L’ESPRIT DE JÉSUS OU LA RELIGION DANS LA VIE
Un simple coup d’œil sur notre gravure suffit pour la comprendre. Un carrefour mouvementé d’une grande ville difficile à affronter pour les jeunes, alertes et l’œil pénétrant, mais combien plus redoutable pour les vieillards à la démarche chancelante et à la vue incertaine qui se demandent avec crainte comment ils vont oser s’aventurer dans ce dédale de véhicules de tous genres!
Plusieurs fois déjà la vieille femme a essayé, mais elle a dû rebrousser chemin! Si seulement quelqu’un voulait lui aider à traverser, mais elle n’ose pas le demander! Tous ces gens ont l’air si affairé et si préoccupé.
Heureusement, une jeune fille a remarqué l’embarras de la pauvre vieille femme. Prompte comme l’éclair, elle s’est élancée vers elle et, avec douceur et politesse, elle a délicatement passé son bras sous celui de la bonne maman, avec tant de confiance et d’assurance, que celle-ci s’est enhardie à traverser avec sa jeune compagne. Le regard de celle-ci, imprégné tout à la fois de bonté, de respect et de simplicité a fait du bien à cette vieille femme, sa jeunesse a rafraîchi son cœur, et un rayon de joie a percé le voile de tristesse qui planait sur elle la minute d’auparavant.
Quant à la jeune fille, elle est plus heureuse encore — sans doute son acte est bien insignifiant — la vie n’est-elle pas faite de petits détails? — mais l’esprit dans lequel elle l’a accompli a béni son âme.
Le matin même, en priant, avant de quitter sa chambre, elle avait demandé à Jésus de Lui aider à être bonne comme Lui, à réjouir le cœur de quelqu’un dans la journée, et l’occasion ne s’était pas fait attendre. On lui avait appris à la «Jeune Armée» — car notre héroïne était une «Jeune Soldat» — que maintenant qu’elle avait donné son cœur à Dieu, elle devait s'efforcer de réaliser elle-même ses prières, qu’il ne suffisait pas de dire à Jésus: «Aide-moi à être bonne, aujourd'hui», mais qu’elle devait ouvrir son intelligence et OBSERVER TOUTES LES OCCASIONS de rendre service à quelqu'un, de dire une bonne parole, de sourire à ceux qui sont tristes, etc., etc., et dès qu’elle en aurait une à sa portée, de s’empresser de la saisir, et de prouver ainsi par sa vie qu’elle aimait Dieu et voulait Le servir.
Ah! comme le monde serait meilleur et comme il y aurait plus de bonheur si tous les chrétiens voulaient bien METTRE LEUR RELIGION DANS LEUR VIE AU LIEU DE LA RELÉGUER À L’ÉGLISE, le dimanche et peut être chaque jour à l’heure de la prière.
Ah! quelle bénédiction pour cette enfant d’avoir compris au début de la vie le secret que tant de gens mettent la moitié de leur existence à apprendre à savoir que la manière de montrer à Dieu qu’on L’aime, ce n’est pas de réciter de longues prières mais de s’efforcer de Lui ressembler, de faire de ce qu’il approuve, et de ne pas faire ce qui Lui déplaît, de bannir le mensonge et l’égoïsme de sa vie et de semer autour de soi dans sa famille, dans sa demeure, dans toutes les relations sociales l’amour, la paix, la joie, la vérité, la pureté!
L'esprit de Jésus animant notre conduite, les actes les plus simples de notre existence et réconfortant les cœurs tristes, découragés, endoloris, amenant les âmes souillées, flétries en contact avec Celui qui a pu ainsi transformer un être humain, de chair et d’os comme elles-mêmes, placé dans des circonstances semblables, en un vainqueur du mal qui est encore leur maître à elles, voilà ce qui sauvera le monde.
Rayonner Jésus autour de soi, parce qu’on vivra sans cesse à Son contact béni, c’est le moyen infaillible de bénir les âmes et de les amener à leur tour à Jésus le Sauveur.
En avant 1910 06 18
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