JOURNAL D’UN O.C.B.
La femme-démon.
Elle avait organisé contre moi tout un contingent de mauvais sujets. Et certes, quand je la rencontrais dans les rues, mes nerfs ne dormaient pas. Quand elle pouvait, de force, s’introduire dans la salle de réunions, ce n’était qu’à demi rassurant.
Un soir, à la nuit, comme je rentrais et qu’elle était venue se poster à l’entrée de la porte de l’Armée: «Hein, canaille! c’est à moi que tu auras affaire, cette fois» me dit-elle, et ses yeux flambloyaient comme ceux d’un tigre.
Dieu intervint d'une manière admirable, et quelques semaines plus tard, après nous avoir brisé plusieurs articles, c’était enfin son cœur qui était brisé par le Marteau Divin.
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Le gros gaillard.
Oui, c’était un fameux gaillard, mais comme j’avais vu 3 de ses enfants se convertir, je voulais absolument lui parler du Salut. Heureusement pour moi qu’il marchait avec assez de peine, de sorte qu’un jour où j’étais chez lui et qu’il voulait me mettre à la porte, j’eus recours à une énorme table ronde, qui était dans l’appartement.
Il me courait après autour de la table, et pendant ce temps je profitai de l’obstacle qui l’empêchait de me saisir, et lui parlai du salut. Après quoi, je filai vite.
Le premier dimanche soir qu’il vint à la réunion, il vint s’asseoir tout en avant. Et quel ne fut pas l’étonnement de nos Camarades, quand, à la fin de la réunion, en pleurant, il se livra au Seigneur.
* * *
Impossible de dormir
C’était à la fin d’une réunion, j’allai parler à un rétrograde. D'un geste, il se débarrassa de moi et sortit de la salle. Il rentra chez lui pour vite s’endormir afin d’oublier la réunion; mais c’était inutile.
Il se releva, et arpenta sa chambre de long en large. Après un moment d’exercice, il se recoucha, se retourna, et se retourna dans son lit: vains soupirs, le sommeil fuyait loin de lui, et le voilà de nouveau debout exécutant de nouveau le même exercice de long en large dans sa chambre.
Il se recoucha encore en maudissant S. Blanc. C’était peine perdue, le sommeil n’était pas dans son appartement. Une idée ingénieuse traversa son esprit; il y avait dans son placard des herbes calmantes. Le voilà donc de nouveau debout, préparant la tisane à dormir; dès qu’elle est prête, il la boit et se recouche. Qu’il avait fait erreur, ce pauvre ami, car le sommeil ne se rendit pas malgré l’aide de la tisane.
Quelle nuit, quelle nuit! Aussi de bon matin il franchit les kilomètres qui le séparaient de l’appartement des deux Officiers de l’Armée du Salut. Il arrive furibond. «Vous allez me faire faire quelque chose de terrible, me dit il aussi (avec gestes) je viens vous défendre de prier pour moi. Car vous priez pour moi. Ah! je l’ai senti toute la nuit.»
«Lieutenant, viens vite», criai-je à mon camarade.
Dès qu’il fut là, je lui dis de prier et pendant ce temps je tenais le rétrograde par le pan de son veston pour qu’il ne parte pas. «Je vous dis de me laisser, je suis trop malheureux», dit-il.
Je continue à le tenir par le veston et je prie. «Ô Seigneur, rends-le encore plus malheureux s’il le faut, mais qu’il soit sauvé, avant de sortir d’ici.»
L’Armée Céleste combattait pour nous, un obus l’atteignit en plein cœur et voilà qu’il tombe à genoux, et à travers ses sanglots, ses soupirs et ses larmes, la prière enfin s’échappe de son cœur: elle est portée par un ange dans un vase d’or du Trône de la Grâce. Après cet assaut nos cœurs bondissaient de joie.
* * *
L’endormie.
Tout meurt. Non, dis-je, il est des plantes qui ne meurent jamais, et qui ont pour jardin le cœur, ces plantes qu’on appelle Les Souvenirs. En voici une qui est vivace dans mon cœur.
Dans un Poste, il y avait une femme inconvertie qui assistait aux réunions de l’Armée depuis bon nombre d’années. Je la considérais comme endormie dans ses péchés. Que faut il faire? me dis-je. Eh bien! voici, pensai-je, tu vas la secouer fortement!
Elle vint à la réunion comme d’habitude. Pendant la réunion, m’adressant à elle directement, je lui dis: «Madame, vous devriez vous convertir ce soir».
Je la vois encore. Elle se leva d’un bond, et, rouge comme une écrevisse en se dirigeant vers la porte, elle dit à voix haute: «C’est fini, on ne me verra plus ici». Elle ferma après elle la porte avec fracas. «Qu’as-tu fait? Qu’as-tu fait? me dit un de mes intimes amis. Elle ne reviendra plus. — Nous prierons pour elle, lui dis je, et le Bon Dieu saura la trouver où elle sera». C’est ce que nous fîmes, nous priâmes, et rendue malheureuse, malheureuse par le Saint-Esprit, elle rendit les armes et se déclara prisonnière du Christ, cette semaine même.
* * *
Sans amis.
C’était un dimanche matin. J’étais alors au service militaire en Algérie. En réfléchissant, je me demandais à qui je devais écrire ce matin même. Un des premiers qui se présentèrent à ma pensée fut un jeune homme, que j'avais connu jadis, alors que, en uniforme, il était un bouillant Salutiste. Je le savais rétrograde. Faisant de mon mieux, je lui écrivis vite une lettre, que je demandai au Seigneur d’accompagner.
Quelques
jours
après, je reçois dudit jeune homme une réponse, dans laquelle il
me disait: «Je me croyais sans amis, et c’était décidé: ne
pouvant vivre, car j’avais soif d’amour, j’allais mettre fin à
mes jours. Ta lettre, cher ami, me disait-il, a arrêté la main
meurtrière». Oh! comme je bénissais le Seigneur à la réception
de cette lettre. Ô Dieu! fais de mon cœur un foyer d’amour.
* * *
Dieu sauve les Magdeleines.
C’était une pauvre femme méprisée du monde, mais les Salutistes ne doivent mépriser personne. Avec larmes, un dimanche soir, nous l’entendîmes se donner à Dieu sans réserve. Et les Salutistes sont devenus ses conseillers pour l’aider dans cette nouvelle vie.
* * *
Après la réunion.
La réunion était terminée, et un grand jeune homme qui se trouvait au fond de la salle paraissait malheureux. Nous comprîmes qu’il fallait aller à l'assaut, ce que nous fîmes. Après être resté un moment debout, il s’assit, puis enfin, après un nouvel assaut, il se mit à genoux et posa les armes. Depuis, il va de l’avant. Gloire à Dieu.
* * *
La flèche.
Oui, oui, elle emportait une flèche dans son cœur. Elle était sortie de la réunion sans céder, mais comme le chasseur poursuit le lièvre blessé, nous la poursuivîmes jusque chez une camarade, où elle avait été se réfugier, et les coups de feu se répétèrent. La dernière résistance fut vaincue. La victoire fut remportée.
(À suivre.)
En avant 1910 07 02
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