L’IDÉAL
Ici-bas être deux, c’est le rêve suprême.
Être deux, c’est l’espoir sublime de l’amour:
Pour Lui ouvrir son cœur tendre à celle qu’il aime,
Pour Elle, se donner toute à lui pour toujours.
Et lorsque l’union sainte devient féconde,
Lorsque de beaux enfants, divins présents des cieux
Remplissent la maison d’allégresse profonde
Et du rayonnement doux et pur de leurs yeux,
Alors, c’est l’Idéal qui règne sur la terre.
Elle et Lui chaque jour ne forment qu’un seul cœur;
Ils poursuivent en paix une œuvre solitaire,
Le bonheur est le fruit de leur amour vainqueur.
Mais ici bas souvent le beau rêve s’efface!
Être deux et souffrir par le mal terrassés
Est la réalité saisissante qui passe
Entre ceux qui s’aimaient et qui les a blessés!
Des enfants souffreteux remplissent la chaumière
Où sourires et chants sont absents, où les pleurs
Coulent de tous les yeux, la chambre est sans lumière,
On sent gémir les cœurs sous de grandes douleurs.
Ce n’est pas l’Idéal qui règne dans ces vies:
Le mal sanglant et dur y domine en vainqueur,
Dieu seul peut remplacer dans ces âmes meurtries
Tous les maux, par l’amour et par la paix du cœur.
Écrit en contemplant la belle gravure du journal En Avant, du 2 avril 1910, portant pour titre: Voilà l’Idéal.
Fontenay-le-Comte (Vendée).
À ma chère tante Amélie Peyron.
Charles Godin.
En avant 1910 06 04
Table des matières |