LA VOIX DE LA CONSCIENCE
«Deux choses me remplissent d’admiration: la loi morale au-dedans de moi; le ciel étoilé au-dessus de nos têtes.»
Quelle vérité dans ces paroles! Sous deux aspects différents, nous y trouvons la preuve de la toute-puissance et de la «toute-bonté» de Dieu.
La voûte azurée au-dessus de nos têtes, ces milliards d’étoiles qui sont des mondes, et devant lesquels l’orgueil humain s’incline confondu, pénétré de son néant et de son impuissance en face de ce témoin de la Sagesse éternelle, qui a jeté dans l’univers ces mondes régis par des lois immuables et si parfaites, remplissent en effet nos cœurs et nos esprits d’une sainte admiration.
Mais combien plus grandiose encore, et plus imposant, ce monde intérieur de nos âmes, LA CONSCIENCE, TÉMOIN FIDÈLE ET VIVANT DE NOS MOINDRES ACTIONS, que dis-je, de nos sentiments les plus secrets, de nos pensées les plus fugitives qui n’ont fait qu’effleurer nos âmes peut-être, mais ont suffi pour les ternir!
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CONSCIENCE, réalité sublime, nous t’aimons! Nous t’aimons parce que TU ES LA VOIX DE DIEU EN NOUS, la Boussole pure grâce à laquelle nous ne pouvons jamais nous tromper.
Nous t’aimons quand tu nous approuves parce que tu es alors un encouragement à persévérer dans le bon chemin:
Nous t’aimons aussi quand tu nous condamnes, parce que nous sentons que tes reproches sont la marque de l’amour et de la fidélité de notre Dieu.
Si nous souffrons au premier abord et que ce que tu dis nous est pénible à entendre, néanmoins nous t’en bénissons, nous te sommes reconnaissants de tes reproches et nous marchons, même si notre cœur saigne, dans le sentier que tu ouvres devant nous.
Ô Dieu! garde-nous de ne jamais faire taire en nous cette voix bénie! Mais que, chaque jour plus difficiles envers nous-mêmes, nous apprenions à obéir dans les moindres détails aux saintes exigences de notre conscience purifiée, éclairée par le Saint-Esprit et rendue toujours plus délicate.
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Lecteur de ces lignes, que fais-tu de ta conscience?
Obéis-tu à sa voix ou l’as-tu étouffée chaque fois qu’elle te condamnait jusqu’à ce que tu aies rendu ton âme insensible à ses avertissements?
Prends garde alors! Tu es sur un chemin mortel!
Rien n’est plus dangereux que la situation d’un homme qui n’a plus conscience qu’il fait mal ou qui a tellement faussé cet instrument si délicat — don merveilleux d’un Dieu tout amour — qu’aujourd’hui il ne donne plus que des indications fausses.
«Malheur à celui qui appelle le bien mal et le mal bien», dit l’Écriture, et les hommes, même les plus incrédules, sont sur ce point d’accord avec Dieu:
Il n’y a plus d’espoir pour celui chez qui le sens moral est atrophié
et qui ne sait plus discerner le bien du mal.
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«Réveille-toi, toi qui dors, réveille-toi d’entre les morts et Christ t’éclairera!»
Secoue ce sommeil léthargique avant qu’il ne soit mortel; viens à Christ qui ressuscitera ton âme.
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N’as tu pas rencontré parfois, ami lecteur, sur ton chemin, dans la rue ou ailleurs, un homme au regard soucieux, à l’air sombre, marchant à la dérobée les poings crispés?
Pourquoi cette attitude?
C’est que la conscience de cet homme lui parle. Le souvenir de son péché le hante. Misérable, le remords le ronge. Son passé, qu’il croyait à jamais enseveli, s’est dressé sur son chemin.
Personne ne connaît sa mauvaise action pourtant; mais la conscience est là qui veille! Il a beau vouloir la fuir, chercher à s’étourdir dans les plaisirs, essayer d’oublier, peine perdue!
Comme un fantôme, son péché s’attache à lui.
Où que ce soit qu'il porte ses pas, toujours et partout, de jour et de nuit, il est obsédé par le remords. Il voit comme dans un rêve sa jeunesse perdue, sa vie gaspillée, le temps où, sur les bancs de l’école, il faisait de beaux plans d’avenir! Il était simple et pur, rêvait d’être bon et utile; mais un jour la tentation s’est présentée sur son chemin sous des dehors séduisants; des amis l’ont invité à les suivre. Il hésitait, il se sentait coupable d’obéir à ces appels.
IL SAVAIT QU’IL FAISAIT MAL, mais le respect humain, un stupide orgueil, — l’orgueil n’est il pas toujours stupide — a retenu le «non» qui montait à ses lèvres.
Pour ne pas déplaire à ses camarades ou être l’objet de leurs risées, il a étouffé une première fois la voix de sa conscience.
Le diable, du reste, s’y est pris adroitement. «Une fois n’est pas coutume! lui a-t-il dit. D’ailleurs, tu es trop jeune pour te faire ermite. Il faut pourtant être de son temps! Essaye seulement pour voir!»
TROP LÂCHE POUR GAGNER CETTE PREMIÈRE VICTOIRE qui eût rendu le triomphe futur plus facile, il a cédé et depuis lors.....
* * *
N’allez pas plus loin, dis-tu. Cette histoire est la mienne. Mon péché m’accable, le souvenir du passé est une torture continuelle! Mais, que faire? Je ne puis pas le revivre!
Non, en effet, lu ne peux reprendre les années écoulées. Elles sont inscrites pour jamais au Livre de ta destinée, mais il y a pourtant un remède à cet état de chose:
Le sang de Jésus-Christ qui purifie de tout péché.
À une condition pourtant:
LE REPENTIR SINCÈRE ET L’ABANDON DU PÉCHÉ CONNU.
Regrettes-tu ton passé honnêtement?
Autre chose, est d’être dévoré par le remords ou animé d’un repentir vrai.
Détestes-tu ton péché, es-tu prêt à t’en humilier devant Dieu et devant les hommes qui t’ont vu le commettre et à le délaisser pour jamais?
Si oui, bon courage, mon frère! Il y a espoir pour toi auprès de Celui qui a dit:
«Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi»
«J'habite dans les lieux élevés et dans la sainteté dit l’Éternel, Mais je suis avec l’homme contrit et humilié».
Afin de ranimer les esprits humiliés, Afin de ranimer les cœurs contrits.
Tu l’entendras alors te dire:
«J'ai vu tes voies et je te guérirai»
Comme le prophète du temps passé, le charbon ardent touchera tes lèvres, l’ange prononcera sur toi ces paroles:
«Ton iniquité est enlevée et ton péché est expié».
Un cœur nouveau sera désormais ton partage. Chaque jour de ta vie, tu marcheras en vêtements blancs. L’allégresse et la louange déborderont de ton âme et tu ne pourras t’empêcher de t’écrier dans l’élan de ta reconnaissance:
«Que dirai-je? Il m’a répondu et il m’a exaucé.
Je marcherai humblement jusqu’au terme de mes années.
Seigneur, c’est par tes bontés qu'on jouit de la vie,
C'est par elles que je respire encore;
Tu me rétablis, tu me rends la vie.
Voici, mes souffrances mêmes sont devenues mon salut.
Tu as pris plaisir à retirer mon âme de la fosse du néant,
Car tu as jeté derrière Toi tous mes péchés!»
En avant 1910 06 11
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