RELIGIEUX, MAIS NON CHRÉTIENS
Par le Général Booth
Oui, il est parfaitement exact de dire qu’il y a des multitudes de Chrétiens qui ne sont pas religieux; mais on pourrait dire avec autant de raison l’opposé, d’un grand nombre de gens qui ont de la religion et ne sont pourtant en aucune façon des Chrétiens.
Qu’est-ce qu’être Chrétien?
C’est être comme Christ, me semble-t-il, être Son disciple, une imitation de Lui, avoir Son Esprit, car l’Apôtre n’écrit-il pas: «Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il n’est pas des siens».
Qu’est-ce donc, qui faisait de LUI le Christ?
quels éléments de son caractère constituaient en Lui le Messie?
Ce n’était pas le culte de son Père ou l’exercice de telle cérémonie spéciale, ou l’adhésion à tel article de foi particulier, ou l’expérience d’un sentiment exceptionnel: toutes ces choses, nous avons lieu de le croire, étaient pratiquées dans le ciel par le Sauveur, avant qu’il fût devenu sur la terre le Christ de Dieu.
Ce n’était pas davantage la parenté divine, ni Sa sainte ressemblance avec le caractère du Père, car tout cela, nous le savons, existait dès avant la fondation du monde.
Quoi donc faisait de Lui le Christ,
SINON D’AVOIR QUITTÉ LE CIEL POUR VENIR SAUVER LES ÂMES DES HOMMES!...
C’était d’avoir dépouillé Sa gloire, abandonné les occupations, les délices et la compagnie du paradis, pour accepter l’humiliation et les ténèbres, les peines et les larmes, la souffrance et l’ignominie, et versé le sang de Son agonie terrestre, en vue de racheter un monde perdu.
«Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ qui, quoique riche, PAR AMOUR POUR NOUS s’est fait pauvre, afin que par sa pauvreté nous fussions rendus riches».
* * *
Rien n’est plus évident, dans la Bible, que la vérité de cette affirmation que c’était là l’Esprit de Christ.
Et si un tel esprit fait de Lui le Christ, il n’est pas moins évident que, seuls, ceux animés par le même esprit, se proposant le même objet et conduits à un dévouement similaire, en rapport avec leurs circonstances et capacités, à une vie de sacrifice, de labeur et d’opprobre par amour pour Lui, peuvent se réclamer du titre de homme-Christ ou femme-Christ et porter en vérité le beau nom de Chrétiens.
* * *
Si, d’une part, il est beaucoup de Chrétiens qui ne sont pas religieux, à en juger d’après la même règle, quelle n’est pas, d’autre part, la multitude de CEUX QUI, TRÈS RELIGIEUX, NE SONT POURTANT PAS CHRÉTIENS?
Et ils sont très religieux cependant.
Très ferrés sur les doctrines, ils pourront discuter à perte de vue sur credos, théories et théologies; ils y passeront des jours et des années, dépenseront l’argent sans compter et sacrifieront à leur opinion religieuse charité, famille et amis.
Ils prêtent une extrême importance au ministère, aux formes du culte, aux sacrements, aux réunions, et n’y manqueraient pour rien au monde, Ils travaillent constamment à leur salut, leur pardon, leur vie supérieure, leur droit d’entrée au ciel et leurs richesses Là-Haut; ils s’assurent de leur appel et de leur élection; mais si cette religiosité manque de l’élément constitutif essentiel du Christianisme, comment pourrions-nous la qualifier de Christianisme?
CE PEUT ÊTRE DE LA RELIGION, d’un ordre supérieur et qui a son prix même, MAIS JE NE PUIS Y RECONNAÎTRE LE CHRISTIANISME!
* * *
Si le Christ devait revenir comme II est déjà venu, mais à Paris ou n’importe où ailleurs dans notre France, au lieu de Jérusalem, que ferait-il?
Nos cœurs répondent sans le moindre doute: Il se donnerait tout entier, avec toute sa pitié et sa compassion pour sauver les millions qui, de par le monde se ruent sur la voie large conduisant à la destruction, de laquelle II a parlé.
Et sa pitié prendrait une forme pratique. Il irait parmi eux, pour pleurer avec eux et leur consacrer tous les moyens et toutes les influences à sa disposition, en vue d’atteindre et d’arrêter les foules périssantes et de les guider vers son Père.
Et après qu’ils auraient été secourus et purifiés, Il en ferait Ses collaborateurs dans la même tâche.
* * *
Christ est revenu, en réalité, et il est avec nous, aujourd’hui:
SON ESPRIT TRAVAILLANT DANS LES CŒURS DE CEUX QUI L’ONT REÇU.
Et quand cet Esprit a libre cours, et que ses directions sont écoutées, n’est-il pas normal que l’Esprit de Christ produise la vie de Christ, la vie chrétienne?
Cher lecteur, réponds toi-même, honnêtement, à ces questions; résous-les pour toi-même, pour ton propre cœur et seul à seul avec Dieu:
Un homme peut-il être Chrétien, sans posséder l’Esprit de Christ?
ET
Comment un homme pourrait-il avoir l’Esprit de Christ, sans vivre la vie de Christ?
En avant 1904 08 06
Table des matières |