HEURES DE RAFRAÎCHISSEMENT AUTOUR DE NOS CHEFS
Au sein de la mêlée de chaque jour, du combat pour autrui, rien n’est appréciable et apprécié, que les moments mis à part pour nous-mêmes où. nous pouvons faire halte, et, dans le silence, loin de la clameur de la bataille, nous rendre compte où nous en sommes nous-mêmes.
Le soldat qui se rendrait au combat sans jamais renouveler ses munitions, irait au-devant d’une défaite certaine et nous ne saurions, nous — soldats de Jésus-Christ — soldats de la plus noble Cause — nous ne saurions accomplir notre mandat sublime sans renouveler notre provision de force à la Source dont elle émane.
Sans doute nous pouvons nous y retremper sans cesse, à cette Source bénie; à toute minute du jour, elle est à notre disposition et nous y cherchons, en effet, force, courage, persévérance, tout ce qui nous est nécessaire pour nous-mêmes et pour autrui. Mais pourtant, il nous est non moins précieux de communier avec nos camarades, d’élever ensemble nos âmes vers Lui, d’échanger nos expériences, bénissantes et fortifiantes toujours et de recevoir de la bouche de nos précieux Chefs, le message divin communiqué par son Esprit.
Et voilà pourquoi ces heures de communion fraternelle entre Officiers parisiens ont été à un très haut degré des heures de rafraîchissement. L’âme humaine, sous toutes les latitudes et à travers les siècles, est toujours la même, et les besoins des Officiers, qu’ils soient engagés sur le champ de bataille, ou dans nos Institutions sociales, — cet autre champ de bataille, avec ses aspects particuliers, mais où les plaies à bander, les âmes à guérir, à consoler, à fortifier, ne sont ni moins nombreuses, ni moins intéressantes que celles que nous côtoyons dans les réunions ou dans les visites, les besoins de ces Officiers, tout aussi bien que ceux qui travaillent derrière la toile au Quartier Général, ces besoins sont identiques.
Tous ont donné leur vie pour l’humanité souffrante, tous soupirent après la victoire de Jésus-Christ dans le cœur de leurs frères et sœurs sur le chemin de la vie, et tous ont fait l’expérience qu’il n’est pas de savoir humain, pas de dons naturels ou de bonté native, pas d'intelligence éclairée ou de volonté forte qui soit à la hauteur de la tâche délicate qui leur est confiée: apporter à l’âme humaine la guérison et la vie. Seul Dieu en nous peut faire cette œuvre.
Toujours plus de Jésus en eux, de sa vie, de son amour, de sa tendresse éclairée, de son don de soi, de son humilité parfaite qui s’ignore toujours, seul cet esprit peut donner la victoire au Soldat de la Croix.
Rien d’étonnant, dès lors, que nous ayons saisi avec une joie profonde l’occasion qui nous était donnée de nous approcher ensemble de Jésus, notre Sauveur, de nous asseoir à ses pieds pour recevoir de Lui instructions, discerner Sa voix au fond de nos cœurs, et sceller à nouveau notre consécration à Son service. Il fait si bon exprimer son amour à ceux qu’on aime!
Dès le début, du reste, de notre rencontre, cet esprit d’amour et d’adoration s’affirme parmi nous, et quand nous chantons à genoux:
Jour après jour, gardé par ton amour.
Jour après jour, à l’abri de ton aile
C’est le repos et la vie éternelle.
Je t’appartiens, ô Sauveur, pour toujours.
Nos âmes s’élancent vers Dieu comme vers Celui dont nous attendons tout, et c’est un cri de défi que nous jetons à la face du diable quand nous continuons à chanter:
Je le verrai, Lui, tel qu’il est
Jésus le Rédempteur parfait.
C’est à ce Rédempteur parfait que plusieurs Officiers appelés à rendre témoignage donnent gloire. La Lieutenante Le Junter ouvre le feu, l’Adjudante Faigaux que nous sommes tous si heureux de retrouver à Paris lui succède. C’est la femme de Dieu que nous avons connue jadis, que nous retrouvons plus affermie que jamais, plus brûlante d’amour pour les âmes et qui nous fait part de ses expériences pendant les années où elle est demeurée «à l’écart» et dit sa joie de se retrouver parmi nous pour le combat en France.
Le Capitaine Seagrave réalise pleinement la présence de Dieu dans un travail plutôt desséchant, à vues humaines, et dit son désir d’être prêt pour la venue de Jésus qu’il sent être proche.
L’Adjudant Metzger réalise qu’II «garde chaque porte» et éprouve la nécessité de voir toujours Jésus face à face, non seulement pour ses besoins personnels mais aussi pour sauver l’âme avec laquelle il vient en contact.
La Major Coste réalise que Sa grâce augmente au fur et à mesure des difficultés et qu’il est possible de «demeurer» en Jésus constamment, lui remettant soucis et fardeaux et marchant au jour le jour dans la paix.
Un solo de la Capitaine Heusclier:
Mort au Christ d’une mort volontaire,
Je vis au Ciel déjà sur cette terre.
Et la Colonelle prend à son tour la parole. C’est une joie pour nous de voir la Colonelle que son état de santé retient trop souvent à son gré loin du combat mais qui bénit toujours nos âmes par son acceptation paisible de la volonté de Dieu qui est si caractéristique. Le diable fait heureusement une œuvre qui le trompe, de sorte qu’au moment même où il voudrait essayer de troubler la paix de son enfant en l’attristant, en lui représentant ce qu’il appelle son «inutilité» elle est à ce moment même d’une utilité incontestable et peut être supérieure à beaucoup d’autres.
Tous les ministères ne s’exercent pas de la même manière et celui de la soumission paisible, de l’acceptation joyeuse de la volonté de Dieu — cette forme de la volonté peut être le plus difficile à accepter, celle d’être condamnée par la maladie à ne rien faire, au moment où notre cœur brûle le plus de l’intense désir de nous dépenser pour Lui — ce ministère-là est fertile en enseignements et fortifiant pour nos âmes. Aussi la Colonelle a-t-elle été ce matin-là spécialement bénédiction pour chacun de nous.
Elle commence à souhaiter la bienvenue à l’Adjudante Faigaux et parle de la joie d’avoir un Dieu pour nous garder dans le calme et le repos de la foi en des accents persuasifs. Illustrant sa pensée par un exquis incident de sa visite aux Bordes — la Colonelle souligne le fait que la difficulté c’est de laisser Jésus porter notre fardeau expérimentant que «Sa grâce nous suffit.»
Elle nous fait part des meilleures nouvelles de la santé de la Capitaine Babando et parle de la nécessité d’avoir toujours plus des cœurs qui sachent s’ouvrir et sympathiser aux souffrances d’autrui.
En avant 1910 06 18
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